Reynaud Paul
Paul Reynaud, né le 15 octobre 1878 à Barcelonnette (Basses-Alpes) et mort le 21 septembre 1966 à Neuilly-sur-Seine, est un homme d'État français. Député des Basses-Alpes (aujourd'hui Alpes-de-Haute-Provence) puis de Paris, il est plusieurs fois ministre sous la Troisième République, notamment ministre des Finances en 1938 dans le gouvernement Daladier. Il est président du Conseil du 22 mars au 16 juin 1940, fonction qu'il cumule avec celle de ministre des Affaires étrangères puis de ministre de la Guerre. Au début de la Seconde Guerre mondiale, après la débâcle de juin, Paul Reynaud, alors en désaccord avec les principaux membres du gouvernement et responsables militaires quant à la conduite à tenir, démissionne et se voit remplacé par le maréchal Pétain, qui signe l’armistice. Durant l'occupation, il est d'abord emprisonné en France par le régime de Vichy, puis, à partir de 1942, en Allemagne par le IIIe Reich. Après la guerre, il retrouve un mandat de député, se faisant élire dans le Nord, ainsi que des responsabilités ministérielles.
Origines
La famille Reynaud est originaire du village de Saint-Paul, bourgade distante de 23 kilomètres de Barcelonnette. Paul Reynaud, de son nom complet Jean Paul Reynaud, est le petit-fils de Jean-Baptiste Reynaud (né en 1800), qui fut maire de sa commune, et le fils cadet d'Alexandre Reynaud (1840–1913) et d'Amélie Gassier (1848-1948). Son oncle, Hippolyte Gassier (1834–1907), fut conseiller général, député puis sénateur des Basses-Alpes. Jean-Baptiste Reynaud part chercher fortune au Mexique, où il reste de 1857 à 1875. Outre leur fils aîné Albert (né en 1876 et mort pour la France en 1914), le couple Reynaud-Gassier a également deux filles : Marthe Reynaud (née en 1879) et Léontine Reynaud (née en 1881).
Isolé sous la Troisième République
Diplômé de l'École des hautes études commerciales (HEC), il suit également des études de droit et devient avocat. Il s’inscrit au barreau de Paris. Il est élu en 1910 premier Secrétaire de la Conférence. Paul Reynaud épouse Jeanne Henri-Robert, la fille du bâtonnier Henri-Robert puis se tourne assez vite vers le monde de la politique. Conseiller général puis député des Basses-Alpes à la Chambre des députés avec le Bloc national d'abord en 1919, il est battu en 1924. Tentant de se représenter dans la Seine lors d'une élection partielle, il est de nouveau battu, cette fois par le célèbre communiste Jacques Duclos en 1926, puis est réélu de 1928 à 1940 comme député de Paris. Membre du parti de droite modérée Alliance démocratique (en 1934, il relance et prend la présidence de la Ligue républicaine nationale, fondée par Alexandre Millerand dix ans plus tôt), il se spécialisa vers deux domaines très différents, l'économie et la défense, pour lesquels il adopta tout de suite des positions hétérodoxes. Ainsi, il préconisa une dévaluation du franc pour affronter la crise de 1929, qui atteignit la France en 1931 alors que l'opinion resta très attachée au mythe du franc Poincaré depuis 1926. L'originalité de sa réflexion le marginalisa au parlement.
En dépit de cet isolement relatif, son talent d'orateur parlementaire ainsi que ses réseaux dans le monde de la finance et de l'industrie le rendent incontournable lors de la formation, toujours délicate, des gouvernements. Il fut ainsi plusieurs fois ministre sous la Troisième République et fut chargé des portefeuilles des Finances, des Colonies et de la Justice. C'était en tant que ministre des Colonies qu'il inaugura l'Exposition coloniale internationale de 1931 (on peut encore voir le salon qui lui servait de lieu de réception et de bureau au palais de la Porte Dorée). En décembre 1934, il rencontre le colonel de Gaulle qui cherche à faire valoir son point de vue sur l'utilisation des divisions blindées. Reynaud devient alors l'un des rares hommes politiques à se rallier à la stratégie de de Gaulle et propose de refondre la stratégie militaire en fonction d'une utilisation systématique des chars. En matières étrangères, il fait partie avec Georges Mandel des « bellicistes » qui refusent toute concession à l'Allemagne nazie qu'il perçoit comme le retour du pangermanisme anti-français. Dans l'opposition en 1936, il voyage en Europe pour mesurer la menace allemande.
En opposition avec Pierre-Étienne Flandin, qui plaide un accommodement avec l'Italie et même l'Allemagne, Reynaud refuse tout compromis affirmant : « La politique de paix à tout prix, c'est la politique de guerre ». Les accords de Munich sont une défaite pour lui, même s'il vote la confiance au Parlement pour les ratifier. Il est encore en rupture avec la ligne directrice de son parti et celle du parti radical-socialiste d'Édouard Daladier sur ce sujet. Nommé ministre des Finances en novembre 1938, il applique une énergique politique rigoriste par décrets-lois : dévaluation du franc, hausse des impôts, réarmement, économies drastiques sur d'autres postes, majoration du plafond des heures supplémentaires (+15 %). Un des points phares de sa politique est la fin de la semaine de 40 heures, qui est une provocation à l’égard des syndicats. En remontant la durée légale du travail hebdomadaire à 41,5 heures, il espérait remporter un affrontement avec la CGT, et se légitimer face au PCF qui avait voté contre les accords de Munich. La rupture au sein du Front populaire - déjà très fragilisé - est patente. La CGT n’évite pas le piège, et appelle à une grève générale pour le 30 novembre. Paul Reynaud gagne la bataille en licenciant les grévistes et en faisant évacuer par la force les usines occupées. Cette politique permet de financer le réarmement, grâce au retour des capitaux, et cette activité permet de relancer la croissance du PIB. Il déclare alors : « Croyez-vous que la France puisse à la fois maintenir son train de vie, dépenser 25 milliards d'armement et se reposer deux jours par semaine ? »
Seconde Guerre mondiale
En septembre 1939, il déclare : « Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ». Interrogé après la fin de la guerre sur cette phrase, Paul Reynaud affirma avoir toujours eu en tête qu'il s'agirait d'une guerre mondiale, continuation de la première. Paul Reynaud rencontre en février 1940 Winston Churchill à Versailles, en présence de quelques journalistes dont Lucien Romier, ils évoquent la ligne à suivre pendant la guerre et signent un pacte secret selon lequel lorsque l'armée française capitulera, le gouvernement français s'exilera à Londres, comme ceux de Tchécoslovaquie et de Pologne. Reynaud est nommé, le 22 mars 1940, président du Conseil et ministre des Affaires étrangères par le président Albert Lebrun. L'expédition militaire en Norvège était dans les cartons depuis le début de la guerre russo-finlandaise. Il s'agit d'aider la Finlande agressée par l'Union soviétique. Lorsque les Franco-Britanniques décident de mouiller des mines dans les eaux territoriales norvégiennes sans avoir obtenu l'autorisation du gouvernement d'Oslo, les Allemands interviennent au Danemark et en Norvège. Le but de l'opération franco-britannique de Narvik était d'interrompre l'approvisionnement de minerai de fer suédois vers l'Allemagne. Au Parlement, Reynaud proclame alors : « la route du fer est coupée ! ». Le 9 mai 1940, devant la tournure que prennent les événements, Paul Reynaud remet sa démission mais se rétracte devant l'insistance du président Lebrun et le début de l'offensive allemande aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg, le 10 mai 1940.
Reynaud a signé le 28 mars 1940 avec la Grande-Bretagne une convention selon laquelle aucun des deux pays ne signerait de paix séparée avec l'Allemagne. Daladier s'était toujours opposé à une telle convention, or Reynaud la signe sans faire préciser quelle serait la contribution britannique à la guerre, notamment du point de vue de l'aviation. Cette convention qui engage la France n'est même pas discutée au sein du Conseil des ministres ou présentée au Parlement alors qu'elle engage la France sur le plan international. Elle pèsera beaucoup sur les relations franco-britanniques. Après la percée de Sedan du 15 mai, qui voit les Panzerdivisionen prendre à revers les armées franco-belgo-britanniques en Belgique, il prend connaissance avec stupeur, de la bouche du commandant en chef français Gamelin, qu'il n'y a pas de réserve pour contre-attaquer, et cela en présence de Winston Churchill stupéfait comme lui. Il reprend alors le portefeuille de la Guerre à Édouard Daladier et, le 18 mai 1940, s'adjoint le maréchal Pétain comme vice-président, Georges Mandel, l'ancien chef de cabinet de Clemenceau, comme ministre de l'Intérieur, et le général de Gaulle, pour lequel il a une grande estime, comme sous-secrétaire d'État à la Guerre et à la Défense nationale, le 6 juin.
Entre-temps, le 28 mai, Reynaud, voulant ignorer les conséquences de la percée de Sedan, condamne dans un discours radiophonique la reddition de l'armée belge et accuse le roi des Belges, Léopold III, de n'avoir, soi-disant, pas prévenu les Alliés. Il est vraisemblable que Reynaud n'était pas tenu au courant de l'évolution de la situation de l'armée belge. Déjà, le 15 mai, il avait dû reconnaître, en présence du premier ministre britannique, Winston Churchill, qu'il ignorait la situation dramatique de l'armée française, qui n'avait plus de réserve. Reynaud, en ce 28 mai, ignorait aussi que le roi avait envoyé des messages radios au général Blanchard, commandant en chef des armées françaises du nord, pour le prévenir de l'effondrement imminent de son armée, qui venait de combattre pendant dix-huit jours, dont la bataille d'arrêt de la Lys. Au terme des quatre jours de cette bataille, les Belges commençaient à manquer de munitions, et l'armée britannique de lord Gort abandonnait leur droite, découvrant leur flanc sud pour retraiter vers Dunkerque en vue d'y rembarquer, sur ordre du gouvernement de Londres, dirigé par Churchill. On peut citer une phrase de lord Gort, qui dit à l'attaché militaire britannique en Belgique, l'amiral Sir Roger Keyes : « j'espère que les Belges ne nous prennent pas pour des salauds ».
En effet, rien n'était prévu pour sauver une partie de l'armée belge en l'embarquant avec les troupes britanniques. L'amiral français Abrial, commandant la place de Dunkerque, ne fut mis au courant de la décision de Londres que le 25 mai. Au départ, les Français n'ont pas l'ordre d'évacuer, ce qui n'arrive que le 28 et se heurte à une certaine mauvaise grâce de lord Gort et d'autres militaires britanniques. Environ 340 000 soldats alliés seront transportés lors de l'évacuation de Dunkerque, dont 130 000 à 140 000 Français, selon les sources, notamment grâce à l'engagement personnel de Churchill. C'est devant la situation désespérée de l'armée belge abandonnée, que le roi se résigna à faire signer la reddition par le sous-chef d'état-major belge, voulant montrer qu'il ne s'agissait que d'un acte limité au théâtre des opérations et sans portée politique. Cependant, Reynaud, sans connaissance des faits, condamne la reddition belge, suivi par les principaux membres du gouvernement belge réfugié à Paris, bien décidés à continuer la lutte avec les soldats belges (ce qui fut le cas, jusqu'en 1945, pour les aviateurs, les marins et les troupes coloniales, non impliqués dans la reddition, au contraire de ce qui allait se produire lors de l'armistice français qui ouvrait la porte à une entente avec l'Allemagne).
Par la suite, les ministres belges Paul-Henri Spaak et Hubert Pierlot expliquent s'être rangés derrière Reynaud par déception que le roi ne se soit pas soustrait à la captivité pour continuer la lutte avec eux, mais aussi pour dédouaner la Belgique de l'accusation de trahison, sous la menace clairement exprimée par Reynaud, de ne pouvoir empêcher la population française de prendre à partie les centaines de milliers de Belges (on a avancé qu'ils étaient des millions) réfugiés en France en transférant sur eux la responsabilité des événements. Cette affaire est à la base de ce qui sera appelé en Belgique la question royale, et qui divisera l'opinion publique jusqu'à l'abdication du roi en 1950 (après une consultation populaire lors de laquelle près de 58 % des votants se prononcent pour son maintien sur le trône). Néanmoins, à la suite du rembarquement de Dunkerque, l'armée française se trouva bientôt dans la même situation désespérée que l'armée belge auparavant. C'est alors que l'affrontement entre les partisans de la continuation des combats, comme Reynaud, Mandel et de Gaulle, et les tenants d'un armistice groupés autour de Pétain et Weygand, tourne à l'avantage de ces derniers tandis que le 10 juin, en prévision de l'entrée des Allemands à Paris, les pouvoirs publics se réfugient à Tours, puis à Bordeaux.
Conférence de Briare
Après l’évacuation de 340 000 Franco-Britanniques lors de la bataille de Dunkerque (31 mai–3 juin 1940), la Wehrmacht lance une offensive le 5 juin contre une armée française considérablement affaiblie, car un important matériel a été perdu en Belgique et dans les Flandres. Le 10 juin, le Gouvernement français, réfugié plus au sud, abandonne la capitale, déclarée ville ouverte. Winston Churchill et Anthony Eden arrivent à Briare (Loiret) pour conforter Paul Reynaud, le maréchal Pétain et le général Weygand, ces deux derniers partisans d’un armistice rapide pour éviter l’anéantissement. Churchill remarque immédiatement le seul membre du Gouvernement français à ne pas sombrer dans le pessimisme total, le général de Gaulle, tout récemment nommé sous-secrétaire d’État à la Guerre. Comme Churchill, celui-ci raisonne en termes planétaires et ne limite pas ce conflit, désormais mondial, à un simple enjeu franco-allemand. D’emblée, le général Weygand demande l’intervention massive de la RAF, seule susceptible de changer le cours de la bataille. Devant le refus de Churchill qui a un besoin absolu de ces 25 escadrilles de chasse pour la défense du Royaume-Uni, l’alliance franco-britannique se brise. En effet, au nom de la parole donnée, Churchill exigeait de Paul Reynaud le maintien de la France dans la guerre, mais au nom de l’intérêt suprême du Royaume-Uni, refusait de mettre tous ses moyens militaires dans la bataille de France, comme il les avait déjà refusés lors de la campagne des 18 jours lors de la bataille de Belgique.
Le jeudi 13 juin 1940, la France est en train de subir la plus grande défaite militaire de toute son histoire. Depuis un mois, les Allemands attaquent et envahissent le pays. Ils sont aux portes de Paris, qui est déclarée ville ouverte. Le gouvernement va à Bordeaux.
Armistice de 1940
Paul Reynaud tente alors de persuader Weygand de faire capituler ce qui reste de l'armée en métropole et de transférer la Flotte et l'Aviation en Afrique du Nord pour continuer la guerre. Weygand s'y oppose absolument au nom de « l'honneur de l'armée » et avance plusieurs arguments :
- arguments militaires : il n'existe aucune installation industrielle quelconque en Afrique du Nord pour continuer la guerre et une capitulation entraînerait l'occupation de tout le territoire, la reddition de toutes les troupes et la saisie de toutes les armes, y compris de la flotte. De plus, les troupes françaises présentes en Afrique du Nord sont très peu nombreuses et très mal équipées (elles ne seront réarmées qu'en 1943 par les Américains).
- arguments politiques : c'est le Gouvernement qui a pris la décision de la guerre, c'est lui qui doit prendre la décision de l'arrêter ; de plus depuis le 25 mars, un accord avec l’Angleterre exclut toute paix séparée ; comme argument supplémentaire, Weygand ajoute que tout le monde aura oublié Paul Reynaud dans les six mois à venir s'il quitte la France, à cause de l'instabilité ministérielle qui caractérise le régime. Paul Reynaud n'est pas soutenu par le Conseil des ministres et n'a pas voulu trancher dans le vif ce débat en révoquant Weygand.
La démission de Paul Reynaud et son remplacement par le maréchal Pétain, pour demander un armistice au Reich devint donc inévitable (16–17 juin), d'autant plus que comme Reynaud, le président de la République française Albert Lebrun et le président de la Chambre des députés Édouard Herriot pensent faire un coup politique en laissant Pétain faire la démonstration de l’impossibilité de négocier avec Hitler, puis revenir au pouvoir en fin de semaine. Jean Monnet, depuis Londres où le général de Gaulle est en mission, imagine et propose à Reynaud le projet d'Union franco-britannique, qui fusionnerait les nations et institutions françaises et britanniques pour continuer la guerre. Après l'échec le 16 juin 1940 de ce projet défendu par Winston Churchill et Charles de Gaulle, mais à vrai dire quasiment impossible à mettre en place dans une telle conjoncture, et face au ralliement progressif des membres de son gouvernement au souhait du maréchal Pétain de demander les conditions d'armistice, Paul Reynaud présente sa démission au président Lebrun qui l'accepte.
Le 28 juin 1940, alors qu'il a quitté Bordeaux, il est victime d'un accident de voiture à la Peyrade, entre Frontignan et Sète, dans lequel sa maîtresse, la comtesse Hélène de Portes (1902–1940) trouve la mort. Ils projetaient de se marier. L'enquête a démontré la non-responsabilité de Paul Reynaud. Le maréchal Pétain, nommé chef du gouvernement, propose à Reynaud le poste d'ambassadeur auprès des États-Unis que celui-ci refuse. Il se retire dans sa résidence du Plan, à Barcelonnette, mais est mis, dès le 22 juillet 1940, sous surveillance de la gendarmerie. Pétain craignait qu'il ne quitte la France, voire rejoigne de Gaulle à Londres. La zone étant démilitarisée, et Barcelonnette à 15 km seulement de la ligne de démarcation de la zone d'occupation italienne, la fuite aurait été aisée pour Reynaud. Le dispositif de surveillance est rapidement renforcé : renforts de la Sûreté, barrages routiers, et Reynaud est arrêté de nuit, le 7 septembre, pour être emprisonné au château de Chazeron (Puy-de-Dôme).
Il est ensuite transféré à Vals-les-Bains en Ardèche où il retrouve Mandel puis le 15 novembre 1941, au fort du Portalet dans les Basses-Pyrénées (actuelles Pyrénées-Atlantiques), accusé d'être l'un des responsables de la défaite. Après l'occupation de la zone libre en novembre 1942, il est pris par les Allemands et emprisonné au camp de Sachsenhausen, à une trentaine de kilomètres de Berlin. Le 11 mai 1943, il est transféré au château d'Itter, dans le Tyrol, où il retrouve Daladier, Gamelin et Jouhaux. En juillet, Christiane Mabire, collaboratrice et future femme de Reynaud, le rejoint à Itter. Les conditions de détention sont totalement différentes ; journaux et radio sont à disposition. Selon Reynaud « les maîtres se conduisent tout de même mieux que leurs valets de Vichy ». Il est libéré le 7 mai 1945 par les troupes américaines après la brève bataille d'Itter.
Après-guerre
Au sortir des années Vichy, Paul Reynaud doit, en dépit de sa déportation, faire face à l'hostilité que lui manifeste la droite. Par la suite, il siège de novembre 1946 à 1962 à l'Assemblée nationale en tant que député du Nord. Il devient ministre de l'Économie nationale et des Finances durant le bref gouvernement André Marie de l'été 1948. Au cours de la IVe République, il se joint au Centre national des indépendants et paysans puis le quitte au cours de la guerre d'Algérie à cause de la veine nationaliste qui fait main basse sur les débats au sein du parti à l'époque. Il siège dès 1952 à l'Assemblée commune de la Communauté européenne du charbon et de l'acier. Avec Albert Denvers, il obtient en 1956 la localisation définitive à Dunkerque du complexe Usinor de sidérurgie sur l'eau, de préférence au Havre.
Rallié aux conceptions institutionnelles de Charles de Gaulle en 1958, il préside le Comité consultatif constitutionnel. Il rompt avec le Général en 1962, et est battu par Jules Houcke (UNR) lors des législatives de novembre 1962, après s'être opposé à l'élection du président de la République au suffrage universel direct en étant le premier signataire de la motion de censure du 4 octobre 1962 (référendum du 28 octobre 1962). Il soutient ensuite Jean Lecanuet puis François Mitterrand lors de l'élection présidentielle de 1965. Il a appuyé la formation de Fraternité mondiale, un mouvement civique transnational fondé par des chrétiens et des juifs luttant notamment contre l'antisémitisme, dès sa formation à Paris en 1950 ; il est le président d'honneur de sa section parisienne et a participé à ses congrès.
Décès
Il meurt le 21 septembre 1966 à l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine des suites d'une opération de l'appendicite, à près de 88 ans. Les obsèques nationales ne lui sont pas accordées. Il est inhumé à Paris, au cimetière du Montparnasse (chapelle de la famille Alexandre Reynaud, 22e section).
Descendance
Paul Reynaud a quatre enfants :
- Colette Reynaud (1914–2010), issue de son premier mariage avec Jeanne Henri-Robert (1893–1983)
Et de son second mariage, célébré en décembre 1949 à Versailles, avec Christiane Mabire (1913–2002), sa plus proche collaboratrice, rescapée du Camp de Ravensbrück :
- Serge, né le 12 décembre 1945, vice-président de la Citicorp-Citibank à Paris, marié en premières noces en 1970 avec Helen Currie Stetson, de nationalité américaine, et en secondes noces, le 6 octobre 1978 avec Marie-France Champagne, avec laquelle il a trois enfants : Charlotte, François et Camille.
- Evelyne (née en 1949), épouse de Dominique Demey, dont postérité
- Alexandre (né en 1954), dont postérité
Ses quatre enfants prennent ensuite le patronyme « Paul-Reynaud ».
Détail des mandats et fonctions
- Ministre des Finances : André Tardieu (2) : du 2 mars au 13 décembre 1930
- Ministre des Colonies : Pierre Laval (1) : du 27 janvier 1931 au 20 février 1932
- Vice-président du Conseil, ministre de la Justice et du Contrôle des administrations publiques : André Tardieu (3) : du 20 février au 3 juin 1932
- Ministre de la Justice : Édouard Daladier (3) : du 10 avril au 1er novembre 1938
- Ministre des Finances : Édouard Daladier (3) : du 1er novembre 1938 au 21 mars 1940
- Président du Conseil : Paul Reynaud : du 21 mars au 16 juin 1940
- Ministre des Affaires étrangères : Paul Reynaud : du 21 mars au 18 mai 1940
- Ministre de la Défense nationale et de la Guerre : Paul Reynaud : du 18 mai au 5 juin 1940
- Ministre de la Défense nationale et de la Guerre, et des Affaires étrangères : Paul Reynaud : du 5 juin au 16 juin 1940
- Ministre des Finances et des affaires économiques : André Marie : du 26 juillet au 5 septembre 1948
- Ministre d'État, chargé des relations avec les États associés et des affaires d'Extrême-Orient : Henri Queuille (2) : du 3 au 13 juillet 1950
- Vice-président du Conseil, chargé des relations avec les États associés : Joseph Laniel (1) Joseph Laniel (2) : du 28 juin 1953 au 19 juin 1954
- 1919-1924 : député des Basses-Alpes
- 1928-1942 : député de la Seine
- 1946-1962 : député du Nord
- Chevalier de la Légion d'honneur en 1928
- Croix de guerre 1914-1918
- Grand-Croix de l'ordre royal de Victoria en 1931
Publications
- Waldeck-Rousseau (préf. A. Millerand), Paris, Grasset, 1913, 231 p. (OCLC 461792330).
- L'Angleterre avant et pendant la guerre. Librairie Bernard Grasset, 1919, 146 p.31
- Les trois glorieuses : 27, 28 et 29 juillet 1830, Paris, Hachette, coll. « Récits d'autrefois », 1927, 126 p. (OCLC 420060092).
- Jeunesse, quelle France veux-tu ?, Paris, Gallimard, coll. « Récits d'autrefois », 1936, 96 p. (OCLC 716638320, notice BnF no FRBNF33153532).
- Le problème militaire français, Paris, Flammarion, 1937 (OCLC 922200321, notice BnF no FRBNF31205268).
- Courage de la France, Paris, Flammarion, 1939, 210 p. (OCLC 906436834).
- Finances de guerre, Paris, Flammarion, 1940, 225 p. (OCLC 44120751).
- Le destin hésite, Paris, Flammarion, 1946, 114 p. (OCLC 489574635, notice BnF no FRBNF32567603).
- La France a sauvé l'Europe, t. I et II, Paris, Flammarion, 1947, 626 et 622 p. (OCLC 1906394, notice BnF no FRBNF32567610).
- Édition entièrement revue : Au cœur de la mêlée (1930-1945), Paris, Flammarion, 1951 (OCLC 876528198).
- S'unir ou périr, Paris, Flammarion, 1951, 300 p. (OCLC 603737531).
- Mémoires, vol. I : Venu de ma montagne, Paris, Flammarion, 1960, 509 p. (OCLC 80228283, notice BnF no FRBNF33153537).
- Mémoires, vol. II : Envers et contre tous ; 7 mars 1936 - 16 juin 1940, Paris, Flammarion, 1963, 538 p. (OCLC 81812445, notice BnF no FRBNF33153535).
- Carnets de captivité. 1941-1945. Fayard, 1997, (ISBN 978-2213597980).
Article Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Reynaud