Delaisi Francis
Francis Delaisi, de son vrai nom François-Almire Delaisi (19 novembre 1873, Bazougers - 22 août 1947, Paris), écrivain, journaliste et économiste français. Son père est républicain, il est envoyé
à l'école communale, puis entre comme pensionnaire au Lycée de Laval en octobre 1885. Il effectue un parcours scolaire brillant. Il quitte le lycée de Laval, en 1895, pour poursuivre des études à
Rennes. Il est parmi les étudiants dreyfusard, dans la ville où s'instruit le deuxième procès d'Alfred Dreyfus. Il est licencié ès lettres. En 1898, il est révoqué de sa bourse, et quitte Rennes
pour venir poursuivre ses études comme étudiant libre à Paris. Pourvu de son diplôme d'études supérieures d'histoire, il entre dans le journalisme. Il se marie en 1902 à Anna-Eugène Le Rest de
Rennes.
Il fait une brillante carrière de journaliste entre les deux guerres; par l'étendue de ses connaissances, son besoin d'apprendre, son talent d'orateur, et d'écrivain. Ses préférences politiques vont vers le socialisme. Il participe au premier numéro, le 18 décembre 1906, du journal La Guerre sociale, de Gustave Hervé, à La Vie ouvrière, organe de la CGT. Il est membre du comité central de la Ligue des Droits de l'Homme en 1935, membre directeur du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes jusqu'en 1939. De 1927 à 1932, il tient le Secrétariat général de l'Union pan-européenne, sous la présidence d'Aristide Briand, dont il est proche, et qui lui confie des missions à l'étranger (Belgique, Allemagne, Pologne, Autriche...). Il a repris le slogan du « Trust des deux cents familles » lancé par Édouard Daladier en 1934, qui fut le mot d'ordre de la campagne électorale du Front Populaire en 1936. Économiste reconnu, il fut reçu par le roi des Belges Albert 1er, et éprouve une amitié réelle avec Anatole France, qui le reçoit souvent.
Chargé officiellement en 1931, aux États-Unis, d'une enquête qui lui avait permis de comparer les méthodes financières américaines aux européennes, il publie en 1933 La Bataille de l'Or, un livre qui eut un grand retentissement, et auquel se réfèrent les auteurs français et belges qui cherchent à s'opposer, même pendant l'occupation allemande aux inspirations hitlériennes du docteur Hjalmar Schacht. Cet ouvrage, et les nombreux articles parus sous son nom dans la revue hebdomadaire L'Opinion, lui assure une réputation d'économiste, et à la veille de la guerre, il a une vie active et bénéficie d'une enviable considération dans les milieux politiques de gauche. Il collabore à la revue Le Crapouillot de Jean-Galtier Boissière dans les années 30. Il habite près de Saint-Germain-des-Prés, dont la bibliothèque est la pièce essentielle, et où se rencontre bon nombre d'hommes politiques, d'hommes de lettres, des peintres, des sculpteurs, des architectes, des artistes de théâtre… En 1939, sa femme décède à Arcachon.
A l'été 1940, fidèle à l'idéal d'Aristide Briand, il persiste à croire et, par conséquent, à dire que l'Europe ne pourra jamais connaître une paix durable qu'en englobant une France et une Allemagne « rapprochées » dans une union qui reposera sur le principe « de la liberté à chacun d'être ou non fasciste ou démocrate, antisémite ou philosémite ». Avec cette profession de foi, il est avec son briandisme incorporé au groupe « collaboration ». Chargé d'établir des cartes et des graphiques économiques à l'Exposition de la France européenne au Grand Palais, il est envoyé à la foire de Leipzig en 1941. Il voyage par train spécial avec quelque 600 industriels et intellectuels. À son retour, il écrit un article par semaine dans le journal Aujourd'hui. Il est classé comme « collaborateur douteux », par l'ambassadeur Otto Abetz et interdit d'antenne pour la radiodiffusion d'une conférence que l'institut franco-allemand Epting lui demande sur le blocus de l'Europe.
Il découvre en même temps le double jeu du régime de Vichy, sur les trusts, et désabusé, vend sa bibliothèque pour se procurer quelques ressources, quitte son appartement de Paris sans esprit de retour et se retire en octobre 1941 à Laval. En 1942, il est membre du comité directeur de la Ligue de la pensée française, située dans la mouvance du Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat. Pour contribuer à ses propres dépenses, après contrat passé avec l'éditeur nazi Édouard Didier des Éditions de la Toison d'Or de Bruxelles, il écrit un livre exclusivement technique malgré son titre pompeux La Révolution européenne qui paraît à la fin de 1942. Pour rompre la solitude dans laquelle il vit à Laval, il retrouve son appartement parisien pillé. Il lui faut à 79 ans recommencer à gagner sa vie. Ses anciens collègues de la Ligue des Droits de l'Homme et de la Confédération générale du travail lui ouvrent les colonnes de la France Socialiste où il signe un article hebdomadaire économique. Aussitôt, le Bulletin d'information antimaçonnique, aux ordres de la Propaganda Staffel, organise une vive campagne de presse contre lui et l'accuse de franc-maçonnerie. Les autorités allemandes exercent sur lui ensuite des sanctions jusqu'à la Libération.
A la fin d'août 1944, il est immédiatement dénoncé comme « collaborateur ». Le 6 octobre 1944, il est cité devant deux commissions d'épuration, celle du Comité de l'Union Douanière Européenne et celle du Fonds de la Recherche Scientifique qui l'une et l'autre, après enquêtes minutieuses, forment la conclusion d'un non-lieu en sa faveur. Il est cependant inculpé le 6 avril 1945 de « complot contre la sûreté de l'État ». Il était permis de penser que cette affaire allait déboucher sur un troisième non-lieu, quand il décède en 1947, éteignant ainsi l'action de toute juridiction exceptionnelle. Il sera longtemps considéré comme persona non-grata d'une partie de la gauche après la guerre. Francis Delaisi avait un fils, Pierre Delaisi, avec lequel il s'est brouillé au moment des accords de Munich; ils ne se sont plus revus jusqu'à sa mort. Pierre Delaisi (1903-1983), avocat à la Cour d'Appel de Paris, croix de guerre 1939-1945, chevalier de la légion d'honneur, a été prisonnier de guerre à l'Oflag XC de 1940 à 1945. Ce dernier a eu deux enfants: Jacques Delaisi et Geneviève Delaisi de Parseval, qui ont eu chacun trois enfants.
Il fait une brillante carrière de journaliste entre les deux guerres; par l'étendue de ses connaissances, son besoin d'apprendre, son talent d'orateur, et d'écrivain. Ses préférences politiques vont vers le socialisme. Il participe au premier numéro, le 18 décembre 1906, du journal La Guerre sociale, de Gustave Hervé, à La Vie ouvrière, organe de la CGT. Il est membre du comité central de la Ligue des Droits de l'Homme en 1935, membre directeur du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes jusqu'en 1939. De 1927 à 1932, il tient le Secrétariat général de l'Union pan-européenne, sous la présidence d'Aristide Briand, dont il est proche, et qui lui confie des missions à l'étranger (Belgique, Allemagne, Pologne, Autriche...). Il a repris le slogan du « Trust des deux cents familles » lancé par Édouard Daladier en 1934, qui fut le mot d'ordre de la campagne électorale du Front Populaire en 1936. Économiste reconnu, il fut reçu par le roi des Belges Albert 1er, et éprouve une amitié réelle avec Anatole France, qui le reçoit souvent.
Chargé officiellement en 1931, aux États-Unis, d'une enquête qui lui avait permis de comparer les méthodes financières américaines aux européennes, il publie en 1933 La Bataille de l'Or, un livre qui eut un grand retentissement, et auquel se réfèrent les auteurs français et belges qui cherchent à s'opposer, même pendant l'occupation allemande aux inspirations hitlériennes du docteur Hjalmar Schacht. Cet ouvrage, et les nombreux articles parus sous son nom dans la revue hebdomadaire L'Opinion, lui assure une réputation d'économiste, et à la veille de la guerre, il a une vie active et bénéficie d'une enviable considération dans les milieux politiques de gauche. Il collabore à la revue Le Crapouillot de Jean-Galtier Boissière dans les années 30. Il habite près de Saint-Germain-des-Prés, dont la bibliothèque est la pièce essentielle, et où se rencontre bon nombre d'hommes politiques, d'hommes de lettres, des peintres, des sculpteurs, des architectes, des artistes de théâtre… En 1939, sa femme décède à Arcachon.
A l'été 1940, fidèle à l'idéal d'Aristide Briand, il persiste à croire et, par conséquent, à dire que l'Europe ne pourra jamais connaître une paix durable qu'en englobant une France et une Allemagne « rapprochées » dans une union qui reposera sur le principe « de la liberté à chacun d'être ou non fasciste ou démocrate, antisémite ou philosémite ». Avec cette profession de foi, il est avec son briandisme incorporé au groupe « collaboration ». Chargé d'établir des cartes et des graphiques économiques à l'Exposition de la France européenne au Grand Palais, il est envoyé à la foire de Leipzig en 1941. Il voyage par train spécial avec quelque 600 industriels et intellectuels. À son retour, il écrit un article par semaine dans le journal Aujourd'hui. Il est classé comme « collaborateur douteux », par l'ambassadeur Otto Abetz et interdit d'antenne pour la radiodiffusion d'une conférence que l'institut franco-allemand Epting lui demande sur le blocus de l'Europe.
Il découvre en même temps le double jeu du régime de Vichy, sur les trusts, et désabusé, vend sa bibliothèque pour se procurer quelques ressources, quitte son appartement de Paris sans esprit de retour et se retire en octobre 1941 à Laval. En 1942, il est membre du comité directeur de la Ligue de la pensée française, située dans la mouvance du Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat. Pour contribuer à ses propres dépenses, après contrat passé avec l'éditeur nazi Édouard Didier des Éditions de la Toison d'Or de Bruxelles, il écrit un livre exclusivement technique malgré son titre pompeux La Révolution européenne qui paraît à la fin de 1942. Pour rompre la solitude dans laquelle il vit à Laval, il retrouve son appartement parisien pillé. Il lui faut à 79 ans recommencer à gagner sa vie. Ses anciens collègues de la Ligue des Droits de l'Homme et de la Confédération générale du travail lui ouvrent les colonnes de la France Socialiste où il signe un article hebdomadaire économique. Aussitôt, le Bulletin d'information antimaçonnique, aux ordres de la Propaganda Staffel, organise une vive campagne de presse contre lui et l'accuse de franc-maçonnerie. Les autorités allemandes exercent sur lui ensuite des sanctions jusqu'à la Libération.
A la fin d'août 1944, il est immédiatement dénoncé comme « collaborateur ». Le 6 octobre 1944, il est cité devant deux commissions d'épuration, celle du Comité de l'Union Douanière Européenne et celle du Fonds de la Recherche Scientifique qui l'une et l'autre, après enquêtes minutieuses, forment la conclusion d'un non-lieu en sa faveur. Il est cependant inculpé le 6 avril 1945 de « complot contre la sûreté de l'État ». Il était permis de penser que cette affaire allait déboucher sur un troisième non-lieu, quand il décède en 1947, éteignant ainsi l'action de toute juridiction exceptionnelle. Il sera longtemps considéré comme persona non-grata d'une partie de la gauche après la guerre. Francis Delaisi avait un fils, Pierre Delaisi, avec lequel il s'est brouillé au moment des accords de Munich; ils ne se sont plus revus jusqu'à sa mort. Pierre Delaisi (1903-1983), avocat à la Cour d'Appel de Paris, croix de guerre 1939-1945, chevalier de la légion d'honneur, a été prisonnier de guerre à l'Oflag XC de 1940 à 1945. Ce dernier a eu deux enfants: Jacques Delaisi et Geneviève Delaisi de Parseval, qui ont eu chacun trois enfants.