Bataille de Metz
La bataille de Metz opposa la 1re armée du général Knobelsdorff à la IIIe armée du
général Patton, du 27 août au 13 décembre 1944, durant la Seconde Guerre mondiale. La région de Metz, en Lorraine, a été une terre de combats entre les forces alliées
et les forces allemandes, pendant la Seconde Guerre mondiale. La bataille eut lieu dans la région de
Metz, entre Thionville au nord et Pont-à-Mousson au sud. L’attaque de la ville par la IIIe Armée américaine rencontra une forte résistance de la défense allemande et se solda par de lourdes
pertes pour les deux parties. La ville fut prise le 22 novembre 1944, mais certains forts de Metz ne se rendirent qu'en décembre. La bataille s’est terminée par la victoire des Alliés et par la
reddition des forces allemandes dans le secteur.
À la veille de la Seconde guerre mondiale, Metz est une ville fortifiée, située entre les rivières de la Moselle et de la Seille. Les Forts de Metz forment deux ceintures fortifiées autour de la
ville de Metz, distantes de 3 à 10 km du centre-ville. Ces périmètres fortifiés sont composés de plusieurs forts, ou groupes fortifiés, de postes d’observation et de retranchements
interconnectés. La ville tombe aux mains des forces allemandes en 1940 et le territoire est immédiatement annexé au IIIe Reich. Aux yeux des dignitaires nazis, il ne faisait aucun doute que la
ville de Metz, qui avait donné tant de généraux et d’officiers à l’armée du IIIe Reich, était une ville allemande. La répression allemande, sur la population civile restée attachée à la France,
n’en sera que plus brutale.
Pendant l’occupation, la Wehrmacht ne considère pas la ville de Metz comme un site stratégique et n’hésite pas à
réduire son dispositif défensif, en désarmant la plupart des forts autour de Metz. Toutefois, lorsque les forces alliées commencent à progresser en France, après le débarquement de Normandie,
Metz devient un site stratégique important pour le commandement allemand, qui se met à organiser la défense de la ville, pour tenter de contrôler l’avance des Alliés. À la fin du mois d’août
1944, les forces allemandes réussissent momentanément à contrôler l’avance des Alliés, grâce à des positions défensives, sur l’ensemble du front occidental. Une ordonnance d’Hitler, de mars 1944, ordonne en effet aux commandants des différentes places fortes du Troisième Reich, comme à ceux de la
région messine, de tenir les positions jusqu’au bout, sauf décision exprèsse du Führer.
Le commandant de Metz suit cet ordre à la lettre, dès le début du mois de septembre 1944, face à l’avancée des troupes de la IIIe armée américaine du général George Patton. Devant Verdun, la IIIe armée menace déjà gravement la défense de la région de la Sarre, en Allemagne.
Espérant gagner du temps pour renforcer le front Ouest, le commandement allemand décide de freiner l’avancée de Patton en renforçant les points stratégiques de ce front. Le secteur de Metz relève de la Ière armée allemande, commandée
jusqu’au 6 septembre, par le général Kurt von der Chevallerie, puis par le général Otto von Knobelsdorff.
Le 27 août 1944, la défense de Metz est confiée au général Walter Krause. Il sera remplacé par le général Vollrath Lübbe le 18 septembre 1944, puis par le général Heinrich Kittel, le 14 novembre 1944.
Malgré une première réunion tenue le 24 juillet 1944 dans les souterrains de la kommandantur de Metz sur l’initiative des généraux Schroth et von Poten, et une seconde réunion organisée par le
colonel SS Ernst Kemper le 27 juillet, la défense de Metz n’est pas à l’ordre du jour à Berlin. L’état-major allemand refuse d’envisager le pire et considère que la progression des Alliés peut
encore être contenue sur le front Ouest. Les propositions faites par le commandant de la ville et par Kemper concernant la défense de Metz sont rejetées.
Fin juillet 1944, Metz est la base arrière de :
- l’état-major de la XIIe région militaire ou "Wehrkreis XII, dont le siège administratif est à Wiesbaden, commandée par le General der Infanterie Walter Schroth ;
- l’état-major de la 462e division de réserve, future 462. Volks-Grenadier-Division, sous le commandement du Generalleutnant Krause depuis le 20 juillet 1944 ;
- l’état-major du commandement de la place de Metz, dirigé par le Generalmajor Ernst von Poten ;
- l’école des élèves officiers de la Wehrmacht (Untersturmführer, Standarten-Oberjunker et Standarten-Junker), sous l’autorité du colonel SS Joachim von Siegroth ;
- l’école des transmissions des élèves sous-officiers SS, sous l’autorité du colonel SS Ernst Kemper ;
- l’état-major du service de santé du Wehrkreis XII, depuis le 6 juin 1944 ;
- l’état-major du dépôt central de remonte des territoires de l’Ouest (depuis la fin de 1942, la pénurie d’essence oblige l’armée allemande à assurer son service de place par traction hippomobile) ;
- l’état-major central des services de ravitaillement et d’intendance ;
- l’état-major de réserves générales du service des munitions ;
- l’état-major de la 4e division de chasse aérienne de la Luftflotte 3 du Generalfeldmarschall Hugo Sperrle ;
- l’état-major général du secteur aérien du Wehrkreis XII, basé à Metz-Frescaty, dirigé par le Generalmajor Meier ;
- l’état-major des services de guerre, casernements et fortifications de Metz ;
- l’état-major des services de sécurité du Gau Westmark, comprenant, outre la police et la Gestapo, un régiment de sécurité sous les ordres du SS-Brigadeführer Anton Dunckern.
Le dispositif des services allemands basés à Metz sera maintenu en place, sans changements notables, juqu’à la fin du mois d’août 1944. Après le débarquement de Provence le 15 août 1944, la
situation bascule rapidement en faveur des Alliés sur le front occidental. Le 24 août, le général Schroth est
enfin autorisé à mettre en alerte la 462e division d’infanterie basée à Metz, et stationnée entre Metz et Luxembourg. Metz reçoit l’appui d’éléments du LXXXII. Armeekorps du général d’infanterie
Johann Sinnhuber. À peine intégré à la Ire armée allemande, le LXXXII. Armeekorps tient un large secteur, allant d’Arnaville, au sud de Metz, à Montmédy. Les travaux de défense commencent le 25
août 1944. Des civils sont réquisitionnés pour creuser des tranchées anti-chars.
Le 27 août 1944, la division d’instruction devient une division d’armée en campagne, donc une nouvelle division combattante. À la nouvelle 462e Infanterie-Division, Krause incorpore les 1888
élèves officiers de l’école de Metz (Fahnenjunkerschule VI) ainsi que 1500 soldats de différentes armes de la wehrmacht pour former deux bataillons, dotés de canons et de pièces anti-chars.
L’ensemble, placé sous l’autorité de Siegroth, devint rapidement homogène, et très combatif grâce à la détermination des aspirants. Tous les postes de combat importants, comme les postes de
pointeurs pour l’artillerie, ou ceux d’officiers de liaison sont confiés à des Fahnenjunkers bien instruits. La section d’artillerie de campagne est formée à partir de la section d’artillerie
d’instruction, autour de pièces russes de 76,2 mm prises sur le front de l’Est. L’artillerie de forteresse est réinstallée à la hâte dans les forts situés à l’Ouest de Metz.
L’État-major allemand avait conservé les plans de 1918 et possédait encore les tables de tir nécessaires à l’artillerie de forteresse. Le maître des forges Hermann Röchling qui avait supervisé l’installation des pièces d’artillerie neuves avant 1918 fut ainsi réquisitionné,
avec ses ingénieurs et ses plans originaux, afin de réinstaller les pièces d’artillerie dans leurs tourelles. Les deux bataillons d’infanterie d’instruction, le bataillon d’instruction du génie,
ainsi que la compagnie d’instruction de mitrailleuses lourdes, sont aussi complétés avec des soldats réquisitionnés à Metz. Le régiment de sécurité 1010 du colonel Richter (Sicherungsregiment
1010), arrêté à Metz alors qu’il se repliait, forme directement deux bataillons de trois compagnies, d’environ 500 hommes.
Les 2000 sous-officiers Waffen SS de l’école des transmissions de Metz du colonel Kemper forment un bataillon de
quatre compagnies. Quant aux unités de la Flak de la 9e Flak-Division, elles sont converties en unités anti-chars de 20 mm, 37 mm et 88 mm pour être aussi incorporées à la 462e division. À partir
du 7 septembre 1944, les 2000 élèves « chefs de groupe » de la XIIe région militaire, de l’école de Wiesbaden, viendront renforcer l’effectif de cette division. La plupart de ces sous-officiers
étaient des vétérans du front de l’Est. Ils seront immédiatement placés sur le terrain en deux bataillons, soutenus par deux batteries d’artillerie, dont l’une dotée de pièces autoportées.
L’effectif de la 462e division d’infanterie s’élève à ce moment de la bataille, à près de 14 000 hommes, ce qui représente l’équivalent de quatre divisions américaines.
Du 27 août au 4 septembre, la situation devient confuse et les services allemands, civils et militaires, refluent en nombre vers la Sarre et le Palatinat. Sur ordre du général SS Anton Dunckern, les archives allemandes et les stocks militaires encore en place dans les forts de Metz, notamment au
fort du Saint-Quentin, sont détruits par le feu. Le 31 août 1944, le camp de Woippy est évacué, abandonné par les SS qui en assuraient l’encadrement. Les habitants de Metz attendent maintenant une libération rapide. La IXe armée
américaine organise un bombardement massif des voies de communication entre Pont-à-Mousson et Thionville, dans la journée du 1er septembre 1944. Alors que les forts résistent bien aux bombes
incendiaires, de nombreux dépôts militaires sont touchés. Le dépôt de munitions du bois de l’hôpital notamment, près de Chesny, brûlera pendant près d’une semaine. Le 2 septembre 1944, Metz est
déclarée forteresse du Reich par Hitler. La place forte doit donc être défendue jusqu’à la dernière extrémité par
les troupes allemandes, dont les chefs ont tous prêté serment au Führer.
Dans le même temps, Himmler, qui connaît bien les fortifications du West-Metz pour les avoir inspectées quatre
ans plus tôt, reprend les choses en mains. Himmler, qui avait par ailleurs inspecté l’école des élèves officiers
de Metz le mois précédent, avait déjà insisté, dans son discours, sur la nécessité vitale de freiner l’avance des Alliés, en attendant la production imminente d’une nouvelle arme secrète, la
fusée V2, censée changer le cours de la guerre. Le Reichsführer met donc ses hommes à tous les postes clés des administrations civiles et militaires, et les nazis reviennent en force dans la cité
messine. Le lendemain, le 3 septembre, le général krause, alors commandant de la place forte de Metz, établit son poste de commandement principal ( Oberkommando ) dans la caserne du fort
Alvensleben.
Le fort de Plappeville était en effet situé au centre du dispositif défensif de Metz, avec à l’ouest le fort Manstein ( Girardin ), tenu par le colonel SS Joachim von Siegroth, au nord le fort
Zastrow ( Les Bordes ) tenu par le colonel SS Wagner et au sud le fort Prinz August von Württemberg ( St-Privat ) tenu par le colonel SS Ernst Kemper. Le jour même, les troupes du général Krause
prennent position sur une ligne allant de Pagny-sur-Moselle à Mondelange, en passant à l’ouest de Metz par Chambley, Mars-la-Tour, Jarny et Briey. Le 4 septembre, les bataillons de pionniers de
la 462e division sont chargés de la destruction des ponts routiers et des ponts de chemin de fer, au dessus de la Moselle et à la périphérie de l’agglomération messine.
La première attaque est lancée par la Ve division d’infanterie américaine, commandée par le général de division Leroy Irwin. Lors d’une opération de reconnaissance en direction de la Moselle, des
éléments blindés du XXe Corps américain entrent en contact avec des éléments de la 462e division, le 6 septembre 1944. Les forces américaines, qui n’avaient pas prévu de rencontrer tant de forces
allemandes dans ce secteur du front, commencent alors à se regrouper, en rassemblant leurs unités dispersées. Plusieurs accrochages ont lieu après cette première rencontre. Sous la pression des
troupes américaines, les éléments de la 462e division se replient sur un périmètre plus restreint, allant de Novéant à Hauconcourt et passant par Vionville et Saint-privat. Le sud de Metz est
tenu par le bataillon Berg de l’école des transmissions SS de Metz, qui soutient le bataillon d’instruction Vogt, malmené par les unités américaines de la Ve D.I. américaine dans le secteur
d’Ars-sur-Moselle.
À la droite du bataillon Vogt, le régiment de l’école des élèves officiers de Metz, commandé par Stössel, s’étire entre Gorze et Saint-Privat. Bien équipé en mitrailleuses lourdes et en pièces
d’artillerie de campagne, notamment russes, ce régiment est composé au trois-quarts de junkers ayant combattu sur le front de l’Est et d’un quart de junkers issus des « Jeunesses hitlériennes ».
Sur l’aile droite de ce régiment, dans le secteur de Sainte-Marie-aux-Chênes, est positionné le régiment de sécurité no 1010 du colonel Richter, immédiatement soutenu par le régiment de l’école
des chefs de groupe dont la ligne de front s’étire jusqu’à Maizières-lès-Metz et Hauconcourt.
Les bombes incendiaires étant inefficaces sur les fortifications souterraines ou à demi enterrées de la ceinture fortifiée de Metz, l’armée américaine comprend qu’il faudrait prendre les forts
d’assaut, un à un. Or les forts du secteur sont défendus par des vétérans du Front de l’Est, soldats fortement motivés et déterminés. L'État-major américain préfère donc adopter une tactique
d’encerclement, visant à contourner Metz au nord et au sud de la ville. Testant les défenses du secteur fortifié de Metz, les troupes US tentent d’abord de s’emparer d’une tête de pont au nord de
Metz.
Cette attaque, repoussée par les "chefs de groupe" du colonel Wagner, se solde par un échec. Une percée sera effectuée plus tard, plus au nord, vers Mondelange et Thionville, mais ne sera pas
exploitée par le commandant du XXe corps US. Une seconde opération, dirigée frontalement sur la ville de Metz, se solde aussi par un échec, les patrouilles se heurtant à un mur de feu devant le
fort jeanne d’Arc tenu par les junkers SS de Siegroth. Une troisième tentative des forces américaines permettra toutefois aux Alliés d’établir une tête de pont sur la Moselle, au sud de Metz. Les
6 et 7 septembre 1944, la VIIe division blindée et la Ve division d’infanterie américaines attaquent en effet en force au sud de Metz, dans le secteur allant de Ancy-sur-Moselle à Arnaville sous
le feu des forts Driant sur la rive ouest, Sommy et Saint-Blaise sur la rive est de la Moselle. Les lignes allemandes sont enfoncées dans le secteur de Mars-la-Tour jusqu’à Gravelotte et dans
celui de Chambley jusqu’à la Moselle, de Dornot à Pagny-sur-Moselle. Des soldats de la 5e division d’infanterie américaine réussissent à traverser la Moselle, dans la nuit, dans des conditions
extrêmes, brisant ainsi la résistance allemande dans le secteur de Dornot. Une tête de pont est enfin établie sur la rive est de la Moselle.
Comprenant que les défenses de Metz peuvent non seulement être contournées par le sud, mais aussi prises à revers par l’est, le Generalleutnant Krause quitte le fort de Plappeville pour se rendre
sur place et constater l’étendue du péril. Il demande d’urgence l’appui des Panzers de la 17e Panzer-Grenadier-Division qui se replient depuis quelques jours vers Kaiserslautern. Le 37e SS
Panzer-Grenadier-Regiment appartenant à la célèbre division blindée arrive en hâte de Boulay, entrant immédiatement dans le feu de l’action dans le secteur de Jouy-aux-Arches et
Corny-sur-Moselle, face à la tête de pont américaine de Dornot. La contre-attaque est menée simultanément sur la rive ouest, depuis Ars-sur-Moselle, par le bataillon Berg, formé avec les élèves
SS de l’école des transmissions de Metz intégré à la 462e Infanterie Division. Les combats sont sans pitié et les troupes, tant américaines qu’allemandes, ne font pas de prisonniers.
Le 7 septembre, le Generaloberst Kurt von Einen, chef d’etat-major du XIIIe SS Armee Korps, reçoit l’ordre de tenir à tout prix les positions entre Thionville au nord, et Arry au sud de Metz. Le
10 septembre 1944, après 3 jours de combats acharnés, et 945 tués, blessés ou disparus, les Américains sont finalement rejetés sur la rive ouest la Moselle à Dornot. Alors que les Américains
refluent sur Dornot, les troupes allemandes du groupe fortifié Driant organisent des contre-attaques nocturnes en direction du sud, contraignant les troupes américaines à se retrancher d’abord
sur Ancy-sur-Moselle, puis sur Dornot.
Alors que la tête de pont en face de Dornot est évacuée, les Américains reprennent pied sur la rive ouest de la Moselle dans le secteur d’Arnaville sous la conduite du colonel Yuill, commandant
le Xe Combat Team. Pour la première fois en Europe, l’armée américaine utilise des écrans de fumigènes dans une opération offensive. L’opération menée par le 84e Chimical Engineer Compagnie est
un succès. Le 12 septembre, la contre attaque allemande est prévisible. Le 37e Panzer-Grenadier-Regiment de la 17ème Panzer-Grenadier-Division SS, le 8e Panzer-Grenadier-Regiment et la 103e
Panzer-Abteilung de la 3e Panzergrenadier Division et le 115e Panzer-Grenadier-Regiment de la 15e Panzerdivision sont engagés aux côtés du bataillon Vogt de la 462e Infanterie-Division pour
contenir la tête de pont d’Arnaville. L’artillerie de campagne allemande, soutenue par les batteries des forts Driant ( Kronprinz ) et Verdun ( Haeseler ), pilonne les troupes américaines. De son
côté, l’artillerie américaine répond par un tir de barrage, tirant plus de 5700 salves sur ce secteur. L’aviation américaine du 371e groupe TAC appuie ses troupes au sol, détruisant même, par un
coup au but, une batterie du fort Verdun ( Sommy ) et des batteries lourdes situées près de Mardigny. Les régiments de Panzer-Grenadier et le bataillon Vogt supportent de lourdes pertes. Plus de
dix Panzers et plusieurs half-tracks allemands furent détruits ce 12 septembre 1944.
Pour sécuriser le secteur sud de Metz et contenir les troupes allemandes dans les forts de la ligne fortifiée West-Metz, l’opération Thunderbolt, combinant des attaques aériennes et des attaques
au sol sur les groupes fortifiés messins, est planifiée le 17 septembre 1944. Le groupe fortifié Driant constituera le premier objectif de l’opération. Le 18 septembre, des éléments de la
division Götz von Berlichingen entrent de nouveau en contact avec des unités américaines. Le 20 septembre, le Gauleiter Bürckel déclare la partie sud-ouest du CdZ-Gebiet Lothringen « zone des armées ». Il est par conséquent interdit de
franchir une ligne allant d’Apach au Donon, et passant par Sierck, Courcelles, Faulquemont, et sarrebourg. Malgré de nombreuses contre-attaques sur le secteur et des pertes très élevées, les
troupes allemandes sont obligées de céder du terrain au Xe Combat Team US, reculant vers la Seille. La bataille de Metz semble à ce moment gagnée pour les troupes américaines, qui sont aux portes
de Metz. Mais, le 24 septembre 1944, la IIIe armée du général Patton doit arrêter son offensive sur Metz, assurer
les positions défensives sur son secteur et se porter sur la frontière hollandaise où la situation devient critique. Contre toute attente, le siège de Metz se poursuit.
Le 26 septembre, les chasseurs bombardiers du 19e Tactical Air Force effectuent un raid aérien sur les forts de Metz, larguant des bombes au napalm de 500 kg. Mais les fortifications bétonnées et
enterrées résistent bien à cette attaque aérienne surprise. Le lendemain, le 27 septembre, les obusiers de 240 mm du 19e Field Artillery Batallion prépare le terrain à deux compagnies d’assaut du
11e Infantry Regiment, dans le secteur du groupe fortifié Driant. Face aux troupes allemandes, exploitant au mieux le terrain et les fortifications, les troupes américaines n’arrivent pas à
franchir les réseaux de fil de fer barbelé du groupe fortifié et se replient en fin de journée. Avant le 30 septembre, deux nouveaux raids aériens se montreront inefficaces pour déloger les
soldats allemands, qui se terrent pendant les raids, et retrouvent leurs postes de combat aussitôt après. À la fin du mois de septembre, une partie des forces allemandes positionnées au nord est
déplacée dans le secteur sud de Metz pour contenir l’offensive américaine.
Le 3 octobre 1944, les troupes américaines arrivent à prendre l’une des cinq casernes du groupe fortifié Driant. Les combats se poursuivent maintenant en surface et dans les tunnels de
communication reliant les bunkers les uns aux autres. Le 4 octobre 1944, à la Bayernkaserne, Franz Schubert,
Kreisleiter de Metz, réquisitionne des terrassiers ou Schanzarbeiter pour creuser des tranchées anti-chars. Les civils réfractaires sont considérés comme des déserteurs et encourent la peine
capitale. Certains de ces Schanzarbeiters seront enrôlés de force dans le Volkssturm, et seront contraints de porter les armes. Le 6 octobre, les troupes du 11e Infantry Regiment assiégeant
toujours le groupe fortifié Driant, sont relevées par le premier bataillon du 10e Infantry regiment. Face à ces troupes fraîches et bien armées, les soldats allemands, encadrés par des junkers à
la discipline de fer, tiennent tant bien que mal leurs positions.
Les blessés et les morts se comptant maintenant par dizaines dans le fort, le moral est au plus bas. Croyant bénéficier d’une supériorité matérielle écrasante, les troupes américaines lancent une
nouvelle attaque le 7 octobre. Les combats sont acharnés, les soldats allemands se défendant pied à pied, avec l’énergie du désespoir. Dans un dernier effort, ils repoussent l’attaque américaine
en surface et font des prisonniers dans les souterrains de communication. Devant ce nouvel échec cuisant, le général Gay décide d’abandonner l’offensive sur le groupe fortifié Driant et fait
prudemment évacuer ses troupes dans la nuit du 12 au 13 octobre, après avoir fait piéger les accès avec 3 000 kg d’explosifs.
Un certain nombre de soldats de la Wehrmacht se retirent en bon ordre de Metz en direction de la Sarre. Suite à ce nouveau déploiement, le XIIe Corps américain décide de lancer une nouvelle
attaque, attaque durement contrée par les défenseurs allemands. Pour son engagement au cours de ces combats, le colonel Siegroth obtient la Croix de chevalier de la Croix de fer le 18 octobre
1944. Peu après, il fait créer l’insigne de bras « Metz 1944 » pour « rappeler la défense héroïque de la forteresse de Metz, contre un adversaire supérieur en nombre et en matériel ». Le 19
octobre, le décret d’Hitler du 25 septembre 1944 appelant la levée en masse des hommes de 16 à 60 ans entre en
vigueur dans le « CdZ-Gebiet Lothringen ». L’institution du Deutscher Volkssturm est applicable deux jours plus tard, le 21 octobre. Le SA-Gruppenführer Caspary a pour mission de lever 12
bataillons dans le Gau Westmark. Placé sous l’autorité de Vollrath Lübbe, ces bataillons doivent notamment renforcer la 462e Volks-Grenadier-Division engagée dans la bataille. L’incorporation
aura lieu à la Bayern-kasern de Metz, à partir du 1er novembre 1944.
Dans le secteur sud, échaudées par les derniers combats, les troupes américaines se limitent, dans la deuxième quinzaine d’octobre, à des attaques ponctuelles et à des patrouilles de
reconnaissance dans la région de Metz. Profitant de ce répit dans l’offensive, plusieurs unités du XXe Corps américain s’entraînent au combat de forteresse. Des éléments de la 5e Infantry
Division notamment s'entraînent une dizaine de jours, dans le secteur de Joppécourt-Errouville-Morfontaine, aux techniques de combats rapprochés en zone fortifiée. Pour expérimenter des méthodes
offensives permettant de réduire les défenses des groupes fortifiés, un programme de formation spécial avait été rapidement mis en place.
Plus au nord, malgré le soutien de l’artillerie qui pilonne systématiquement le secteur, la 90e D.I. américaine piétine devant Maizières-lès-Metz depuis le 17 septembre. Les soldats du 1216e
régiment de la 462e Volks-Grenadier-Division tiennent en effet solidement les positions en se terrant dans des abris de fortune. Face à cette résistance opiniâtre, la 90e D.I. fait appel à
l’aviation. Celle-ci bombarde à plusieurs reprises le secteur, réduisant le vieux village à quelques ruines éventrées et à des amas de pierres. Les pertes allemandes sont très lourdes, mais les
soldats tiennent les positions. Pour déloger ces derniers combattants, les troupes américaines lancent une dernière offensive. Après un dernier pilonnage d’artillerie, les soldats américains se
jettent en masse sur Maizières, nettoyant les derniers foyers de résistance au bazooka et au lance-flammes. Le 27 octobre 1944, l’ancienne mairie est prise. Les 28 et 29 octobre, les dernières
poches de résistance tombent. Le 30 octobre, le général Patton peut visiter les ruines de Maizières et savourer sa
victoire. Les verrous nord et sud de Metz étant tombés, le commandement américain décide d’attaquer la ligne arrière de Metz, en contournant la ville par l’est.
Un bataillon de Volkssturmmänner, comptant environ 400 hommes, est intégré au dispositif de défense de la ville. Ce bataillon se compose essentiellement d’anciens fonctionnaires de police et de
vétérans de 14-18 âgés de plus de 45 ans, mais aussi de jeunes de la Hitlerjugend âgés de moins de 18 ans, et de réfractaires de l’armée allemande. La capacité de combat de ce bataillon étant
considérée, par le commandement allemand, comme nulle et sa fidélité très réduite, les hommes du Volkssturm « Metz » sont placés sous l’autorité d’un Major de l’Ordnungspolizei et relégués à des
tâches de maintien de l’ordre et de défense passive. Du côté des Alliés, grâce aux tactiques élaborées pendant la formation au combat de forteresse, les forces américaines prennent une partie des
fortifications de la seconde ceinture fortifiée de la ville, le 3 novembre 1944.
Le 7 novembre, en guise de prélude à l'offensive sur Metz, pas moins de 1 300 bombardiers lourds déversent des centaines de tonnes d'explosifs et de napalm sur les ouvrages fortifiés et les
points stratégiques situés dans la zone de combat de la IIIe armée. Le 8 novembre, l’étau autour de Metz se resserre, avec la 95e division d’infanterie au nord et la 5e division d’infanterie au
sud. Les fonctionnaires allemands fuient dans la nuit du 11 au 12 novembre et la Gestapo transfère vers la Sarre et le Palatinat les derniers prisonniers politiques, arrêtés depuis le 4
septembre. Le 14 novembre, le generalleutnant Heinrich Kittel est nommé commandant des forces allemandes. Le 15
novembre, le 377e R.I. entre au nord de Metz dans Woippy, avant d'être stoppé par les tirs des forts Déroulède ( Kameke ), Gambetta ( Hindersin ), et St Julien ( Manteuffel ). Au sud-est de Metz,
des éléments du 38e SS-Panzergrenadier-Regiment contre-attaquent en vain en direction de Courcelles le 16 novembre.
La 5e Division américaine tient ses positions, prenant en tenailles les troupes allemandes de ce secteur. Le 10e R.I. de la 5e division rentre dans Borny, après avoir encerclé le fort de Queuleu.
Plus au sud, le 11e R.I. de la 5e division américaine encercle le groupe fortifié Verdun ( Haeseler ), prend Augny, avant de se heurter à une forte résistance au niveau du terrain d’aviation de
Metz–Frescaty. Les allemands défendent avec pugnacité les hangars et bunkers du terrain d’aviation, puis se replient sur le fort Saint-Privat ( Wurttemberg ). Le fort Saint-Privat, quartier
général de Von Matzdorf quasi imprenable, est finalement encerclé dans la soirée. Le général Kittel décide de
faire sauter un à un les ponts reliant l'île Saint Symphorien, l'île du Saulcy et celle de Chambière, afin d'entraver l'entrée des troupes américaines. Le 17 novembre, les forces américaines,
ayant réussi à isoler la plupart des forts de la ceinture fortifiée extérieure, attaquent maintenant la ville de Metz. Les FFI sortent enfin de l’ombre.
Voulant stopper l'avancée des troupes américaines sur la Moselle, les artificiers de la 462e Volks-Grenadier-Division dynamitent, dans la journée du 18 novembre, le pont du sauvage, entre
Longeville et l'île Saint-Symphorien, envoyant par le fond une section d'assaut du 378e R.I. de la 95e division américaine. Le régiment américain, épaulé par une section de tanks, est maintenant
bloqué sur la rive gauche de la Moselle. Le 379e R.I. s’arrête aussi devant le pont détruit de Moulins-Lès-Metz, recevant l’ordre de surveiller sur place les troupes allemandes des forts Driant
et Jeanne d’Arc, afin de ne pas être pris à revers. Mais si les américains piétinent, ils sont maintenant, au grand soulagement des Messins, aux portes de la cité.
Le 19 novembre, la situation devenant critique pour les défenseurs allemands, le central téléphonique de la poste principale de Metz est dynamité par les artificiers de la 462e
Volks-Grenadier-Division. La 5e division d’infanterie américaine attaque en effet les forts Lauvallières ( i-werke Belle-Croix ) et de Saint-julien (Manteuffel) qui finissent par se rendre. À
l'ouest de Metz, les forts résistent mieux. Les attaques de la 95e division contre les forts de Plappeville, du Saint-Quentin et de Jeanne d'Arc échouent malgré l'appui de l'artillerie. Au sud,
le 11e R.I. de la 5e division d’infanterie nettoie maintenant les faubourgs de Montigny-les-Metz, alors que le 10e R.I. se charge à l'est des quartiers de Queuleu et du Sablon. Peu de temps avant
l’arrestation de Dunckern, et celle de Kittel, l’état-major américain fait diffuser des tracts évoquant
l’arrestation du colonel Mayer afin d’inciter les soldats allemands à se rendre en masse. Dans la nuit du 19 au 20 novembre, le SS-Brigadeführer Anton Dunckern, chef de la Gestapo de Metz, est capturé par les troupes de Patton.
Le 21 novembre 1944, le général Kittel, blessé dans la caserne de Riberpray, est à son tour capturé, près de
l’hôpital Belle-Isle. Bien que l’ensemble de la ville soit maintenant libérée par les forces américaines, les autres forts isolés au nord et à l’ouest de la ceinture fortifiée de Metz continuent
à tenir les positions, conformément à l’ordre d’Hitler. Une nouvelle attaque sur les forts de Plappeville et du
Saint-Quentin échoue, malgré la prise des deux batteries avancées situées entre les deux forts. Une attaque aérienne sur les forts est annulée le jour même, l'objectif principal de la division
étant maintenant la ville de Metz. À Metz, après une dernière escarmouche dans le quartier Saint-Vincent, entre la préfecture et la caserne de Riberpray, les hostilités cessent officiellement le
22 novembre 1944.
Afin de préserver les stocks américains d’armement et de munitions, et surtout d’éviter des pertes inutiles, le commandement américain décide de ne plus attaquer de front les forts tenus par les
troupes allemandes. L’utilisation de tirs de barrage, destinés à pousser les assiégés à se rendre, est donc privilégiée. C’est ainsi que les 2650 soldats allemands occupant encore, au moment de
la chute de Metz, les forts situés au sud et à l’ouest de Metz, c’est-à-dire les groupes fortifiés Verdun, Driant, Jeannne-d’arc, et les forts St-privat, du St-Quentin, et de Plappeville fixent
pas moins de 9000 soldats américains. Après la chute des forts de Bois-la-Dame, de Marival et de Saint-Hubert, le groupe fortifié Verdun (Feste Haeseler) se rend cependant à son tour, à court de
vivres et de munitions, le 26 novembre 1944. L’ancien fort Saint-Privat (Prinz August von Württemberg), commandé par le SS-Sturmbannführer Werner Matzdorff, tombe à son tour le 29 novembre
1944.
Au début du mois de décembre, plusieurs forts encerclés par les troupes américaines tiennent toujours. Le groupe fortifié du Saint-Quentin ( Feste Prinz Friedrich-Karl ) tenu par le colonel Von
Stössel, qui comptait encore 600 hommes, et le fort de Plappeville ( Feste Alvensleben ) commandé par le colonel Vogel, qui en comptait encore 200, se rendent finalement les 6 et 7 décembre 1944,
à la 5e division d’infanterie du général Irwin, deux semaines après la reddition des troupes allemandes à Metz. Le fort Driant ( Feste Kronprinz ) commandé par le colonel Richter, et ses 610
officiers et hommes de troupe, se rend à son tour le 8 décembre 1944. Il est suivi bientôt par le fort Jeanne d’Arc ( Feste Kaiserin ), tenu par les 500 hommes du Major Hans Voss, le 13 décembre
1944. Le dernier fort aux mains des troupes allemandes - le fort Jeanne d’Arc - tombe ainsi après trois mois de siège. Pour conclure, bien que la bataille se fût soldée par la reddition des
troupes allemandes de Metz, elle permit à l’armée allemande de se retirer en Sarre, en bon ordre, pour y organiser une nouvelle ligne de défense sur la ligne Siegfried.