Couve de Murville Maurice
Maurice Couve de Murville, né le 24 janvier 1907 à Reims et mort le 24 décembre 1999 à Paris, est un haut fonctionnaire, diplomate et homme d'État français. Il est notamment le dernier Premier ministre sous la présidence de Charles de Gaulle, de 1968 à 1969.
La famille Couve de Murville est une ancienne famille bourgeoise protestante du Languedoc établie ensuite en Provence. Son fondateur, Jean-Baptiste Couve (v. 1720) était tailleur d'habits à Montpellier, (Hérault). Son fils, Philippe Couve (1757-1815) était commerçant à Marseille. Parmi leurs descendants, se succèdent des négociants, des courtiers d'assurance maritime et des hommes de loi.
Origines familiales, études et mariage
Maurice Couve de Murville, né Jacques-Maurice Couve, est le fils du magistrat Édouard Couve (1863-1939) et d'Hermine Caesar (1876-1963). Lauréat du Concours général en 1922, il suit les cours du lycée Louis-le-Grand, puis entre successivement à la faculté de droit de l'université de Paris et à l'École libre des sciences politiques, dont il sort diplômé. Ces brillantes études lui valent d'être reçu à l'Inspection des finances en 1930. À cette même époque, le 9 septembre 1932, il épouse Jacqueline Schweisguth (1912-2002), artiste-peintre sous le pseudonyme de Véra Fabre, qui lui donne trois filles, prénommées Juliette, Dorothée et Béatrice.
Débuts
Maurice Couve de Murville devient, après ses études, Inspecteur des finances au service du régime de Vichy, duquel il se détourne pour rejoindre les rangs de la France libre en 1943. Proche, dans un premier temps, du général Giraud, il se rallie à la cause du général de Gaulle, avant d'entamer une prestigieuse carrière diplomatique, notamment aux États-Unis puis en République fédérale d'Allemagne. Sa fidélité à de Gaulle lui vaut d'être nommé ministre des Affaires étrangères à l'occasion du retour de celui-ci au pouvoir, en 1958. Il conserve ce poste après l'instauration de la Ve République, dont il est le premier ministre des Affaires étrangères, une fonction qu'il exerce durant dix ans, ce qui constitue un record pour un hôte du quai d'Orsay.
Il lui appartient, à ce poste régalien, de mettre en œuvre la politique étrangère d'obédience gaullienne. Après les événements de Mai 68, il devient brièvement ministre de l'Économie et des Finances, avant d'être, quelques semaines plus tard, nommé Premier ministre. La démission du général de Gaulle, consécutive à la victoire des opposants au gaullisme à l'occasion du référendum du 27 avril 1969, précipite la fin de son gouvernement, l'un des plus éphémères de la Ve République.
Du régime de Vichy à la Résistance
Entre 1936 et 1937, Maurice Couve de Murville exerce la fonction d'attaché financier auprès de l'ambassade de France à Bruxelles, puis il entre au sein du « mouvement général des fonds », structure précédant la direction du Trésor, au ministère des Finances. Cadre, puis directeur adjoint de cette administration, il doit gérer les fonds lors de l'entrée en guerre de la France contre l'Allemagne, jusqu'au mois de septembre 1940, lorsqu'il est nommé directeur des Finances extérieures et des Changes (DFEC). Il devient, effectivement, un haut fonctionnaire au service du régime de Vichy dirigé par le maréchal Pétain. À ce poste, ses attributions lui confèrent une importance capitale puisqu'il est chargé d'avaliser tous les mouvements financiers franco-allemands tout en devant « réduire l'influence juive dans l'économie française ». Il quitte ces fonctions au mois de mars 1943 après avoir siégé au sein de la délégation française à la Commission d’armistice de Wiesbaden qui siège sous l'autorité du haut commandement allemand.
En mars 1943, quatre mois après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, il part pour Alger, via l’Espagne, où l’avait envoyé Jean Jardin, chef de cabinet de Pierre Laval, pour avoir un homme à lui dans l'autre camp. L'inspecteur des finances ayant reçu un passeport officiel du gouvernement de Vichy, Charles de Gaulle aurait déclaré : « Couve a passé les Pyrénées en sleeping. » Le 20 mars 1943, il devient secrétaire général du général Giraud. Le 7 juin 1943, il est nommé commissaire aux finances du Comité français de la Libération nationale (CFLN). Quelques mois plus tard, il se rallie au général de Gaulle. En février 1945, il devient membre du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) avec le rang d'ambassadeur auprès du gouvernement italien.
Une carrière diplomatique prestigieuse
La carrière diplomatique de Maurice Couve de Murville, entamée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, se poursuit après celle-ci, notamment lorsqu'il est nommé ambassadeur de France en Égypte, siégeant au Caire de 1950 à 1954. Elle gagne en prestige en 1954, lors de sa désignation comme représentant permanent de la France auprès de l'OTAN, bien qu'il n'exerce cette fonction qu'une seule année, avant d'être nommé ambassadeur à Washington, entre 1955 et 1956, puis à Bonn, de 1956 à 1958. Sa fidélité à l'égard de Charles de Gaulle, mais également sa compétence et sa parfaite maîtrise des affaires diplomatiques lui valent d'être nommé, par celui-ci, ministre des Affaires étrangères dans son troisième gouvernement.
Ministre des Affaires étrangères puis Premier ministre
Le retour du général de Gaulle au pouvoir, le 1er juin 1958, l'amène à franchir les portes du quai d'Orsay pour le diriger, en tant que chef de la diplomatie. Dernier nommé à ce poste sous la IVe République, il sera, par ailleurs, le premier à le détenir sous la Ve République, régime sous lequel Couve de Murville aura accompli l'essentiel de sa carrière politique, dans l'ombre du général de Gaulle qui lui confie la tâche de mettre en œuvre la nouvelle politique étrangère de la France telle que l'« homme du 18 juin » l'a conçue.
La proximité liant les deux hommes permettra à Couve de Murville de séjourner quasiment dix ans à l'hôtel du quai d'Orsay. S'il entretient des relations cordiales avec Michel Debré, ses rapports avec Georges Pompidou seront notoirement exécrables, d'autant que le second Premier ministre du premier président de la Ve République reprochera à Couve de Murville son implication présumée et controversée dans l'affaire Marković, un scandale visant à atteindre l'honneur de Pompidou et de son épouse alors que ses ambitions présidentielles étaient de plus en plus connues.
Lors du retour au pouvoir du général de Gaulle, il devient ministre des Affaires étrangères, poste qu'il conserve dix ans jusqu'au remaniement qui suit immédiatement Mai 68 où il remplace aux Finances Michel Debré ne gardant ce poste que peu de temps : après les élections, il devient Premier ministre, en remplacement de Georges Pompidou. Avec seulement 18 ministres, son gouvernement fut le plus restreint de la Ve République, avant celui de François Fillon en 2007.
L’après-Matignon
Après la démission de Charles de Gaulle de la présidence de la République et son départ de Matignon, Maurice Couve de Murville est candidat en octobre 1969, à l'élection législative partielle, mais il est battu par un autre membre de la HSP, Michel Rocard. Il revient à l'Assemblée nationale en 1973 où il est président de la commission des Affaires étrangères jusqu'en 1981 et député de Paris jusqu'en 1986. Il est ensuite sénateur jusqu'en 1995.
Retrait de la vie politique
En 1995, il met fin à sa carrière politique en quittant son siège de sénateur, à l'âge de 88 ans. Maurice Couve de Murville meurt de vieillesse dans son appartement au no 44 rue du Bac, à Paris, à l'âge de 92 ans et 11 mois. Il reste encore à ce jour le doyen des Premiers ministres de la Ve République. Il est enterré au cimetière du Montparnasse (18e division).
- 1er juin 1958 - 31 mai 1968 : ministre des Affaires étrangères
- 31 mai 1968 - 10 juillet 1968 : ministre de l'Économie et des Finances
- 23 juin - 11 août 1968 : élu député mais remplacé par Raymond Bousquet à la suite de sa nomination au gouvernement
- 10 juillet 1968 - 20 juin 1969 : Premier ministre (gouvernement Maurice Couve de Murville)
- 11 mars 1973 - 1er avril 1986 : député UDR puis RPR de la 6e circonscription de Paris
- 1973 - 1981 : président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale
- 1976 - 1992 : conseiller régional d'Île-de-France
- 1977 - 1989 : conseiller de Paris (8e arrondissement)
- 1986 - 1995 : sénateur de Paris
- Légion d'honneur :
- Commandeur de la Légion d'honneur : 1954
- Grand officier de la Légion d'honneur en 1996
- Ordre de la Francisque
- Chevalier Grand-Croix de l'ordre de Pie IX (nomination du 12 juin 1959 par le pape Jean XXIII).
- Chevalier grand-croix de l'ordre du Mérite de la République italienne (1959).
- Grand-croix de l'ordre du Ouissam alouite du Maroc
- Grand cordon de l'ordre de la République tunisienne
- Grand-croix de l'ordre du Mérite centrafricain
- Grand-croix de l'ordre d'Isabelle la Catholique
- Grand officier de l'ordre de l'Étoile équatoriale du Gabon
- Grand officier de l'ordre national de Madagascar
- Grand officier de l'ordre national du Lion du Sénégal
- Grand officier de l'ordre national du Mérite mauritanien
- Grand officier de l'ordre national du Tchad Grand officier de l'ordre national du Tchad
- Grand officier de l'ordre du Mono du Togo
- Grand officier de l'ordre national du Dahomey
- Commandeur de l'ordre de l'Étoile de Roumanie