Hanne Karin Bayer, dite Anna Karina, née le 22 septembre 1940 à Solbjerg, Danemark, et décédée le 14 décembre 2019 à Paris des suites d'un cancer, est une actrice, chanteuse et écrivain française, d'origine danoise. Elle est principalement connue pour ses rôles dans les films de Jean-Luc Godard entre 1960 et 1967 et pour sa carrière de chanteuse, notamment aux côtés de Serge Gainsbourg (Sous le soleil exactement) et de Philippe Katerine.
Hanne Karin Bayer commence sa carrière au Danemark, où, après divers petits boulots, elle chante dans des cabarets, travaille comme mannequin et joue dans des publicités et des courts métrages. Elle fuit une mère absente et un beau-père violent et vient à Paris à l'âge de dix-sept ans. Repérée par Catherine Harlé, elle pose pour des photos pour le magazine Elle dirigée par Hélène Lazareff et y rencontre Coco Chanel qui lui invente son nom Anna Karina. C'est à cette époque qu'elle est repérée par Jean-Luc Godard, alors journaliste aux Cahiers du cinéma, avec lequel elle se marie en 1961.
En 1959, elle refuse un petit rôle dans À bout de souffle parce qu'il comprenait une scène dénudée. Son personnage disparaîtra finalement du film. Malgré ce refus, Anna Karina jouera dans nombre de films de Jean-Luc Godard. Ils se marient peu de temps après le tournage du Petit Soldat (1960), film dont la sortie est empêchée par la Censure. Le public la découvre dans Ce soir ou jamais de Michel Deville, remplaçant au pied-levé Marie-José Nat contre l'avis de Jean-Luc Godard. A la sortie du film, il la trouve fabuleuse et lui propose le premier rôle dans Une femme est une femme où elle partage l'affiche avec Jean-Paul Belmondo et Jean-Claude Brialy. Pour son interprétation du personnage d'Angela, elle obtient en 1961 le prix de la meilleure actrice au festival de Berlin. Elle enregistre sa première chanson tirée de ce même film, La chanson d'Angela, dont les paroles sont signées par Jean-Luc Godard et la musique par Michel Legrand. Anna Karina s'impose comme l'égérie de Jean-Luc Godard pour lequel elle joue dans 7 de ses films dont Pierrot le fou, Bande à part, Vivre sa vie ou encore Alphaville, et devient par-là même une icône de La Nouvelle Vague. Anna Karina chante dans de nombreux films, particulièrement des chansons de Serge Rezvani dit Cyrus Bassiak.
La carrière d’Anna Karina ne se limite pas aux films de Jean-Luc Godard, et elle obtient nombre de succès dans ceux d’autres réalisateurs. Dans les années 60, elle tourne pour Agnès Varda, Chris Marker, Roger Vadim ou Jean Aurel. Sa prestation dans Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot (1967) de Jacques Rivette est même tenue par certains comme la meilleure de sa carrière bien que le film, tourné en 1964, soit interdit par la Censure. Anna Karina sera dirigée par Luchino Visconti dans L'Étranger (aux côtés de Marcello Mastroianni), mais aussi par George Cukor, Volker Schlöndorff, Rainer Werner Fassbinder, Tony Richardson, Raoul Ruiz ou encore Jonathan Demme. En 1967, Anna Karina est l'héroïne de la seule comédie musicale signée par Serge Gainsbourg, Anna, téléfilm réalisé par Pierre Koralnik dans lequel elle joue aux côtés de Jean-Claude Brialy et Serge Gainsbourg. Parmi les nombreuses chansons écrites pour elle par Gainsbourg, Sous le soleil exactement devient sa chanson la plus populaire et elle l'interprète alors sur les plateaux télévisés. Elle apparaît dans le documentaire Des écrivains à New York, dans Italiques en 1972.
En 1973 elle fait ses débuts de réalisatrice avec Vivre ensemble dans lequel elle joue également et donne son premier rôle à l'animateur radio Michel Lancelot. Elle fait son retour au théâtre en 1978 dans une pièce écrite et mise en scène par Françoise Sagan, Il fait beau jour et nuit. En 1982, Anna Karina donne la réplique à Ava Gardner et Anthony Quinn dans Regina Roma de Jean-Yves Prat. Elle écrit, chante et joue également dans La Dernière Chanson (Last Song) en 1987 réalisé par Dennis Berry son quatrième époux. La même année, le film d'Alain Maline lui vaut son unique nomination à la Cérémonie des César, puis elle est l'invitée de Thierry Ardisson dans l'émission Bains de Minuit aux Bains Douches, où Jean-Luc Godard lui fait la surprise de sa participation. Ils ne s'étaient pas revus et parlé depuis vingt ans, et les propos échangés sur leur relation amoureuse et professionnelle, ainsi que de leur séparation, les rendent particulièrement émus, chacun à leur façon.
Sa carrière se partage désormais entre cinéma, théâtre, écriture de romans et de chansons. Elle publie en l'an 2000 l'album Une histoire d'amour sous l'égide de Philippe Katerine puis entame avec lui une tournée en France et à l'étranger délaissant peu à peu le grand écran. On la retrouve sporadiquement au cinéma notamment dans Haut bas fragile (1994) qui lui permet de retrouver Jacques Rivette en 1994, vingt ans après La Religieuse, puis partage l'affiche avec la jeune Marion Cotillard dans Chloé de Dennis Berry en 1996. Elle apparaît dans Moi César de Richard Berry en 2002 puis elle chante dans La Vérité sur Charlie (The Truth About Charlie) de Jonathan Demme toujours en 2002 où elle impose Katerine et Philippe Eveno parmi les figurants.
En 2007, elle écrit et réalise un road-movie nommé Victoria à Montréal, à Québec et au Saguenay–Lac-Saint-Jean dans lequel elle interprète le rôle principal aux côtés du jeune comédien Woodson Louis, du chanteur Jean-François Moran et d'Emmanuel Reichenbach. Ce long-métrage a été produit par la cinéaste canadienne Hejer Charf (Nadja Productions Inc). C'est Philippe Katerine qui compose la musique du film. Anna Karina présente en 2009 la version restaurée de Pierrot le fou au Festival de Cannes et accompagne la ressortie du film dans plusieurs pays, notamment aux Etats-Unis en 2016. Au début des années 2010, elle entreprend l'adaptation des contes d'Andersen en comédies musicales pour jeune public avec ses complices Katerine et Philippe Eveno et les participations de Jeanne Cherhal, Arielle Dombasle ou encore Barbara Carlotti. En 2012 elle est l'invitée d'honneur du 5ème Festival International du Film de Dieppe puis en 2013, elle assiste aux représentations de la comédie musicale Anna de Serge Gainsbourg et Pierre Koralnik, adaptée sur la scène du Théâtre du Rond-Point à Paris. Cécile de France y reprend son rôle sous la direction d'Emmanuel Daumas.
En 2017, son mari Dennis Berry lui consacre un documentaire Anna Karina, souviens-toi présenté au Festival Lumière de Lyon dont elle est l'invitée d'honneur. En 2018 elle figure sur l'affiche du 71ème Festival de Cannes aux côtés de Jean-Paul Belmondo dans un scène extraite du film Pierrot le fou de Jean-Luc Godard. C'est une année faste pour Anna Karina dont le premier film qu'elle a réalisé, Vivre ensemble, ressort en salles dans une version restaurée, tout comme Suzanne Simonin, La Religieuse de Diderot de Jacques Rivette, présenté à Cannes Classic, ainsi qu'un album de chansons initulé Je suis une aventurière. Invitée du Festival de Cannes, elle se rend ensuite dans plusieurs villes de France pour accompagner la ressortie de ces deux films ainsi qu'à Tokyo en septembre 2018 pour la sortie japonaise de son album. A cette occasion, elle chante sur scène lors du festival Tandem accompagnée par David Aron-Brunetière. En septembre 2019, Anna Karina se rend à Châteauvallon où Charles Berling présente l'adaptation théâtrale du film Vivre sa vie de Jean-Luc Godard. Le 4 octobre 2019, la Cinémathèque de Grenoble lui rend hommage en sa présence.
Parallèlement, Anna Karina a mené une carrière de chanteuse tout en chantant dans de très nombreux films. Jean-Luc Godard lui écrit La Chanson d'Angela pour le film Une femme est une femme sur une musique de Michel Legrand et lui fait interpréter J'entends, j'entends de Louis Aragon et Jean Ferrat dans le film Bande à part. Dans Pierrot le Fou Anna Karina crée deux chansons de Bassiak dont Ma ligne de chance en duo avec Jean-Paul Belmondo. Elle chante en duo avec Claude Brasseur dans le film de Jacques Baratier Dragées au poivre en 1963 puis la chanson du film Le voleur de Tibidabo en 1964 et la chanson Plaisir d'amour dans le film de Rivette La Religieuse en 1965. En 1967, elle rencontre un grand succès avec Sous le soleil exactement et Roller Girl. Ces titres de Serge Gainsbourg sont extraits de la comédie musicale Anna de Pierre Koralnik. Elle y chante sept morceaux aux côtés de Serge Gainsbourg et de Jean-Claude Brialy.
Anna Karina reprend des standards du jazz dans le film Dernier Été à Tanger d'Alexandre Arcady en 1986. Elle se produit au Palace la même année avec les acteurs du film Last song pour y chanter des titres de Dennis Berry et Stéphane Vilar. Ces derniers écrivent également les chansons qu'elle interprète dans le film de Jacques Rivette Haut bas fragile en 1994. Elle est l'auteur de la chanson qu'elle chante dans La Vérité sur Charlie (The truth about Charlie) de Jonathan Demme ainsi que de la chanson de son film Vivre ensemble pour lequel elle a également enregistré deux chansons de Serge Gainsbourg restées longtemps inédites : Hier ou demain et La noyée. La plupart de ces titres ont été réunis sur les compilations Chansons de films parue en 2004 et Je suis une aventurière parue en 2018.
En 1999, elle a enregistré avec Philippe Katerine un album intitulé Une histoire d'amour. Le disque sort en 2000 et sera suivi d’une tournée dans les principaux festivals en France et à l'étranger. Anna Karina s'est produite également sur la scène du Printemps de Bourges 2006 pour un hommage à Serge Gainsbourg. Elle adapte, écrit les paroles et chante dans deux comédies musicales mises en musique par Philippe Eveno : Le vilain petit canard et La petite sirène, tirés des contes d'Andersen où elle donne la vedette à Philippe Katerine. Elle a écrit quatre romans, trois films, joué au théâtre et fait quelques apparitions dans des téléfilms.
- 1960 : Le Petit Soldat de Jean-Luc Godard avec Michel Subor
- 1960 : Une femme est une femme de Jean-Luc Godard avec Jean-Paul Belmondo et Jean-Claude Brialy
- 1960 : Ce soir ou jamais de Michel Deville
- 1961 : Cléo de 5 à 7, séquence "Les fiancés du pont Macdonald", d'Agnès Varda
- 1961 : Le Soleil dans l'œil de Jacques Bourdon
- 1961 : She'll Have to Go de Robert Asher
- 1962 : Vivre sa vie de Jean-Luc Godard
- 1962 : Les Quatre Vérités, sketch : "Le corbeau et le renard" de Hervé Bromberger
- 1962 : Shéhérazade de Pierre Gaspard-Huit
- 1963 : Le Joli Mai de Chris Marker
- 1963 : Dragées au poivre de Jacques Baratier
- 1963 : Un mari à prix fixe de Claude de Givray
- 1964 : La Ronde de Roger Vadim
- 1964 : Bande à part de Jean-Luc Godard
- 1964 : Le Voleur du Tibidabo de Maurice Ronet
- 1964 : Des filles pour l'armée (La soldatesse) de Valerio Zurlini
- 1964 : De l'amour de Jean Aurel
- 1965 : Pierrot le fou de Jean-Luc Godard avec Jean-Paul Belmondo
- 1965 : Alphaville de Jean-Luc Godard
- 1965 : Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot de Jacques Rivette
- 1966 : Made in USA de Jean-Luc Godard avec Marianne Faithfull
- 1966 : Le Plus Vieux Métier du monde, sketch "Anticipation" de Jean-Luc Godard
- 1966 : L'Étranger (Lo straniero) de Luchino Visconti
- 1967 : Tendres requins (Zärtliche Haie) de Michel Deville
- 1967 : Lamiel de Jean Aurel
- 1968 : Jeux pervers (The magus) de Guy Green
- 1968 : Avant que vienne l'hiver (Before winter comes) de J. Lee Thompson
- 1969 : Michael Kohlhaas (Michael Kohlhaas – Der Rebell) de Volker Schlöndorff
- 1968 : Justine de George Cukor
- 1969 : La Chambre obscure (Laughter in the dark) de Tony Richardson
- 1969 : Le Temps de mourir d'André Farwagi
- 1970 : L'Alliance de Christian de Chalonge
- 1971 : Rendez-vous à Bray d'André Delvaux
- 1971 : Carlos de Hans W. Geißendörfer
- 1972 : Notre agent à Salzbourg (The Salzburg connection) de Lee H. Katzin
- 1972 : Vivre ensemble de elle-même
- 1973 : Pain et Chocolat (Pane e cioccolata) de Franco Brusati
- 1975 : Les Œufs brouillés de Joël Santoni
- 1976 : Roulette chinoise (Chinesisches Roulett) de Rainer Werner Fassbinder
- 1976 : L'Assassin musicien de Benoît Jacquot
- 1977 : Ausgerechnet Bananen d'Ulli Lommel
- 1978 : Chaussette surprise de Jean-François Davy
- 1978 : Comme chez nous (Olyan mint ottho) de Márta Mészáros
- 1979 : Historien om en moder de Claus Weeke
- 1982 : Regina (Regina Roma) de Jean-Yves Prat avec Ava Gardner et Anthony Quinn
- 1983 : L'Ami de Vincent de Pierre Granier-Deferre
- 1984 : Ave Maria de Jacques Richard
- 1985 : L'Île au trésor de Raoul Ruiz
- 1986 : Dernier Été à Tanger d'Alexandre Arcady
- 1986 : Last Song de Dennis Berry (+ scénario)
- 1987 : Cayenne Palace d'Alain Maline
- 1987 : L'Œuvre au noir d'André Delvaux
- 1990 : L'Homme qui voulait être coupable (da) (Manden der ville være skyldig) de Ole Roos
- 1994 : Haut bas fragile de Jacques Rivette
- 2001 : Nom de code : Sacha (moyen métrage) de Thierry Jousse avec Philippe Katerine et Margot Abascal
- 2002 : La Vérité sur Charlie (The truth about Charlie) de Jonathan Demme
- 2003 : Moi César, 10 ans ½, 1m39 de Richard Berry, avec Jules Sitruk, Maria de Medeiros…
- 2008 : Victoria de et avec Anna Karina
- 1954 : La Fille aux chaussures(Pigen og skoene) de Ib Schmedes
- 1960 : Présentation / Charlotte et son steak d'Éric Rohmer (voix uniquement de ce film réalisé en 1951)
- 1964 : Petit Jour de Jackie Pierre avec Jacques Brel et Jean-Luc Godard
- 1976 : Misère musique de Benoît Jacquot
- 1986 : Blockhaus USA de Christian Le Hémonet
- 2000 : Une histoire de K de Nicolas Ruffault avec Katerine
- 2001 : Nom de code : Sacha (moyen métrage) de Thierry Jousse avec Philippe Katerine et Margot Abascal
- 1967 : Anna, de Pierre Koralnik, avec Jean-Claude Brialy, Serge Gainsbourg, Marianne Faithfull
- 1973 : L'Invention de Morel (L'invenzione di Morel) de Emidio Greco
- 1976 : La Vie en pièce de Daniel Moosmann
- 1976 : Monsieur Biais (épisode no 2 de Madame le juge) de Claude Barma avec Simone Signoret, Maurice Ronet…
- 1977 : L'Affaire Martine Desclos (épisode no 1 de Dossiers danger immédiat) de Claude Barma avec Jean-Pierre Darras
- 1985 : La Dame des dunes de Joyce Buñuel avec Sophie Barjac
- 1988 : Moravagine de Philippe Pilard avec Roland Blanche
- 1996 : Chloé de Dennis Berry avec Marion Cotillard
- 1963 : La Religieuse de Denis Diderot, mise en scène Jacques Rivette, Studio des Champs-Élysées
- 1971 : Toi et tes nuages d'Éric Westphal, mise en scène Roland Monod, Théâtre de l’Athénée
- 1997 : Après la répétition d'Ingmar Bergman, mise en scène Louis-Do de Lencquesaing, Théâtre de la Renaissance