Buber-Neumann Margarete
Margarete Buber-Neumann (née Thüring le 21 octobre 1901 à Potsdam et morte le 6 novembre 1989 à Francfort) est une écrivaine allemande. Militante communiste, elle survécut aux camps du Goulag en Union soviétique et aux camps de concentration nazis en Allemagne et témoigna de son expérience dans plusieurs livres.
Carrière
Dans les années 1920, Margarete Thüring adhère au Parti communiste d'Allemagne. Elle épouse Rafael Buber, fils du philosophe Martin Buber et communiste. Elle devient en 1928 employée d'Inprekorr. Le couple Buber a deux filles, puis divorce en 1929. Elle vit ensuite avec Heinz Neumann, l'un des leaders du Parti communiste allemand. En 1932, Heinz Neumann s'oppose à Staline sur la stratégie à suivre vis-à-vis du parti nazi et est mis à l'écart. Le couple est toutefois envoyé en Espagne par le Komintern. Avec l'arrivée des nazis au pouvoir, ils doivent se réfugier à Moscou, où ils arrivent en 1935.
En avril 1937, Heinz Neumann est victime des Grandes Purges staliniennes et est porté disparu. Margaret Buber-Neumann est arrêtée à son tour en juin 1938 par le NKVD. Lors d'un simulacre de procès, elle est accusée d'activités contre-révolutionnaires, condamnée à cinq années d'emprisonnement dans un camp de travail et déportée à Karlag, goulag de Karaganda, au Kazakhstan, où elle passe deux années dans des conditions atroces. En 1940, lorsque Staline livre à l'Allemagne nazie les communistes allemands réfugiés en Union soviétique, Margarete Buber-Neumann est extradée, après deux années de goulag. Elle est remise à la Gestapo sur le pont de Brest-Litovsk et internée au camp de concentration de Ravensbrück. Elle y passe cinq ans.
Elle s'y lie d'amitié avec l'ethnologue française Germaine Tillion. C'est aussi à Ravensbrück qu'elle se lie d'amitié avec la journaliste tchèque Milena Jesenská, correspondante de Franz Kafka, qui meurt d'épuisement en 1944 et dont elle écrira la biographie. « Je remercie le sort, écrit-elle, de m’avoir conduite à Ravensbrück car j’y ai rencontré Milena. » Buber-Neumann est également la secrétaire de Johanna Langefeld. En avril 1945, confrontée à l'avancée de l'Armée rouge, la direction du camp libère un grand nombre de détenues. Margarete Buber-Neumann entreprend un périple à pied, à travers l'Allemagne, pour éviter l'armée soviétique, et rejoint sa famille à Thierstein en Bavière.
En 1949, elle témoigne lors du procès Kravtchenko et son récit, qui établit un parallèle entre camps soviétiques et camps nazis, représente l'un des temps forts du procès, car, pour la première fois, un témoin rescapé d'un camp de déportés politiques soviétique portait un témoignage direct. La défense de la revue communiste Les Lettres françaises tentera de discréditer son témoignage en présentant son mari, Heinz Neumann, militant antifasciste et ancien de la guerre d’Espagne, comme pro-hitlérien.
Par la suite, entre la première instance et l’appel, une intense campagne est menée à l’échelle internationale contre son témoignage. Elle est membre de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne en 1975. Elle est enterrée au cimetière principal de Francfort. « Margarete Buber-Neumann nous apparaît comme le témoin exemplaire du mal qui a dominé la vie politique de l'Europe, le totalitarisme […] On sort de la lecture de ses livres un peu plus confiant dans les ressources de l'espèce humaine. » — Tzvetan Todorov
Publications
- Prisonnière de Staline et d'Hitler : déportée en Sibérie, vol. I, Paris, Seuil, 1949 (ISBN 978-2020101561, 2-02-063902-5 et 2-02-002062-9).
- Prisonnière de Staline et d'Hitler : déportée à Ravensbrück, vol. II, Paris, Seuil, 1988 (ISBN 978-2020251563, 2-02-025156-6 et 2-02-010183-1).
- La révolution mondiale. L'histoire du Komintern (1919-1943) racontée par l'un de ses principaux témoins, Paris, Casterman, 1971 (ASIN B001D32D1W et B0000DVMCE) — Lilly Marcou, Recension, dans Revue française de science politique, 1972, vol. 22, no 3, p. 612–614.
- Milena, coll. « Fiction & Cie », Paris, Seuil, 1986 (ISBN 978-2020090315, 2-02-009031-7, 2-02-033035-0 et 2-02-012190-5)