Joxe Louis
Louis Joxe (né le 16 septembre 1901 à Bourg-la-Reine dans le département de la Seine, mort le 6 avril 1991 à Paris) est un homme politique français. Louis Joxe est le
père du sociologue et chercheur en géopolitique Alain Joxe, de l’homme politique Pierre Joxe et le gendre de Daniel Halévy. Agrégé d'histoire et de géographie, il fait un bref passage dans
l’enseignement à Metz de 1925 à 1927, puis devient journaliste à la revue de politique française et internationale l'Europe nouvelle. En 1932, il entre au cabinet de Pierre Cot, secrétaire d’État aux Affaires étrangères et ministre de l’Air. Il est inspecteur des services étrangers de
l’agence Havas (future AFP) en 1935. Il fonde la même année, le Centre d'études de politique étrangère, structure universitaire qui servira plus tard de base à la création de l'Institut français
des relations internationales. Révoqué par le gouvernement de Vichy en 1940, il enseigne au lycée d’Alger et oeuvre au sein de la résistance antivichyste.
Charles de Gaulle le nomme secrétaire général du Comité français de la Libération nationale (1942-1944),
secrétaire général du Gouvernement provisoire de la République française (1946), et il organise donc depuis le Lycée Fromentin d'Alger qui accueille provisoirement l'exécutif, puis Matignon la
restauration de l'État républicain. Il reprend ensuite la carrière diplomatique au ministère des Affaires étrangères comme directeur général, ambassadeur (à Moscou en 1952, à Bonn en 1955) et
secrétaire général du Quai d'Orsay (1956). Élevé à la dignité d’ambassadeur de France en 1959, il est ministre sans interruption de juillet 1959 à mai 1968 dans les gouvernements de Michel Debré
et Georges Pompidou. Secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargé de la fonction publique du 24 juillet
1959 au 15 janvier 1960, il aura en charge l’Éducation nationale (du 15 janvier au 22 novembre 1960), les Affaires algériennes (du 22 novembre 1960 au 28 novembre 1962) — à ce titre il mène la
négociation avec le FLN (voir accords d'Évian), qui conduit à l'indépendance le 19 mars 1962.
À nouveau ministre de l'Éducation nationale, par intérim, du 15 octobre au 28 novembre 1962 après la démission de Pierre Sudreau, la ministre de la Réforme administrative (du 28 novembre 1962 au 1er avril 1967) et Garde des sceaux,
ministre de la Justice (du 6 avril 1967 au 31 mai 1968). Il est député UDR du Rhône de 1967 à 1977. Le président de l'Assemblée Nationale Edgar Faure le nomme, le 22 octobre 1977, membre du Conseil constitutionnel pour y remplacer Henri Rey qui vient de
décéder, puis Jacques Chaban-Delmas le confirme le 12 février 1980 à ce poste pour un mandat complet, qui
s'achève en février 1989. Ministre d’État des Affaires algériennes durant les neuf mois qui suivirent l'indépendance, sa gestion du rapatriement en métropole des pieds noirs et des harkis lui
sera vivement reprochée par des historiens. Auteur notamment de la directive ministérielle du 15 juillet 1962 stipulant : « Je vous renvoie, au fur et à mesure, à la documentation que je reçois
au sujet des supplétifs. Vous voudrez bien faire rechercher, tant dans l'armée que dans l'administration, les promoteurs et les complices de ces entreprises de rapatriement, et faire prendre les
sanctions appropriées.
Les supplétifs débarqués en métropole, en dehors du plan général, seront renvoyés en Algérie, où ils devront rejoindre, avant qu'il ne soit statué sur leur destination définitive, le personnel
déjà regroupé suivant les directives des 7 et 11 avril. Je n'ignore pas que ce renvoi peut-être interprété par les propagandistes de la sédition, comme un refus d'assurer l'avenir de ceux qui
nous sont demeurés fidèles. Il conviendra donc d'éviter de donner la moindre publicité à cette mesure ». Cette décision a pour conséquence de laisser les harkis aux mains du nouveau pouvoir
algérien sans leur laisser la possibilité d'échapper aux premiers massacres qui suivent immédiatement l'indépendance de l'Algérie. L'historien Pierre Vidal-Naquet concluant à ce propos dans le quotidien Le Monde : « Ce n’est pas par hasard si les harkis sont
si peu nombreux à s’être réfugiés en France, des ordres ont été donnés pour éviter un afflux massif … ». L'abandon des harkis par l'État français et les consignes données par les pouvoirs publics
de n'effectuer aucun rapatriement massif de supplétifs ont été considérés par Maurice Allais comme « une des plus grandes ignominies, une des plus grandes hontes de toute l'Histoire de France ».
De même, Dominique Schnapper, fille de l'intellectuel français Raymond Aron, écrira « L'épisode des harkis
constitue une des pages honteuses de l'histoire de France, comme l'ont été l'instauration du statut des Juifs ou la rafle du Vel d'Hiv ».