Les Einsatzgruppen (Unités mobiles d'extermination)
published 10/06/2013 at 09:11
Membres d'un Einsatzkommando (unité mobile d'extermination) peu avant l'exécution d'un jeune juif. Les membres assassinés de sa famille sont étendus devant lui. Les hommes à gauche sont d'origine allemande et assistent le peloton. Slarow, Union soviétique, 4 juillet 1941.
Les Einsatzgruppen (unités mobiles d'extermination) étaient des escadrons composés principalement de SS et de
policiers allemands, qui agissaient sous le commandement d'officiers de la Police de sûreté (Sicherheitspolizei-Sipo) et
du Service de sécurité (Sicherheitsdienst-SD). Ils avaient, notamment, pour mission d'exterminer les personnes qui étaient considérées comme des ennemis
politiques ou raciaux et qui se trouvaient derrière les lignes de combat allemandes en Union soviétique occupée.
Parmi leurs victimes, on compte des Juifs, des Tsiganes ainsi que des fonctionnaires de l'Etat soviétique et des dirigeants du Parti communiste. Les Einsatzgruppen assassinèrent également des milliers de handicaps physiques et mentaux placés en institution. De
nombreux chercheurs pensent que le massacre systématique des Juifs d'Union soviétique par les bataillons d'Einsatzgruppen et de la Police
d'ordre (Ordnungspolizei) constitua la première étape de la “Solution finale”, le programme nazi
d'extermination de tous les Juifs européens.
Lors de l'invasion de l'Union soviétique en juin 1941, les Einsatzgruppen suivirent l'armée allemande jusqu'au
cœur du territoire soviétique. Les Einsatzgruppen, s'appuyant souvent sur la police et des civils locaux,
procédèrent à des opérations d'extermination de masse. Alors que plus tard les Juifs seraient déportés de leurs villes ou ghettos vers des centres de mise à mort, les Einsatzgruppen allaient directement dans les communautés juives et massacraient les habitants.
L'armée allemande apportait un soutien logistique aux Einsatzgruppen, fournissant approvisionnement, transport,
logement et occasionnellement de la main d'oeuvre pour garder et transporter les prisonniers. Au début, les Einsatzgruppen exécutèrent surtout des hommes juifs. Mais à partir de la fin de l'été 1941, ils tuèrent aussi bien des
hommes, des femmes que des enfants juifs, sans distinction d'âge ou de sexe, pour les enterrer ensuite dans des fosses communes. Souvent avec l'aide d'indicateurs et d'interprètes locaux, les
Juifs étaient recensés puis rassemblés. Ils devaient ensuite marcher ou étaient transportés par camion jusqu'au lieu de l'exécution où des tranchées avaient été préalablement creusées. Dans
certains cas, les victimes devaient creuser leur propre tombe. Après avoir remis leurs objets de valeur et s'être déshabillées, les victimes (hommes, femmes et enfants) étaient tuées, soit débout
soit couchées sur le ventre dans la tranchée.
La mort par balle était la forme d'exécution la plus fréquemment utilisée par les Einsatzgruppen. Cependant à
la fin de l'été 1941, Heinrich Himmler, constatant la charge psychologique que produisaient les exécutions de
masse sur ses hommes, demanda qu'un autre mode d'assassinat fût développé. Le camion à gaz en fut le résultat : une chambre à gaz mobile montée sur un châssis de camion, utilisant le monoxyde de
carbone sortant du pot d'échappement pour asphyxier les victimes. Les camions à gaz firent leur première apparition sur le front de l'Est à la fin de l'automne 1941 et finirent par être utilisés
par les Einsatzgruppen, en plus des exécutions par balle, pour tuer les Juifs et d'autres victimes dans la
plupart des régions où ils opérèrent.
Les Einsatzgruppen, qui suivaient l'armée allemande en Union soviétique, étaient répartis en quatre groupes
opérationnels de chacun la taille d'un bataillon. L'Einsatzgruppe A était déployée dans la zone allant de la
Prusse orientale jusqu'à Leningrad (maintenant Saint-Petersbourg) et couvrant la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie. L'Einsatzgruppe A massacra des Juifs à Kovno, Riga et Vilno. La zone couverte
par l'Einsatzgruppe B partait de Varsovie, en Pologne occupée, et s'étendait en Biélorussie jusqu'à Smolensk et
Minsk ; cet Einsatzgruppe massacra des Juifs, entre autres, à Grodno, Minsk, Brest-Litovsk, Slonim, Gomel et Mogilev. La zone de l'Einsatzgruppe C commençait à Cracovie et Rzeszow (en Pologne
occupée) et s'étendait en Ukraine jusqu'à Kharkov et Rostov-sur-le-Don. Ses membres commirent des massacres à Lvov, Tarnopol, Zolochev, Kremenets, Kharkov, Zhitomir et Kiev où, aux abords du
ravin de Babi Yar, 33 771 Juifs furent massacrés en 2 jours par les unités du détachement de
l'Einsatzgruppen 4a. De ces quatre unités, l'Einsatzgruppe D était celui qui opérait le plus au sud. Ses
membres se livrèrent à des massacres dans le sud de l'Ukraine et en Crimée, en particulier à Nikolayev, Kherson, Simferopol, Sébastopol, Feodosiya et dans la région de Krasnodar.
Les Einsatzgruppen reçurent une aide importante des soldats allemands et de l'Axe, de collaborateurs locaux
ainsi que d'autres unités SS. Les membres des Einsatzgruppen furent recrutés parmi les SS, les Waffen-SS (formation militaire des
SS), dans le SD, la Sipo, la police d'ordre ainsi que dans d'autres unités de police.
Au printemps 1943, les Einsatzgruppen et les bataillons de la Police d'ordre avaient tué plus d'un million de Juifs ainsi que des dizaines de milliers de commissaires politiques, de
résistants soviétiques, de Tsiganes et de handicapés mentaux placés en institution. Les méthodes d'extermination mobiles s'avérèrent inefficaces et psychologiquement difficiles à supporter pour
les assassins. Alors même que les Einsatzgruppen effectuaient leurs opérations, les autorités allemandes
planifièrent et entamèrent la construction d'infrastructures fixes de gazage dans des centres de mise à mort dans le but d'assassiner les Juifs en grand nombre.