Jacques Thomas, dit Jacques Tourneur (parfois anglicisé en Jack Tourneur), est un réalisateur français, né à Paris 12e, le 12 novembre 1904 et mort à Bergerac (Dordogne) le 19 décembre 1977 (à 73 ans). Il a fait l'essentiel de sa carrière à Hollywood, et a obtenu la nationalité américaine en 1919.
Jacques Tourneur est le fils de Maurice Tourneur, illustrateur et réalisateur lui-même et de Fernande Petit. Il suit son père aux États-Unis à l'âge de dix ans et tous deux rentrent en France en 1925.
Il débute dans le cinéma au début des années 1930, comme monteur des films de son père (dont Les Gaietés de l'escadron), ou d'autres metteurs en scène. Il réalise quatre films en France à partir de 1931, avant de partir pour Hollywood en 1934. Il n'y réalise d'abord que des courts-métrages, puis dirige les secondes équipes de films plus importants. Dans ce cas il n'apparaît pas au générique, les secondes équipes n'étant pas créditées à l'époque. They All Came Out (1939), un documentaire romancé sur les prisons, lui permet d'accéder à la réalisation de longs métrages. Imposé par le producteur Val Lewton à la RKO, il va exceller dans le film fantastique, mais il va réaliser également de remarquables films dans tous les genres, des westerns, Un Jeu Risqué, Le Passage du Canyon, Le Gaucho, Stars in my crown, des films d'aventures, La Flèche et le Flambeau, La Flibustière des Antilles et des films noirs, Nightfall, La Griffe du Passé (ou Pendez moi haut et court), The Fearmakers jusqu'à la fin des années 1950.
Dans ses films fantastiques, mais pas seulement, il se distingue en jouant avant tout sur le non-dit et la suggestion, l'inquiétude pour susciter l'angoisse ; il est l'inventeur de l'effet-bus. Dans Wichita, la brusque apparition de Wyatt Earp, au sommet d'une colline à la tombée du jour (un plan suffit) suscite parmi les hommes une vive inquiétude qui ne cessera pas jusqu'à la fin. Le film sera considéré par Budd Boetticher comme " à la fois le plus pur et le plus étrange western jamais réalisé..." La scène de la piscine, du film La Féline est un bon exemple de sa « méthode », scène reprise telle quelle dans le remake réalisé quarante ans plus tard par Paul Schrader. Tourneur suscite une forte tension en jouant sur l'éclairage, les zones d'ombre, l'instabilité de l'environnement (l'eau de la piscine, les reflets de l'eau sur les murs), les prises de vue en plongée et contre-plongée, et la réverbération du son qui enveloppe totalement le spectateur, un tour de force avec les bande-son mono de l'époque. Il passa d'ailleurs deux jours à enregistrer le son de cette scène dans la piscine (pour une durée de tournage totale de 21 jours).
Il réalise d'autres chefs-d'œuvre, Vaudou (1943), L'Homme Léopard (1943), Angoisse (1944) Berlin Express (1948), Rendez-vous avec la peur (Night of the Demon) (1957) et plus tard en 1963 Night Call, épisode de Twilight Zone. Il travaille ensuite pour la télévision, notamment les séries Bonanza et réalise un célèbre court-métrage de La Quatrième Dimension : Nightcall. En 1966, il revient en France et s'installe en Dordogne, près de Bergerac, il y reçoit quelques amis d'Hollywood, notamment Dana Andrews un de ses comédiens d'élection. Malheureusement ses derniers projets ne suscitèrent l'intérêt d'aucun producteur français ; pour Murmures dans un corridor lointain Tourneur projetait d'enregistrer les bruits réels, de filmer à l'aide de caméras infra-rouges les traces de fantômes dans un château hanté d'Écosse. En 1977 quelques mois avant sa mort, il reçoit FR3 Aquitaine pour une dernière interview. Le film La Mort en direct de Bertrand Tavernier lui est dédié.
Jacques Tourneur épouse Marguerite (dite Christiane) Virideau. Née à Pessac (Gironde) le 13 juillet 1903 (acte n° 43), elle décède à Lamonzie Saint Martin (Dordogne) le 11 août 1993. Tous deux n'ont pas d'enfant.