Le Parti populaire français ou PPF (1936-1945), fondé et dirigé par Jacques Doriot, était le principal parti politique fasciste français en 1936-1939 et l’un des deux principaux partis collaborationnistes en 1940-1944, avec le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat.
Le Parti populaire français est créé en juin 1936 par Jacques Doriot (ancien chef des Jeunesses communistes (JC) (1923), député (1924), membre du comité central du Parti communiste français (PCF), maire de Saint-Denis (1931). Exclu du PC en août 1934 car favorable à une alliance avec la SFIO avant que celle-ci ne soit autorisée. Il était également le principal rival de Maurice Thorez. Au niveau des chefs comme de celui des militants, les deux plus forts contingents de membres du PPF proviennent du Parti communiste français et des ligues nationalistes (notamment des Croix-de-feu lassés de la modération du colonel de La Rocque), de l'Action française, de la Solidarité française et quelques personnes issues du francisme de Marcel Bucard, comme Vauquelin des Yveteaux, chargé de la propagande au PPF. En définitive, « Aux origines du PPF, on retrouve donc les deux courants de la fusion qui caractérise le premier fascisme : l’extrême-gauche révolutionnaire et le nationalisme anti-parlementaire » selon la théorie de Michel Winock. Plus précisément, les premiers dirigeants du PPF seront issus des groupes suivants :
Le PPF connaît un démarrage très rapide en 1936-1937, dopé par l’anticommunisme croissant en réaction au Front populaire. En 1937, Doriot tente alors de s’imposer comme le principal leader nationaliste en constituant un Front de la liberté pour s'opposer au Front populaire, avec le Parti républicain national et social, dirigé par Pierre Taittinger (avatar des Jeunesses patriotes, également dissoutes en juin 1936), le Parti agraire et paysan français de Fleurant Agricola et la Fédération républicaine, l'un des deux grands partis de droite de l'époque. L'Action française, sans y adhérer formellement, en est très proche et soutient les candidats du Front aux élections, notamment aux législatives partielles de 1937, 1938 et 1939. Le rassemblement du Front de la liberté échoue en grande partie par des intérêts contradictoires entre les partis participants ainsi que par la question que pose le Parti social français dont l'affaiblissement est le véritable objectif du Front de la liberté.
Le PPF va ensuite intégrer de plus en plus de militants issus des classes moyennes (au détriment des ouvriers) et des chefs venus de la droite nationaliste (alors que les chefs issus de la gauche dominaient en 1936). Doriot ne va pas, en effet développer un programme communiste national, mais plutôt, sous l’influence des jeunes technocrates, un programme reprenant les idées d’une société technocratique, néo-socialiste et planiste. Le PPF est financé par le grand patronat par l’intermédiaire en particulier de Pierre Pucheu et de Gabriel Leroy-Ladurie (directeur de la banque Worms). La haute banque est très présente : « dont la Banque Vernes, la banque Rothschild Frères, la Banque L. Louis-Dreyfus, la Banque Lazard, la BNCI et la Banque de l'Indochine ».
Jusqu'en 1938, la direction du PPF se garde de verser dans l'antisémitisme, expliquant que le parti a mieux à faire que s'en prendre aux Juifs, ou a fortiori de les défendre — tout en laissant les sections algériennes et marocaines développer un antisémitisme raciste et virulent. Mais à partir de l'automne de cette année-là, les positions évoluent rapidement : l'influence du nazisme et des éléments les plus durs du fascisme italien s'affirme. En 1938, une affiche du PPF appelle Daladier, au nom des « Nationaux » qui le « soutiennent », à procéder à « la dissolution du Parti communiste ». Le succès du PPF semble cependant n’être qu’un feu de paille, ceci pour deux raisons : En 1938, le PPF appelle de se vœux une alliance franco-allemande contre l'URSS et sombre parallèlement dans l'antisémitisme dont il était exempt à ses débuts. De fasciste, le PPF devient de plus en plus pro-nazi. Sa position « pacifiste » (au nom de l’internationalisme fasciste !) ne cache même pas son soutien à l’Allemagne nazie, ce qui entraîne, en 1938-1939, la démission d’une très grande partie de l’état-major (Henri Barbé, Paul Marion, Victor Arrighi, Alfred Fabre-Luce, Bertrand de Jouvenel, Drieu La Rochelle (qui part en 1938, mais revient dès 1939), Bertrand de Maud’huy, Pierre Pucheu, Yves Paringaux, Robert Loustau, etc).
De même, le reflux du Front populaire à partir de 1938 entraîne le retrait du soutien du grand patronat, symbolisé par la démission de Pierre Pucheu en 1938. Par conséquent, « À la veille de la guerre, le parti de Doriot est en pleine déconfiture ». En mars 1937, sur 130.000 membres, le PPF aurait compté 35.000 anciens communistes (soit 27% des membres) (Pascal Ory, Les collaborateurs). En fait alors que les anciens communistes sont nombreux en région parisienne, l’extension en province se fait en recrutant des membres des ligues. C'est plus particulièrement net en dehors de l'agglomération parisienne. La section de la Côte-d'Or, jugée représentative de la province, comptait une moitié de militants issus du mouvement de La Rocque, un tiers venus l'Action française, et seulement 10 % venus du Parti communiste ou de la SFIO.
De 1937 à 1939, le bureau politique du PPF, au départ peuplé d’anciens communistes, va de plus en plus accueillir des nationalistes (qui domineront à partir de 1938) :
En 1940, le PPF est interdit, mais Doriot relance son activité politique de plusieurs manières : Il crée un Rassemblement pour la Révolution nationale (RNRN) qui réunit d’anciens communistes passés au PPF : Marcel Gitton (ex-secrétaire du PCF aux côtés du Thorez et Duclos), Jean-Marie Clamamus, Marcel Capron, André Parsal, Marcel Bront, Fernand Soupé, Albert Clément, Émile Nédélec. Mais certains vont le quitter (Clamamus, Capron, Gitton) début 1941 pour créer le Parti ouvrier et paysan français, regroupant plus spécifiquement les communistes collaborationnistes. En octobre 1940, Doriot lance son journal, Le Cri du peuple (qu'il aurait voulu appeler L’Humanité nouvelle) (tirage : autour de 50.000 en moyenne). Le PPF poursuit son activité camouflée au sein d’autres mouvements (Jeunesse, Jeunesses impériales françaises, etc.). Enfin, dès avril 1941, Doriot recrée le PPF, mais c’est sa participation à la LVF qui va permettre d’obtenir une légalisation de la part des Allemands en décembre 1941. Le PPF va alors devenir l’un des deux principaux partis collaborationnistes, grand rival du RNP de Marcel Déat. Tandis que le RNP tente d’unifier les partis collaborationnistes autour de lui, le PPF mène une ligne plus exclusive, centrée sur la forte personnalité de son chef.
Le PPF sera ouvertement antisémite. Une ligne qu’il suit en fait depuis 1938-1939 alors qu’il ne l’était pas à ses débuts (parmi les premiers dirigeants, Abremski était juif ; les grandes banques juives le soutiennent au début autant que les banques protestantes ou les catholiques). La mort accidentelle d’Abremski en 1938 ôtera à Doriot toute inhibition à ce sujet. Jacques Doriot, qui multiplie les gestes de bonne volonté à l'égard des Allemands jusqu’à s’engager personnellement dans la LVF pour aller combattre sur le front russe, n’aura de cesse d’espérer que les Allemands lui confient le pouvoir en France. En vain. Le 4 novembre 1942, il réunit à cet effet à Paris un « Congrès du pouvoir » de 7.200 délégués (qui s’achève par de violents heurts entre les membres du PPF et la police parisienne selon Lambert et Le Marec). Mais les Allemands sont, à ce moment, partisans de la création en France d’un parti unique au sein duquel se fonderaient les mouvements collaborationnistes. Ce sera le Front révolutionnaire national (FRN) dans lequel le RNP jouera un rôle moteur et auquel le PPF refuse de se joindre (hormis Jean Fossati, qui sera exclu du PPF pour cette raison).
En 1943-1944, le PPF tente de se militariser en créant les Gardes françaises, unités de protection contre les attentats sans cesse plus nombreux qui touchent le Parti, ses dirigeants, ses militants et leurs familles. Mais les Gardes françaises seront un échec. Elles ne recevront pas d'armes, ou très peu de la part des Allemands, et ne bénéficieront que très tard d'un entraînement militaire. En 1944, le Parti met sur pied des Groupes d'action pour la justice sociale destiné à protéger les familles des militants et faire la chasse aux réfractaires au STO. Ces groupes vont échapper au contrôle du Parti pour ne plus travailler qu'au profit du Sipo/SD. Mi-août 1944, les membres du PPF se regroupent à Nancy pour échapper aux représailles. Début septembre, ils passent en Allemagne où, le 6 janvier 1945, Jacques Doriot devient – enfin – le chef d’un "Comité de libération de la France" auquel se joignent une partie des personnalités collaborationnistes réfugiées en Allemagne. Jacques Doriot est tué par un avion sur le territoire de la commune de Menningen, le 22 février 1945. Jeunesses populaires françaises : en mai 1942, le PPF fédère les organisations de jeunesses du PPF ou proches (UPJF, JIF, etc.) au sein des Jeunesses populaires françaises. Chef : Roger Vauquelin des Yvetots (réactionnaire).
zone sud : L’Émancipation nationale. Rédacteur en chef : Maurice-Yvan Sicard (au PPF depuis les années 1930). zone nord : Le Cri du peuple. Rédacteur en chef : Albert Clément (PCF, rédacteur en chef de « La Vie ouvrière » de la CGT de 1929 à 1939. Après 1940 : rallie le PPF. Abattu en 1942 à Paris par des résistants communistes). Les lecteurs y retrouvent aussi les dessins de Dubosc, ancien caricaturiste de L'Humanité. L’influence du PPF est également relayée dans la presse grand public, au Petit Parisien (via Claude Jeantet) (qui tire 500 à 600.000 exemplaires pendant la guerre) et à Paris-Soir (via Pierre-Antoine Cousteau) (Pascal Ory, les Collaborateurs). Membres du PPF collaborationniste : vers 20.000 (Handzourtel et Buffet) ou 30.000 maximum en 1943 (Azéma dans le livre dirigé par Winock). Profil sociologique du PPF collaborationniste : ouvriers, classes moyennes urbaines, réactionnaires. Bien implanté en Afrique du nord. Parti plus jeune, violent, ouvertement fasciste que le RNP.