Éric-Emmanuel Schmitt, né le 28 mars 1960 à Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône), est un dramaturge, nouvelliste, romancier, réalisateur et comédien franco-belge, traduit en 46 langues et joué dans plus de 50 pays.
Les parents d'Éric-Emmanuel Schmitt étaient professeurs d’éducation physique et sportive puis son père est devenu masseur-kinésithérapeute dans des cliniques pédiatriques ; de plus, son père fut champion universitaire de France en boxe et sa mère championne de course à pied. Son grand-père était artisan joaillier. Dans l'édition « Classiques & contemporains » de La Nuit de Valognes, il est déclaré que Schmitt se peint lui-même comme un adolescent rebelle, ne supportant pas les idées reçues et parfois victime d'accès de violence. Mais selon lui, la philosophie l'aurait sauvé en lui apprenant à être lui-même et à se sentir libre.
Un jour, sa mère l'emmène voir au théâtre des Célestins une représentation de Cyrano de Bergerac avec Jean Marais. L'enfant est bouleversé jusqu'aux larmes, le théâtre devient sa passion. A la sortie de la pièce, il annonce à sa mère qu'il veut « être comme le monsieur sur l'affiche ». Sa mère comprenant Jean Marais, qu'ils viennent de voir, il répond « non ! » et, lisant le nom de l'auteur sur l'affiche, insiste en nommant Edmond Rostand. Il se met alors à écrire. Il dira plus tard : « À seize ans, j'avais compris — ou décidé — que j'étais écrivain, et j'ai composé, mis en scène et joué mes premières pièces au lycée. » Pour améliorer son style, il se livre avec fougue et ferveur à des exercices de réécritures et de pastiches, en particulier de Molière.
Élève au lycée de Saint-Just, où il est lauréat du concours général, Schmitt continue son parcours en hypokhâgne et khâgne au lycée du Parc, il réussit le concours d'entrée de l'École normale supérieure. Il y étudie de 1980 à 1985 et devient agrégé de philosophie en 1983. Sa thèse de doctorat, soutenue en 1987, à la Sorbonne Paris IV est intitulée Diderot et la métaphysique. Elle sera publiée en 1997 sous le titre Diderot ou la Philosophie de la séduction.
Schmitt enseigne un an au lycée militaire de Saint-Cyr pendant son service militaire, puis deux ans à l’Université de Besançon en tant qu’assistant-normalien, puis un an dans un lycée de Cherbourg. Il est ensuite élu maître de conférences à l'université de Chambéry où il enseigne durant quatre ans. Dans la nuit du 4 février 1989, seul, perdu dans le Hoggar lors d’une expédition au Sahara, il dit être sujet à une expérience mystique : le sentiment de l’absolu se révèle à lui. À ce moment, une phrase occupe toutes ses pensées : « Tout est justifié ». Il pense que c'est ce bouleversement qui lui fait franchir le cap pour passer à l'écriture. Il décrit cette expérience extraordinaire dans son roman La Nuit de feu paru en septembre 2015. Durant les années 1990, ses pièces de théâtre lui apportent un succès rapide, dans plusieurs pays. La première, La Nuit de Valognes, a été créée en septembre 1991 à l'Espace 44 à Nantes puis à la Comédie des Champs-Elysées à Paris. Sa deuxième pièce, Le Visiteur, obtient trois prix lors de la Nuit des Molières 1994. Il décide alors de se consacrer entièrement à l'écriture et quitte son poste de maître de conférences en philosophie.
En 1996 est créée Variations énigmatiques, avec Alain Delon et Francis Huster comme acteurs principaux. En 1997 Le Libertin au théâtre Montparnasse avec Bernard Giraudeau. En 1998, Frédérick ou le Boulevard du Crime est créée simultanément en France et en Allemagne, Jean-Paul Belmondo jouant dans la mise en scène originale au théâtre Marigny. En 1999, Hôtel des deux mondes voit trois distributions se succéder à cause du succès remporté à la Salle Popesco, Marigny. En 2001, la pièce Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran est jouée et publiée en même temps en France et en Allemagne. En 2004, le livre a été vendu à plus de 250 000 exemplaires en France et 300 000 en Allemagne. Schmitt a aussi écrit trois pièces en un acte, en général pour des causes humanitaires. Francis Huster joue le diable dans l'École du diable, que Schmitt a écrite pour une soirée spéciale d'Amnesty International. Mille et une vies a été écrite pour l'opération La culture ça change la vie du Secours populaire.
Au début des années 2000, même s’il continue à créer des pièces comme Petits crimes conjugaux avec Charlotte Rampling et Bernard Giraudeau ou Oscar et la Dame rose avec Danielle Darrieux puis Anny Duperey, il compose plutôt des romans et des nouvelles. L'Évangile selon Pilate, publié en 2000, est un succès critique et de ventes sur un sujet touchant à l'histoire de Jésus-Christ. L'année suivante, Schmitt délivre un autre roman sur un personnage historique sujet à débat ; la Part de l'autre est une uchronie dans laquelle Adolf Hitler aurait réussi à entrer à l'École des beaux-arts de Vienne : son avenir et celui du monde en changent du tout au tout. Il écrit ensuite une variation fantaisiste et satirique sur le mythe de Faust Lorsque j'étais une œuvre d'art (2002). Les récits de son Cycle de l'Invisible ont rencontré un immense succès aussi bien en francophonie qu'à l'étranger, aussi bien sur scène qu'en librairie. Milarepa sur le bouddhisme, Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran, déjà cité, sur le soufisme, Oscar et la Dame rose (2002) sur le christianisme, L'Enfant de Noé (2004) sur le judaïsme, Le Sumo qui ne pouvait pas grossir (2009) sur le bouddhisme zen, Les Dix Enfants que madame Ming n'a jamais eus (2012) sur le confucianisme, sont lus par des millions de lecteurs de toutes les générations. En 2018, le cycle s’étoffe avec Madame Pylinska et le secret de Chopin, sur l’importance spirituelle de la musique et en 2019 avec Félix et la source invisible, sur l'animisme.
À la recherche de nouveaux modes d'expression, il publie une autofiction, Ma vie avec Mozart, simultanément dans 8 pays, de la Corée à la Norvège. Cette association de paroles et musique sera portée en scène par des comédiens et solistes. Dans la veine du premier film qu’il écrit et réalise, l’auteur nous propose un recueil de nouvelles : Odette Toulemonde et autres histoires célèbre la femme et sa quête du bonheur. Comme le livre, le film Odette Toulemonde fera le tour d’Europe. La Rêveuse d'Ostende suivra fin 2007 pour rendre un bel hommage au pouvoir de l’imagination. Un troisième recueil paraît en 2010 : Concerto à la mémoire d'un ange, quatre histoires autour de la rédemption, qui lui vaut le Goncourt de la Nouvelle en 20108. Le quatrième, Les Deux Messieurs de Bruxelles (2012), explore le thème de l’amour invisible, puis le cinquième, La Vengeance du pardon (2017), celui du pardon. D’une façon singulière, loin des auteurs qui recueillent de façon arbitraire divers textes dans une publication, Eric-Emmanuel Schmitt compose chaque livre de nouvelles comme un vrai livre qui a un début, un milieu et une fin — le livre éclairant une problématique unique à travers plusieurs histoires.
Retour au roman en 2008 avec la publication d'Ulysse from Bagdad. Éric-Emmanuel Schmitt montre une fois de plus ses talents de « conteur caméléon » (dixit Fabienne Pascaud dans Télérama) en racontant l'exode d'un de ces millions d'hommes qui, aujourd'hui, cherchent une place sur la terre : un clandestin. Épopée picaresque de notre temps qui interroge la condition humaine. Les frontières sont-elles le bastion de nos identités ou le dernier rempart de nos illusions ? Passionné de musique, et notamment de Mozart, Schmitt a touché à l’opéra avec la traduction en français de deux de ses œuvres : les Noces de Figaro et Don Giovanni. Il a également composé des musiques et réalisé un CD. Désormais, tout en continuant l'écriture romanesque et théâtrale, il se consacre à l'écriture cinématographique. Après Odette Toulemonde (2007), une comédie sur le bonheur avec Catherine Frot et Albert Dupontel, il adapte Oscar et la Dame rose (2009), avec notamment Michèle Laroque, Max von Sydow, Amira Casar, Mylène Demongeot.
Schmitt est un des auteurs francophones contemporains les plus lus et les plus représentés au monde. Il a été traduit en 46 langues et joué dans plus de 50 pays. Ses pièces, constamment créées et reprises dans les théâtres nationaux ou privés du monde entier, appartiennent désormais au répertoire contemporain. Installé à Bruxelles depuis 2002, il a obtenu la naturalisation belge en 2008. En janvier 2012, Eric-Emmanuel Schmitt annonce qu’il prend la direction du théâtre Rive Gauche en association avec le producteur et comédien Bruno Metzger. Après des travaux de rénovation et d’embellissement, le théâtre Rive Gauche accueillera des créations contemporaines à partir du mois de septembre. Le samedi 9 juin 2012, l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique a élu Éric-Emmanuel Schmitt académicien à la succession d'Hubert Nyssen au fauteuil 33 (membre étranger littéraire) qui fut occupé entre autres par Anna de Noailles, Colette et Jean Cocteau. La séance publique de réception a eu lieu le 25 mai 2013.
En 2015, il publie La Nuit de feu, où il revient sur une expérience mystique vécue dans le désert du Hoggar en 1989 qui l'a fait passer de l'athéisme à la foi. Il se déclare un « agnostique croyant », répondant à la question « Est-ce que Dieu existe ? » « Je ne sais pas mais je crois que oui ! ». En 2016, il devient membre du jury de l'Académie Goncourt. et publie un roman d’enquête sur la violence et le sacré, L'Homme qui voyait à travers les visages. Au printemps 2017, il dévoile pudiquement son enfance et sa jeunesse dans Plus tard, je serai un enfant, un livre d’entretiens réalisé par Catherine Lalanne. En 2019 il publie un deuxième récit autobiographique, Journal d'un amour perdu, où il évoque le décès de sa mère. Ce texte, personnel et intime, parvient à transformer une expérience de la mort en une splendide leçon de vie.
Le 1er décembre 1992, il crée l'Association TRUC (Théâtre et Recherches à l'Université de Chambéry), alors qu'il était maître de Conférence à l'université de Savoie. Cette association, toujours en activité, regroupe diverses activités théâtrales et promeut l'accès au théâtre pour tous. En 2016, il commente les épreuves d'athlétisme des JO de Rio avec Patrick Montel, Alexandre Boyon, Stéphane Diagana et Nelson Monfort sur France Télévisions. En 2018, à la demande de The Artist Academy, plateforme d'enseignement en ligne, il dispense une masterclass d'écriture.
Le Cycle de l'invisible regroupe plusieurs romans et récits :
Traductions de deux opéras de Mozart