Delair Suzy

Publié le par Mémoires de Guerre

Suzanne Pierrette Delaire, dite Suzy Delair, née le 31 décembre 1917 à Paris 18e et morte le 15 mars 2020 à Paris 16e, est une actrice et chanteuse française. Son répertoire s'étendait de la comédie au drame et elle a joué avec de grands acteurs tels que Pierre Fresnay, Bernard Blier, Louis Jouvet, Fernandel, Bourvil, Alain Delon, ou encore Louis De Funès. Également danseuse et chanteuse, ses interprétations des chansons Avec son tralala et Danse avec moi de Francis Lopez, dans le film Quai des Orfèvres d'Henri-Georges Clouzot, sont restées dans les mémoires. À la scène, elle a joué fréquemment dans des opérettes de Jacques Offenbach (La Périchole, La Vie parisienne), d'Oscar Straus (Trois valses), de Vanloo, Duval et André Messager (Véronique), etc. 

Delair Suzy
Carrière

Ses parents, de modestes artisans, souhaitaient qu’elle devienne sage-femme, mais dès son plus jeune âge, la petite Suzanne Delair se passionne pour le théâtre et rêve de monter sur les planches. Elle apprend ainsi le métier de modiste dans un atelier parisien puis le quitte pour faire de la figuration dans le film Un caprice de la Pompadour, tourné par Willi Wolff et Joe Hamman en 1930. Elle fait ensuite des apparitions anonymes pendant 10 ans, dans des œuvres diverses et variées tournées par des réalisateurs de renom : La Dame de chez Maxim's (1932) d’Alexander Korda, Poliche d’Abel Gance et La Crise est finie de Robert Siodmak en 1934, ou encore Prends la route de Jean Boyer en 1936. Parallèlement à sa carrière de comédienne, elle s’essaie également à la chanson, se produisant aux Bouffes-Parisiennes ou aux Folies-Bergères, entre autres lieux de music-hall.

Elle se fait ainsi remarquer par Suzy Solidor, chanteuse française très connue à l’époque et obtient un juteux contrat en vue d'effectuer des prestations musicales sur différentes scènes de prestige de la ville parisienne. Après ce premier tournant dans sa vie professionnelle, Suzy Delair se distingue enfin pour ses performances vocales: l’un de ses admirateurs se nomme Henri-Georges Clouzot. Il la recrute pour jouer aux côtés de Pierre Fresnay dans Le Dernier des six, dont il écrit le scénario. Dirigé par Georges Lacombe, ce long métrage permet à Delair d’être enfin considérée à sa juste valeur sur grand écran, dans le rôle d’une parisienne spontanée, gouailleuse, râleuse et surtout empoisonnante. Le film connaît une suite, cette fois dirigée par Clouzot: dans le désormais classique L'Assassin habite au 21, Suzy Delair reprend son personnage de Mila-Malou. L’actrice devient la compagne de Clouzot, lequel la redirige dans un autre de ses plus célèbres films, Quai des orfèvres, où elle interprète une jeune chanteuse manipulatrice. Elle y tient tête à Louis Jouvet et à Bernard Blier.

Mêlant les registres et proposant tantôt des prestations comiques, tantôt dramatiques, Suzy Delair est également au générique de La Vie de bohème (1945) tourné par Marcel L'Herbier, de Copie conforme (1947) de Jean Dréville, de Pattes blanches (1949) de Jean Gremillon et de Souvenirs perdus (1950) de Christian-Jaque, le mari de Suzy Solidor. On la voit aussi dans Atoll K (1950) dirigé par Leo Joannon et John Berry, film qui raconte l’histoire de 4 naufragés (parmi lesquels Stan Laurel et Oliver Hardy) qui ont échoué sur une île contenant du plutonium. En 1956, Suzy Delair ajoute son nom à l’immense casting de Si Paris nous était conté où les plus célèbres acteurs français de l’époque (Jean Marais, Danielle Darrieux, Michèle Morgan, Gérard Philipe, Louis De Funès pour ne citer qu’eux) se réunissent pour une grande fresque historique autour de la première ville de France, le tout sous la direction de Sacha Guitry. René Clément la fait jouer dans Gervaise l’année suivante. Dans cette adaptation de L'Assommoir d'Emile Zola, elle interprète une modeste blanchisseuse au pathétique destin. Sa bouleversante prestation marque la mémoire des spectateurs de l'époque. Une séquence du film est restée célèbre, celle où son personnage se prend une fessée par Maria Schell. 

En 1960, elle rejoint le tournage de Rocco et ses frères du réalisateur italien Luchino Visconti, où elle croise Alain Delon et Annie Girardot. Elle retrouve René Clément pour une reconstitution de la Libération de Paris en 1944, Paris brûle-t-il ?, mais n’y joue qu’un tout petit rôle. A côté du cinéma, Suzy Delair participe régulièrement à des opérettes inspirées de Jacques Offenbach (La Vie Parisienne), ou d’Oscar et Johann Strauss (Les Trois valses). Elle poursuit également son activité de chanteuse et obtiendra le Grand Prix du disque. Après 1962, elle se fait très rare à l’écran, privilégiant le théâtre et montant régulièrement sur les planches. A noter toutefois son bref retour pour Les Aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury en 1973 (où elle interprète la femme du faux rabbi que Louis De Funès incarne avec brio), Oublie-moi, Mandoline de Michel Wyn en 1975 et A nous deux de Claude Lelouch en 1979, qui constituent ses trois derniers rôles au cinéma. Elle continuera néanmoins à apparaître de temps en temps à la télévision dans différents feuilletons. Suzy Delair a été décorée de l’Ordre national du Mérite, en février 2000, puis a obtenu le grade d’officier de l’Ordre national de la Légion d’honneur en juillet 2006.

Décès

Elle meurt le 15 mars 2020, à l'âge de 102 ans dans le 16e arrondissement de Paris. Elle est inhumée au cimetière ancien d'Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), sans cérémonie du fait du confinement ordonné pour contrer la pandémie de Covid-19. 

Reconnaissance et hommages

Le 24 avril 2004, l’Académie du disque lyrique, présidée par Pierre Bergé, lui remet l'Orphée d'or du meilleur enregistrement d’opérette ou d’opéra bouffe pour son disque De l'opérette à la chanson (Musidisc, 2003). Le 6 décembre 2004, un hommage lui est consacré à la Cinémathèque française à Paris, présenté par le journaliste Olivier Barrot, en présence de l'actrice et de ses amis Françoise Arnoul, Pierre Trabaud, et Jacqueline Willemetz, petite-fille d'Albert Willemetz. Organisée par Sylvain Briet et Les Amis de la Cinémathèque française, cette manifestation présente un cycle de ses films comprenant Quai des Orfèvres, Lady Paname, Pattes blanches, Gervaise, Le Couturier de ces dames, et le sketch Une couronne mortuaire extrait de Souvenirs perdus. 

Distinctions

Décorations

  • Officier de l'ordre national du Mérite, le 15 novembre 1999 ;
  • Officier de la Légion d'honneur, promotion du 14 juillet 2006 ;
  • Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres lors de la promotion du 20 avril 1995
Delair Suzy
Filmographie
Télévision
  • 1965 : Le manège des amoureux : Irénée
  • 1966 : Adieux de Tabarin : Paulette Darty
  • 1967 : Les Créatures du bon Dieu (série) : la fiancée du capitaine
  • 1972 : L'Argent par les fenêtres de Philippe Joulia : Gloria
  • 1981 : Le Mythomane de Michel Wyn (série) : tante Victoire
  • 1984 : L'Âge vermeil de Roger Kahane (série) : Betty de la Saussnaie
  • 1987 : Traquenards de Marianne Lamour (série)
Théâtre
  • 1952 : Mobilette de Serge Veber et André Hornez, musique de Henri Betti, mise en scène Jean-Marc Thibault, L'Européen
  • 1959 : La Vie parisienne de Jacques Offenbach, livret Henri Meilhac et Ludovic Halévy, mise en scène Jean-Louis Barrault, Théâtre du Palais-Royal
  • 1961 : De doux dingues de Michel André, mise en scène Jean Le Poulain, Théâtre des Célestins
  • 1962 : La Vie parisienne de Jacques Offenbach, livret Henri Meilhac et Ludovic Halévy, mise en scène Jean-Louis Barrault, Odéon-Théâtre de France
  • 1963 : L'Ours d'Anton Tchekhov, mise en scène Jean Desailly, Odéon-Théâtre de France
  • 1963 : La Vie parisienne de Jacques Offenbach, livret Henri Meilhac et Ludovic Halévy, mise en scène Jean-Louis Barrault, Odéon-Théâtre de France
  • 1963 : Tricoche et Cacolet d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy, mise en scène Jacques Charon, Odéon-Théâtre de France
  • 1965 : The Boy Friend de Sandy Wilson, mise en scène Jean-Christophe Averty et Dirk Sanders, Théâtre Antoine
  • 1967 : Croque-monsieur de Marcel Mithois, mise en scène Jean-Pierre Grenier, tournée Charles Baret
  • 1969 : Un mois sans toi de Marc Mays, mise en scène Michel Vocoret, Théâtre des Capucines
  • 1969 : La Vie parisienne de Jacques Offenbach, livret Henri Meilhac et Ludovic Halévy, mise en scène Jean-Pierre Grenier, Théâtre des Célestins
  • 1974 : L'Or et la Paille, de Barillet et Gredy, mise en scène Jacques Sereys, Théâtre Marigny : Cora Fontaine. Pièce enregistrée le 27 avril et diffusée sur la deuxième chaîne de l'ORTF le 7 août, dans le cadre de l'émission Au théâtre ce soir, réalisée par Georges Folgoas.
  • 1976 : Le Tube de Françoise Dorin, mise en scène François Périer, Théâtre des Célestins, tournée Herbert-Karsenty
Chansons interprétées
  • Ah ! C'qu'on s'aimait… (paroles de Lucien Boyer et musique de Paul Marinier, 1913)
  • Avec son tra-la-la (paroles d'André Hornez et musique de Francis Lopez, chanson du film Quai des Orfèvres, 1947)
  • Danse avec moi (paroles d'André Hornez et musique de Francis Lopez, chanson du film Quai des Orfèvres, 1947)
  • L'amour n'est qu'une comédie (paroles d'Henri Jeanson et musique de René Cloërec, chanson du film Copie conforme, 1947)
  • C'est si bon (paroles d'André Hornez et musique d’Henri Betti, 1947)
  • Fascination (paroles de Maurice de Féraudy et musique de Fermo Marchetti, 1905)
  • Femmes, que vous êtes jolies ! (paroles d'Edgard Favart et musique de Pietro Codini/Julsam, 1912)
  • Frou-Frou (paroles d'Hector Monréal et Henri Blondeau et musique d'Henri Chatau, 1933)
  • La Baya/Chin', Chin', Chin'… (paroles de Marcel Heurtebise et musique d'Henri Christiné, 1911)
  • Le Temps des cerises (paroles de Jean-Baptiste Clément et musique d'Antoine Renard, 1867)
  • Oh ! mon papa (paroles et musique de J. Boyer, P. Burkhard, titre original : Oh mein Papa)
  • Oranges, tabac, café (Robert Chabrier et Jo Moutet, 1957)
  • Y'avait du printemps partout (chanson du film Lady Paname, 1950)
  • Du t'ça (chanson du film Lady Paname, 1950)
  • Tu n'peux pas t'figurer (paroles et musique de Paul Misraki, chanson du film Atoll K, 1950)
  • Laissez-nous faire (paroles et musique de Paul Misraki, chanson du film Atoll K, 1950)
  • Monsieur Hans (paroles d'Eddy Marnay)
  • Y'a pas trois moyens (paroles et musique de Paul Misraki, 1950)
  • J'suis pas paf (paroles de Mick Micheyl et musique de Bob Astor/Mick Micheyl, 1952)

On peut citer aussi : Je reconnais mon rêve, C'est tout, Ma blonde, C'est un air populaire (paroles et musique de Michel Emer), Moi j'coûte cher (de Roger Lucchesi) et Moulin rouge (1966). 

Publié dans Acteurs et Actrices

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