Doenitz Karl

Publié le par Mémoires de Guerre

Karl Dönitz, né le 16 septembre 1891 à Berlin-Grünau, mort le 24 décembre 1980 à Aumühle, Schleswig-Holstein, est un Großadmiral allemand, qu'Adolf Hitler désigna par testament comme son successeur à la tête du Troisième Reich. Karl Dönitz est honoré du titre de grand-amiral dans l'Allemagne nazie, bien qu'il n'ait adhéré que tardivement au parti national-socialiste. Il est le commandant en chef des sous-marins (Befehlshaber der Unterseeboote) de la Kriegsmarine pendant la première partie de la Seconde Guerre mondiale. Sous son commandement, la flotte des U-Boote participe à la bataille de l'Atlantique, en essayant notamment de priver le Royaume-Uni des approvisionnements indispensables venant des États-Unis et d'ailleurs. Début 1943, il succède au grand-amiral Raeder à la tête de la Kriegsmarine. Il devient enfin pendant vingt-trois jours président du Reich dans le gouvernement de Flensbourg, après le suicide d'Adolf Hitler et conformément au testament politique de ce dernier. Après la guerre, il est condamné lors du procès de Nuremberg pour crimes de guerre et est emprisonné dix ans pour sa participation à la guerre sous-marine illimitée menée par l'Allemagne. 

Doenitz Karl
Enfance

Karl Dönitz est le fils cadet d'un ingénieur spécialisé dans l'optique, Emil Dönitz. Il perd sa mère à l'âge de trois ans, et son père élève seul ses deux fils, car il ne se remarie pas. Il fait ses études à Iéna, puis dans un lycée classique à Weimar, où sa famille déménage, lorsqu'il a quinze ans. Il y passe son Abitur (équivalent du baccalauréat français ou du diplôme d'études secondaires canadien) en 1910. 

Carrière

Entrée dans la Marine

Il est admis le 1er avril 1910 dans la Marine impériale qui s'ouvre, contrairement à l'armée de terre dont l'encadrement est majoritairement assuré par des Junkers, aux fils de la classe moyenne qui veulent devenir officiers. Il commence sa formation sur le SMS Hertha. C'est ici qu'il rencontre le lieutenant de vaisseau Wilfried von Loewenfeld qui l'aidera plus tard dans sa carrière. Il est ensuite aspirant à l'école navale de Flensbourg et navigue sur le petit croiseur SMS Breslau d’octobre 1912 à l'automne 1913. Il y devient officier de transmission. 

Le SMS Breslau rallie en novembre 1912 la division de la Méditerranée pour défendre les intérêts allemands lors du soulèvement qui venait de se produire en Albanie. Il participe au blocus de Scutari avec la marine anglaise. Ensuite Dönitz continue son service sur le SMS Breslau, où il se trouve lorsque parvient la nouvelle de l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo. Dönitz fait partie de la jeunesse allemande marquée par la Weltpolitik et les plans d'Alfred von Tirpitz, et a un rapport particulier à l'Angleterre, qu'il voit comme une rivale, et qu'il regarde parfois avec admiration. 

Première Guerre mondiale

Jeune officier de la Kaiserliche Marine pendant la Première Guerre mondiale, il sert sur le croiseur SMS Breslau en mer Méditerranée, puis dans les Dardanelles et en mer Noirea . Dönitz est l'un des officiers du Korvettenkapitän von Klitzing, puis du capitaine de corvette Wolfram von Knorrb qui le choisit comme adjoint, remarquant ses compétences. À partir d'octobre 1916, il rentre en Allemagne, où il est affecté à la nouvelle arme sous-marine. Il passe quelques mois à bord du U-39 au sein duquel il effectue cinq patrouilles entre janvier et décembre 1917. Il prend ensuite le commandement du UC-25 avec lequel il effectue deux patrouilles entre mars et septembre 1918 et coule quatre navires. Le 5 septembre 1918, il est nommé commandant du UB-68, qu'il est contraint de saborder le 4 octobre 1918. Fait prisonnier, il est emmené en détention à Malte où il reste prisonnier de guerre chez les Britanniques jusqu'à sa libération en juillet 1919. Il retourne en Allemagne vers 1920. 

Un stratège visionnaire de l'entre-deux-guerres

Avant le second conflit mondial, Karl Dönitz publia un livre Die U-Boot Waffe (l'arme sous-marine) dans lequel il insista pour convertir la flotte de surface presque entièrement en une grande flotte de sous-marins. Il défendit la stratégie de n'attaquer que la marine marchande, cible moins dangereuse que les grandes flottes cuirassées de l'Empire britannique. Il mit en avant que la destruction de la flotte de pétroliers priverait la Royal Navy de son carburant pour approvisionner ses navires, ce qui serait finalement aussi efficace que de les couler. Durant la montée au pouvoir d'Adolf Hitler, il se montra d'abord méfiant, comme une grande partie de la marine, très influencée par les Junkers et attachée à l'Empire. Il fut assez vite conquis par l'éloquence de celui-ci, qu'il voyait comme l'homme qui pourrait restaurer la grandeur de l'Allemagne, et devint un acteur majeur de la politique militaire du führer. 

Seconde Guerre mondiale

Au début de la Seconde Guerre mondiale, quand le Royaume-Uni se trouva seul face à l'Axe, Dönitz calcula que s'il coulait 500 000 tonnes de navires marchands britanniques, le Royaume-Uni ne pourrait tenir bien longtemps sachant qu'il ne pouvait fabriquer que 1 500 000 tonnes de navires par an et que Roosevelt avait déjà fourni à Churchill plus de 50 destroyers jugés démodés par le Congrès. Les destroyers étaient bien les adversaires des sous-marins que craignait l'amiral, car ils se moderniseraient vite et limiteraient progressivement l'efficacité des U-Boots. Malgré l'entrée en guerre des États-Unis, Dönitz continua de détruire une bonne partie des convois de l'Atlantique car ceux-ci étaient mal protégés. Plusieurs U-Boote patrouillèrent même près de la Floride et coulèrent un liberty ship devant des milliers de baigneurs près d'une plage. Il affirma qu'avec une flotte de 300 des nouveaux U-Boote type VII, l'Allemagne mettrait le Royaume-Uni « sur la touche ».

Afin de neutraliser et accabler les vaisseaux d'escorte, les destroyers de plus en plus redoutables, soutenus par l'aviation embarquée sur les porte-avions, il imagina une nouvelle tactique, l'attaque groupée en meute ou Rudeltaktik (en anglais Wolfpack). À l'époque beaucoup pensaient, en Allemagne, que cette stratégie était une marque de faiblesse, y compris son supérieur hiérarchique, le grand-amiral Erich Raeder. Les deux s'opposèrent constamment pour les priorités budgétaires. Raeder avait pourtant une attitude assez pessimiste ; il ne croyait pas, par exemple, que les cuirassés, navires de prestige, étaient vraiment utiles vu leur faible nombre comparativement avec la flotte britannique. Il aurait notamment déclaré que tout ce que les cuirassés pouvaient faire était de mourir vaillamment. Dönitz n'avait pas un tel fatalisme, car il pensait que l'attaque des convois de munitions et de pétrole en route vers Mourmansk au large de l'Île aux Ours et le cap Nord serait une occasion à saisir pour les grands navires de surface basés dans les fjords de Norvège. L'intervention de l'aviation dans la lutte anti-sous-marine (ASM) fera bientôt une hécatombe d'U-Boote. 

Commandant en chef, marine de guerre allemande, 1943 à 1945

Le 30 janvier 1943, Dönitz remplace Raeder comme Oberbefehlshaber der Kriegsmarine, commandant en chef de la Kriegsmarine, et à la tête de l'Oberkommando der Marine (OKM), le haut commandement de la marine allemande ; il est alors promu Großadmiral. Transformant la marine en bastion nazi, il est sensible au bien être des marins qu'il a sous ses ordres. En 1943, la guerre de l'Atlantique prit un tournant défavorable, les Allemands accumulant les pertes de sous-marins et d'équipages. Dönitz continuait cependant à pousser à la construction de U-Boote et à la poursuite des améliorations techniques. À la fin de la guerre, la flotte allemande de sous-marins était de loin la plus avancée du monde et les modèles Unterseeboot type XXI servirent de modèle pour les sous-marins soviétiques et américains d'après-guerre. Il tente ainsi de faire de la marine une armée animée par la volonté de vaincre les ennemis du Reich, ou, à défaut, de se battre jusqu'à la dernière extrémité. Il adhère formellement au parti nazi au début de 1944. Peu de temps avant l'attentat du 20 juillet 1944, ses pouvoirs sur la Marine sont encore renforcés, car il est responsable pour cette dernière de la mobilisation idéologique, à l'ordre du jour durant le début de l'été 1944 : il parvient ainsi à éviter que les compétences de Himmler dans ce domaine concernent la marine de guerre.

Au cours de l'été 1944, puis lors de la fermeture de la poche de Courlande, il défend l'opportunité de maintenir une présence militaire du Reich dans les pays baltes pour des raisons économiques : à cette date, la poche non seulement joue un rôle dans la sécurisation des voies de communications maritimes au départ des pays riverains de la Baltique, vitaux pour l'économie du Reich9 (fer suédois, nickel finlandais, huile de schiste estonien), mais est aussi pensée comme une base d'entraînement pour des nouveaux sous-marins destinés à renverser le cours de la guerre. Ainsi, le ravitaillement des poches allemandes le long des côtes de la mer Baltique (en Courlande et dans le Reich, à partir de la mi-janvier 1945) constitue sa principale priorité : le 22 janvier, Hitler lui donne même son accord pour évacuer les civils par la mer uniquement si cela ne gène pas les unités combattantes ; de plus, au cours de cette rencontre, Hitler et lui s'accordent pour réserver les réserves de charbon en priorité aux opérations militaires. Nazi radical, partisan jusqu'au-boutiste de la guerre contre l'Union soviétique, admiré pour cela par Bormann (qui fait suivre ses rapports de situation aux Gauleiter), soutien fidèle de Hitler (malgré ses affirmations d'après-guerre), il joue un rôle dans la répression du complot du 20 juillet, en prononçant un discours de soutien au régime le soir du jour de l'attentat. 

Au cours des premiers mois de l'année 1945, il justifie sa volonté de poursuivre le conflit par un net antibolchevisme, fortement teinté de racisme anti-slave et par une anglophobie prononcée. Ce jusqu'au-boutisme s'exprime jusque dans les dernières semaines du conflit, dans le courant du mois d’avril 1945 : le 7 avril, dans un ordre du jour aux unités placées sous ses ordres, il rappelle la nécessité de la résistance à outrance, le 12 avril, il rejoint Hitler dans son obsession de la lutte contre l'ennemi bolchevique (il promeut à un poste d'autorité lors de son retour, un soldat prisonnier, coupable d'avoir assassiné des prisonniers communistes en Australie), et se place dans la perspective d'une lutte à outrance, seule solution contre le chaos qui menacerait le Reich. Lors d'une des premières réunions avec des Gauleiter du Nord du Reich, le 25 avril, à la question de l'opportunité de déposer les armes, dans l'intérêt du peuple, il rappelle les prérogatives de Hitler dans ce domaine, tout en manifestant sa volonté de se conformer à ses ordres. Le 15 avril 1945, il reçoit délégation de pouvoirs de Hitler pour assumer la responsabilité de la défense allemande dans le Nord du Reich, si ce dernier venait à être coupé en deux, hypothèse plus que vraisemblable à cette date. 

Successeur désigné par Hitler

Dans les derniers jours d'avril, replié à Plön, Dönitz prend de nombreuses dispositions pour permettre au Reich de continuer de se battre le plus longtemps possible, voyant arriver à lui, dans les derniers jours précédant l'encerclement de Berlin, les services de l'OKW, et certains ministres du Reich. Ce point de ralliement devient l'un des centres de pouvoir au sein d'un Reich alors en pleine implosion, avec de multiples centres ayant hérité de parcelles du pouvoir centralisé. Dans son testament final du 29 avril 1945, Hitler choisit Dönitz, fidèle soutien y compris dans la dernière semaine du conflit comme son successeur au poste de président du Reich et donc nouveau Führer, montrant à quel point il était devenu suspicieux à l'encontre de Göering et Himmler. Informé par Bormann le 30 avril en fin d'après-midi que Hitler l'avait désigné par testament pour lui succéder, juste avant de se suicider vers 15 h 30 (alors qu'il venait de lui adresser, dans la matinée, un message de soutien; Bormann lui confirme que le testament de Hitler entre en vigueur), Dönitz forme alors un gouvernement provisoire connu sous le nom de gouvernement de Flensburg, dirigé par Goebbels (jusqu'au 1er mai), puis par Schwerin von Krosigk (jusqu'au 23 mai). 

Président du Reich (du 1er au 23 mai 1945)

En accord avec son serment de fidélité, il s'était opposé à toute sortie du conflit contre l'avis de Hitler ; une fois celui-ci disparu, il estime disposer de l'autorité pour en négocier une avec les puissances occidentales, comme en dispose sa proclamation du 1er mai. Cette politique l'incite à se rapprocher des alliés occidentaux pour tenter d'entrevoir les redditions que ces derniers pourraient accepter. Dönitz — seule solution de rechange aux yeux de Hitler après les trahisons et les démonstrations d'incapacité de Himmler et Göering, apprécié par le Führer, ayant fait preuve d'une fidélité à toute épreuve, même dans la défaite — est nommé président du Reich par le testament du 29 avril 1945. À peine nommé, il met en place son propre cabinet, constitué le 5 mai : dans ce dernier, certains responsables désignés par Hitler sont écartés, tandis que des SS de haut-rang, ainsi que Keitel et Jodl, marquent par leur présence la continuité avec le passé.

Dönitz consacre son énergie à ce que les troupes allemandes se rendent aux Alliés occidentaux et non aux Soviétiques, avant tout pour que les prisonniers allemands soient traités selon les conventions internationales, et non massacrés ou déportés en Sibérie. Peut-être songe-t-il déjà donner à l'armée allemande une place importante dans le futur affrontement entre l'Occident et l'URSS qu'à l'instar de Hitler il espérait. Ainsi, le 2 mai, il définit sa politique : négocier la paix à l'Ouest et diriger tous les moyens disponibles vers l'est, pour permettre à un maximum d'Allemands de se trouver dans les zones contrôlées par les Alliés occidentaux. En accord avec ses projets de négociation de paix séparée, le 4 mai, il ordonne aux sous-marins, à la grande incrédulité de leurs équipages, de cesser la guerre sous-marine et de se constituer prisonniers des Alliés. Il est conforté dans ses vues par les redditions partielles de l'armée de Wenck, de celle de Buße, du groupe d'armées G et des troupes stationnées en Italie.

Pendant les huit jours précédant la capitulation, Dönitz emploie la marine à évacuer le maximum de réfugiés allemands fuyant l'avancée de l'Armée rouge : il s'agit de l'opération Hannibal. Il fait aussi en sorte que le maximum de soldats soient ramenés vers le front occidental, afin qu'ils tombent entre les mains des Anglo-Américains plutôt que des Soviétiques : cette tactique permet de ne laisser à l'Armée rouge que le tiers du total des prisonniers allemands, alors que le front de l'Est mobilisait depuis 1941 la majorité des forces terrestres du Reich. Ainsi, ces atermoiements entre le 4 et le 7 mai sont en réalité motivés par sa volonté de négocier le passage derrière les lignes américaines du maximum d'unités et de soldats allemands : la date d'effet de la capitulation de Reims, le 9 mai à 0 h 1 (heure de Londres), est fixée après l'accord de Dönitz. Il tente alors d'organiser la retraite vers l'ouest des forces stationnées en Tchécoslovaquie, mais se heurte à la désorganisation des zones tenues par les Allemands en raison de l'insurrection de Prague et de la rapidité de l'avance soviétique en Bohême.

Mais dans le même temps, Dönitz ordonne aux tribunaux militaires et aux commandos de la marine d'exécuter sommairement les jeunes soldats allemands qui osent déserter un combat sans espoir, dans le droit fil des pendaisons de civils défaillants pratiquées par les SS au cours des récentes batailles de rues de Vienne et Berlin. Le 5 mai, il fait capituler les armées de l'Ouest à Lüneburg devant les forces du général Montgomery. Mais allant à l'encontre de ses espoirs de paix séparée, les Alliés n'en continuent pas moins d'exiger une capitulation globale et inconditionnelle. À contre-cœur, Dönitz envoie le général Jodl signer celle-ci à Reims le 7 mai, acte confirmé le lendemain à Berlin par le chef du Haut commandement de la Wehrmacht, le Generalfeldmarschall Keitel. S'il finit par révoquer officiellement Himmler (qui s'efforçait de négocier une reddition en son nom propre) le 5 mai, il ne dissout ni les SS ni le NSDAP

Les portraits de Hitler restent accrochés aux murs du gouvernement de Flensbourg jusqu'à sa dissolution le 23 mai, et le salut nazi reste en vigueur sauf dans l'armée, où il est abandonné dès le 3 mai, malgré les consignes de certains commandants, par exemple Lindemann, commandant les unités stationnées en Norvège. Quelques jours après la capitulation, pour sauver l'existence du gouvernement de Flensbourg, Dönitz publie un communiqué exprimant son horreur des camps de concentration, mais rejette les fautes du régime hitlérien sur les seuls SS, et exonère les forces militaires traditionnelles de toute complicité. En réalité, ces dernières s'étaient rendues également coupables de nombreux crimes tout au long de la guerre. Le 23 mai, Dönitz est finalement arrêté en même temps que ses ministres Alfred Jodl et Albert Speer. La dissolution de son gouvernement met un point final à l'existence du IIIe Reich. L'Allemagne est alors placée sous le régime de l'occupation militaire avec à sa tête un Conseil de contrôle allié qui assure l'administration du territoire. 

Doenitz Karl
Procès

Le grand-amiral Karl Dönitz cite le protocole de Londres du 12 septembre 1944. Il précise pour sa défense : « À la fin de la guerre, j'ordonnai à la Kriegsmarine de ne détruire aucun journal d'opérations ni aucun autre document. Je justifiais mon ordre par l'affirmation que nous nous étions battus correctement, que nous avions, par conséquent, bonne conscience et rien à cacher. Ces instructions furent suivies [...] » — Karl Dönitz (op. cit. 1969, p. 1, 1er alinéa). Il confia sa défense au juge maritime allemand Otto Kranzbühler au tribunal de Nuremberg

Chefs d'accusation

En vertu de ce protocole, ont été définis, selon lui :

« les chefs d'accusation suivants :

Dönitz ne fut inculpé que des chefs d'accusation suivants :

  • chapitre 1 : conjuration contre la paix ;
  • chapitre 2 : crimes contre la paix et
  • chapitre 3 : crimes contre les lois de la guerre

Le chef de crimes contre l'humanité (point 4) ne fut pas retenu contre lui et il fut acquitté du crime de conjuration contre la paix. La charge principale était l'ordre qu'il avait donné de ne pas secourir les naufragés des navires coulés par la Kriegsmarine. Ceci est une suite du torpillage du RMS Laconia en 1941. Dönitz signale dans ses mémoires qu'après le torpillage, le sous-marin vainqueur avait commencé à repêcher l'équipage du Laconia, en arborant un drapeau de la Croix-Rouge ; mais, sur ordre de Churchill, des avions anglais en profitèrent pour l'attaquer sans souci des civils — en réalité, l'attaque fut menée par un bombardier américain sous commandement local. Le sous-marin fut alors obligé de plonger.

Dönitz fut aussi accusé d'avoir attaqué d'innocents navires de commerce. Son défenseur montra que dès le début du conflit, les cargos anglais étaient militarisés et il ne fut plus inquiété sur ce point. « L’amiral Karl Dönitz se retrouve avec vingt autres responsables nazis dans le box des accusés devant le tribunal militaire international de Nuremberg, et est accusé de guerre totale sous-marine, contraire aux lois de la guerre. Il sera reproché à Dönitz qu’une fois l’opération de sauvetage terminée il avait donné l’ordre Triton Null précisant qu’aucune tentative ne devait être faite pour sauver les passagers des navires coulés. » — RMS Laconia (9 juin 1941). Pour sa défense, Dönitz produisit notamment une lettre officielle de l'admiral américain Chester Nimitz qui affirmait que les États-Unis avaient donné la même consigne et en particulier lorsque la sécurité des sous-marins était en cause. 

Verdict

Le tribunal le jugea coupable de « crimes contre la paix » et de crimes de guerre pour lesquels il fut condamné et fit dix ans à la prison de Spandau. Son temps de détention préventive (un an et quatre mois) ne fut pas décompté. Il reprochera aux autorités de l'Allemagne fédérale de n'avoir rien fait pour lui obtenir une libération anticipée. Ses mémoires, intitulés Dix ans et vingt jours, furent publiés en Allemagne en 1958. Il fit tous ses efforts pour répondre aux questions que ses collègues lui posaient au fil des années. 

Mort

Karl Dönitz meurt d'une attaque cardiaque le 24 décembre 1980, à Aumühle, village proche de Hambourg où repose Bismarck le chancelier de l'unification de l’Allemagne. Lors de ses obsèques, le 6 janvier 1981, environ 5 000 personnes sont présentes. Les militaires de la Bundeswehr sont autorisés à assister à la cérémonie pourvu qu'ils ne portent pas leur uniforme ; de nombreuses associations sont présentes : des anciens marins de la Seconde Guerre mondiale, des Allemands qui avaient été évacués de l'Est de l'Europe à partir des ports polonais les derniers jours de la guerre — il y en eut en tout près de deux millions et demi, venant notamment de Prusse-Orientale ; une personnalité est également très remarquée, l’ancien as de la Luftwaffe et le militaire allemand le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale, Hans-Ulrich Rudel

La position de l'Allemagne fédérale dans l'après-guerre

En 1955, les accords de Paris ratifient l'entrée de l'Allemagne fédérale dans l'OTAN, et par conséquent autorisent son réarmement. À la création de la Bundesmarine, en janvier 1956, par Theodor Blank, ministre de la Défense de la toute nouvelle Bundeswehr, le capitaine de vaisseau Karl-Adolf Zenker prononça un discours qui inscrivait résolument la Marine militaire allemande dans le cadre d'une tradition remontant à 1848, et qui incluait donc la Kriegsmarine du Troisième Reich. Il présenta explicitement comme un martyr le grand amiral Dönitz, alors en prison à Spandau. Ce discours déclencha une vive polémique dans les médias et fut finalement formellement désapprouvé par le ministre de la Défense le 18 avril 1956.

Le 25 novembre 1958, le gouvernement fédéral fit paraître une note dans le Bulletin d'information : « Les anciens grand-amiraux Dönitz et Raeder ne sont pas des exemples pour la Marine Allemande » car « ils ont approuvé avec insistance la politique antisémite du régime national-socialiste », balayant ainsi tout espoir de Dönitz d'être rappelé pour tenir un rôle dans la Bundesmarine. La position officielle de l'Allemagne fédérale quant au grand-amiral Dönitz n'était cependant pas sans déclencher des passions, comme en témoigne la vive émotion suscitée par la décision de refuser les honneurs militaires à ses obsèques. 

Vues idéologiques

Controverse

Le témoignage du journaliste Guido Knopp, dans son documentaire sur Dönitz (1996), deuxième épisode de la série consacrée aux Complices de Hitler (Grancher, 1999), brosse de l'amiral un portrait sensiblement éloigné de celui de l'honnête soldat apolitique que ce dernier se complaisait à tracer de lui-même après la guerre. Göering avait confirmé au cours du procès que, d'amiral compétent, Dönitz était réellement devenu un nazi de cœur, même sans adhérer au NSDAP, et que, sans cette adhésion idéologique de fait, jamais il n'aurait gardé son poste ni n'aurait pu être désigné comme le successeur de Hitler

Aspect familial

C'est une famille de marins, d'officiers de marine, qui constitue la descendance de l'amiral Karl Dönitz ; deux de ses fils sont morts au combat :

  • son fils aîné, Klaus, enseigne de vaisseau de première classe, est mort le 12 mars 1944 dans l'affrontement de la vedette lance-torpilles S-141 et du torpilleur La Combattante des FNFL au large de l'île de Wight ;
  • son fils cadet, Peter, enseigne de vaisseau de première classe est mort dans le naufrage du U-954f, survenu pendant la bataille de l'Atlantique le 19 mai 1943 alors qu'il était officier de quart ;
  • son gendre Günther Hessler, époux de sa fille Ursula, ancien capitaine de frégate et commandant de sous-marins, a survécu à la guerre : il a été détenu un an et a témoigné au procès de Nuremberg en défendant la conduite de la guerre sous-marine et, comme conséquence, son beau-père, à qui il a donné trois petits-enfants.
Karl Dönitz avec sa femme, en octobre 1956 à sa sortie de la prison de Spandau

Karl Dönitz avec sa femme, en octobre 1956 à sa sortie de la prison de Spandau

Résumé de sa carrière militaire
  • Fähnrich zur See (aspirant) 15 avril 1911
  • Leutnant zur See (enseigne de vaisseau de 2e classe) 27 septembre 1913
  • Oberleutnant zur See (enseigne de vaisseau de 1re classe) 22 mars 1916
  • Kapitänleutnant (lieutenant de vaisseau) 1er janvier 1921
  • Korvettenkapitän (capitaine de corvette) 1er novembre 1928
  • Fregattenkapitän (capitaine de frégate) 1er octobre 1933
  • Kapitän zur See (capitaine de vaisseau) 1er octobre 1935
  • Kommodore (grade inexistant en France) 28 janvier 1939
  • Konteradmiral  (contre-amiral) 1er octobre 1939
  • Vizeadmiral (vice-amiral) 1er septembre 1940
  • Admiral (vice-amiral d'escadre) 14 mars 1942
  • Großadmiral (grade inexistant en France, à rapprocher du grade vacant d'amiral de France) 30 janvier 1943
Distinctions
  • Croix de fer 2e classe en 1914
  • Croix de fer 1re classe en 1916
  • Croix de fer d'honneur en 1939
  • Croix de chevalier de la croix de fer en 1940
  • Croix de chevalier de la croix de fer avec feuilles de chêne en 1943
  • Bâton de grand-amiral en 1943
  • Badge d'or du parti nazi en 1944

Publié dans Militaires

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