John le Carré

Publié le par Mémoires de Guerre

David John Moore Cornwell, dit John le Carré, est un romancier britannique, né le 19 octobre 1931 à Poole et mort le 12 décembre 2020 à Truro dans les Cornouailles. Durant les années 1950 et 1960, Cornwell a travaillé pour le MI5 et le MI6 et a commencé à écrire des romans sous le pseudonyme de « John le Carré ». Son troisième roman, L'Espion qui venait du froid (1963), est devenu un best-seller international et demeure l'une de ses œuvres les plus connues. 

John le Carré
Carrière

John le Carré dit qu'il n'a pas connu sa mère, qui l'a abandonné quand il avait cinq ans, jusqu'à leur re-connaissance quand il eut 21 ans. Sa relation avec un père tyrannique dont il fera le portrait dans Un pur espion (1986) fut difficile. L'homme, qui avait été emprisonné pour fraude à l'assurance, était un associé des jumeaux Kray (faisant partie des criminels les plus en vue à Londres dans les années 1950-1960) et était continuellement endetté. Son père l'envoya dans des écoles privées pour le sortir de ce milieu.

Il quitte son foyer pour suivre des cours à la Sherborne School avant d'aller étudier l'allemand et le français à l'université de Berne en Suisse de 1948 à 1949. Il rejoint ensuite l'université d'Oxford au Royaume-Uni avant d'enseigner quelque temps au collège d'Eton puis de rejoindre le Foreign Office pendant cinq ans. Il est recruté par le Secret Intelligence Service alors qu'il est en poste à Hambourg. C'est en service actif qu'il écrit son premier roman (L'Appel du mort) en 1961. Sa carrière au sein du service de renseignement britannique prend fin après que sa couverture a été compromise par un membre du MI5, Kim Philby, également agent du KGB.

John le Carré est l'auteur de nombreux romans d'espionnage se déroulant dans le contexte de la Guerre froide, en particulier ceux mettant en scène George Smiley dans la « Trilogie de Karla » (La Taupe, Comme un collégien, Les Gens de Smiley) et dans d'autres romans. Son œuvre est à l'opposé de la mythologie de l'espion à la James Bond : ses héros sont bien plus complexes et beaucoup plus discrets. La structure de ses romans est très élaborée et l'action n'y tient qu'une place réduite. Le Carré a trouvé, après la fin de la Guerre froide, à élargir son inspiration vers des sujets plus contemporains.

En avril 2018, il publie un nouveau roman, L'Héritage des espions. Cet ouvrage, suite de L’Espion qui venait du froid, revient sur l'opération « Windfall ». Au moment où Smiley et Guillam coulent une retraite tranquille, elle les rattrape. Car si « Windfall » a été pour l’Occident « une manne de renseignements en or », elle s’est aussi soldée par de lourds « dommages collatéraux ». John le Carré meurt des suites d’une pneumonie au Royal Cornwall Hospital à Truro dans les Cornouailles, le 12 décembre 2020, à l’âge de 89 ans. 

Positions politiques

En janvier 2003, The Times publie un article de John le Carré, intitulé « Les États-Unis sont devenus fous », qui condamne la guerre à venir en Irak. L'écrivain juge ainsi que « la manière dont Bush et sa junte ont réussi à dévier la colère de l'Amérique, de Ben Laden à Saddam Hussein, est l'un des meilleurs tours de passe-passe de relations publiques de l'histoire. » En 2006, il contribue avec un article à un volume d'essais politiques intitulé Pas une mort de plus. Le livre est très critique envers la guerre d'Irak.

Il reviendra par la suite sur le rôle des services secrets américains et britanniques dans le déclenchement de cette guerre. Depuis la fin de la guerre froide, John le Carré s'est exprimé à plusieurs reprises de manière critique envers l'OTAN : « Et il faudrait surtout se débarrasser de ce dinosaure qu'est l'OTAN. Cessons de nous croire, nous, Européens, en opposition avec la Russie, et rapprochons-nous d'elle. » Il condamne de manière générale l'inféodation du Royaume-Uni aux États-Unis : « … Notre politique étrangère se décide à Washington. Et il n’y a rien de plus triste. Il faut parvenir à nous détacher enfin de cette emprise. » 

Famille

Son fils Nicholas Cornwell est un écrivain de science-fiction et de fantasy, connu sous le pseudonyme de Nick Harkaway. 

Éditeurs

En 2009, John le Carré quitte Hodder & Stoughton, son éditeur anglais depuis trente-huit ans, pour le groupe Penguin et Viking Press.

John le Carré
Publications

Romans

  • L'Appel du mort, Gallimard, coll. « Panique », 1963 ( Call for the Dead, 1961), trad. Catherine Grégoire, 192 p.
  • Chandelles noires, Gallimard, coll. « Panique », 1963 ( A Murder of Quality, 1962), trad. Maurice Rambaud et Marcel Duhamel, 187 p.
  • L'Espion qui venait du froid, Gallimard, 1964 ( The Spy who Came in from the Cold, 1963), trad. Marcel Duhamel et Henri Robillot, 239 p.
  • Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur roman 1965
  • Le Miroir aux espions, Robert Laffont, 1965 ( The Looking-Glass War, 1965), trad. Jean Rosenthal, 349 p.
  • Une petite ville en Allemagne, Robert Laffont, 1969 ( A Small Town in Germany, 1968), trad. Jean Rosenthal, 445 p.
  • Un amant naïf et sentimental, Robert Laffont, 1972 ( The Naive and Sentimental Lover, 1971), trad. Jean Rosenthal, 527 p.
  • La Taupe, Robert Laffont, coll. « Best-sellers », 1974 ( Tinker, Tailor, Soldier, Spy, 1974), trad. Jean Rosenthal, 381 p.
  • Comme un collégien, Robert Laffont, coll. « Best-sellers », 1977 ( The Honourable Schoolboy, 1977), trad. Jean Rosenthal, 495 p.
  • Prix James Tait Black 1977
  • Les Gens de Smiley, Robert Laffont, coll. « Best-sellers », 1980 ( Smiley's People, 1979), trad. Jean Rosenthal, 374 p. (ISBN 2-221-00457-4)
  • La Petite Fille au tambour, Robert Laffont, coll. « Best-sellers », 1983 ( The Little Drummer Girl, 1983), trad. Natalie Zimmermann et Lorris Murail, 484 p. (ISBN 2-221-01103-1)
  • Un pur espion, Robert Laffont, coll. « Best-sellers », 1986 ( A Perfect Spy, 1986), trad. Natalie Zimmermann, 535 p. (ISBN 2-221-04903-9)
  • La Maison Russie, Robert Laffont, coll. « Best-sellers », 1989 ( The Russia House, 1989), trad. Mimi Perrin et Isabelle Perrin, 381 p. (ISBN 2-221-05977-8)
  • Le Voyageur secret, Robert Laffont, coll. « Best-sellers », 1991 ( The Secret Pilgrim, 1990), trad. Mimi Perrin et Isabelle Perrin, 334 p. (ISBN 2-221-07031-3)
  • Le Directeur de nuit, Robert Laffont, coll. « Best-sellers », 1994 ( The Night Manager, 1993), trad. Mimi Perrin et Isabelle Perrin, 496 p. (ISBN 2-221-07608-7)
  • Notre jeu, Seuil, 1996 ( Our Game, 1995), trad. Mimi Perrin et Isabelle Perrin, 364 p. (ISBN 2-02-024781-X)
  • Le Tailleur de Panama, Seuil, 1998 ( The Tailor of Panama, 1996), trad. Mimi Perrin et Isabelle Perrin, 427 p. (ISBN 2-02-035286-9)
  • Single & Single, Seuil, 1999 ( Single & Single, 1999), trad. Mimi Perrin et Isabelle Perrin, 391 p. (ISBN 2-02-036203-1)
  • La Constance du jardinier, Seuil, 2001 ( The Constant Gardener, 2001), trad. Mimi Perrin et Isabelle Perrin, 488 p. (ISBN 2-02-049575-9)
  • Une amitié absolue, Seuil, 2004 ( Absolute Friends, 2003), trad. Mimi Perrin et Isabelle Perrin, 372 p. (ISBN 2-02-063343-4)
  • Le Chant de la mission, Seuil, 2007 ( The Mission Song, 2006), trad. Mimi Perrin et Isabelle Perrin, 345 p. (ISBN 978-2-02-089822-5)
  • Un homme très recherché, Seuil, 2008 ( A Most Wanted Man, 2008), trad. Mimi Perrin et Isabelle Perrin, 358 p. (ISBN 978-2-02-098051-7)
  • Un traître à notre goût, Seuil, 2011 ( Our Kind of Traitor, 2010), trad. Isabelle Perrin, 372 p. (ISBN 978-2-02-102768-6)
  • Une vérité si délicate, Seuil, 2013 ( A Delicate Truth, 2013), trad. Isabelle Perrin, 327 p. (ISBN 978-2-02-111392-1)
  • L'Héritage des espions, Seuil, 2018 ( A Legacy of Spies, 2017), trad. Isabelle Perrin, 320 p. (ISBN 978-2021371338)
  • Retour de service, Seuil, 2020 ( Agent Running in the Field, 2019), trad. Isabelle Perrin, 304 p. (ISBN 978-2-02-143319-7)

Théâtre

  • Le Bout du voyage, Robert Laffont, 1987 ( End of the Line, 1970), trad. Natalie Zimmermann, 130 p. (ISBN 2-221-04902-0)

Essai et mémoires

  • Une paix insoutenable, Robert Laffont, 1991 ( The Good Soldier, 1991), trad. Mimi Perrin et Isabelle Perrin, 128 p. (ISBN 2-221-07158-1)
  • Le Tunnel aux pigeons : Histoires de ma vie, Seuil, 2016 ( The Pigeon Tunnel: A Life of Writing, 2016), trad. Isabelle Perrin, 368 p. (ISBN 978-2021322989)
Adaptations

Télévision

  • Deux des romans de la « Trilogie de Karla », La Taupe et Les Gens de Smiley, ont été adaptés par la BBC en séries télévisées. Le rôle de Smiley est tenu par Alec Guinness.

Deux récentes adaptations en mini-série ont été diffusées à la télévision sur BBC One :

  • Le Directeur de nuit, intitulée The Night Manager et réalisée par Susanne Bier en 2016
  • The Little Drummer Girl, par Park Chan-wook en 2018

Cinéma

Publié dans Ecrivains

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