Brian De Palma

Publié le par Mémoires de Guerre

Brian De Palma est un réalisateur, producteur de cinéma et scénariste américain, né le 11 septembre 1940 à Newark (New Jersey). Issu d'une famille désunie, il étudie à l'université Columbia et au Sarah Lawrence College où il tourne ses premiers courts métrages. Il réalise son premier long métrage The Wedding Party avec l'un de ses professeurs et une autre étudiante, puis tourne plusieurs films indépendants. Grâce au succès de Greetings, Brian De Palma commence à travailler pour les grands studios hollywoodiens. Sa carrière qui alterne succès et déceptions, est émaillée de beaucoup de projets non réalisés. Il connaît ses premières réussites commerciales avec Phantom of the Paradise, Carrie au bal du diable ou Pulsions. Dans les années 1980 les films Scarface et Les Incorruptibles sont de grands succès, tandis que L'Impasse, dans les années 1990, est un relatif échec commercial mais un succès critique. Par la suite Mission impossible lui permet de reprendre un certain pouvoir dans l'industrie hollywoodienne. Stylistiquement, si ses premiers films sont basés sur beaucoup d'improvisation, sa première période hollywoodienne est marquée par l'influence d'Alfred Hitchcock, dont il s'inspire sur certains points de réalisation. Brian De Palma est aussi connu pour son utilisation régulière du plan-séquence, figure dont le choix peut s'expliquer comme une réaction de méfiance face aux documents audiovisuels concernant la guerre du Viêt Nam et l'assassinat de John F. Kennedy, expériences qui ont marqué sa génération. 

Brian De Palma

Brian De Palma

Carrière

Jeunesse

Troisième fils d'un chirurgien orthopédiste et d'une femme au foyer, Brian De Palma grandit à Philadelphie dans l'ombre d'un frère aîné, Bruce, brillant scientifique adulé par la famille. Lui-même doué pour l'électronique -adolescent, il remporte un concours grâce à un mémoire sur "l'application de la cybernétique aux équations différentielles"-, il s'inscrit à la Columbia University de New York. Marqué par la vision, à 18 ans, de Sueurs froides d'Hitchcock (cinéaste auquel il ne cessera d'être comparé), il découvre avec émerveillement le monde du spectacle durant ses années de fac.

Cinéma

Ayant acheté pour une poignée de dollars une caméra 16 mm, Brian De Palma signe au début des années 60 une poignée de courts et moyens métrages documentaires et de fiction, dont le remarqué Woton's Wake. Etudiant le cinéma au Sarah Lawrence College, il tourne avec ses camarades en 1963 son premier long, The Wedding party avec Robert De Niro, un débutant qu'il présentera en 1970 à son ami Martin Scorsese. L'acteur joue aussi dans Greetings et Hi, Mom!, comédies féroces et iconoclastes influencées par la Nouvelle Vague. Le 7e art est pour De Palma un terrain d'expérimentations formelles tous azimuts, comme en témoigne l'utilisation, dès Dionysus en 1970, du split screen.

Après une première expérience hollywoodienne malheureuse (Get to Know Your Rabbit), De Palma accède à la reconnaissance en 1973 avec Soeurs de sang, thriller d'épouvante dans lequel il développe deux de ses thèmes fétiches, le double et le voyeurisme (présents notamment dans Body Double en 1985). C'est le premier d'une série de films d'horreur truffés de références -qui lui valent d'être qualifié de cinéaste "postmoderne"-, tels le psychédélique Phantom of the Paradise (1974) et Carrie au bal du diable (1976), deux films qui remportent le Grand Prix à Avoriaz.

Cinéaste de l'Obsession (titre d'un opus de 1977) et de la manipulation (Pulsions, Blow out), De Palma s'éloigne du fantastique dans les annnées 80. En 1983, il réalise, sur un scénario d'Oliver Stone, Scarface, relecture du chef d'oeuvre de Hawks avec Al Pacino en baron de la drogue. Après ce film-culte, il s'inspire encore de la mythologie des gangsters pour Les Incorruptibles (d'après la fameuse série), avec Costner et De Niro, qui fait un tabac en salles. Mais un brillant casting ne garantit pas le succès -l'échec retentissant du Bûcher des vanités le prouve en 1991. En 1993, L'Impasse, film noir dont le brio est salué par la critique, marque les retrouvailles du cinéaste avec Pacino.

Considéré comme un "auteur" à l'européenne en raison de la dimension personnelle de films conçus au coeur du système, De Palma est sollicité par la star Tom Cruise pour réaliser Mission: impossible (1996), premier volet des aventures de l'agent Ethan Hunt, dérivées de la série d'espionnage du même nom. Après ce carton au box-office mondial (qui fera l'objet de suites tournées par d'autres metteurs en scène), il signe le plus complexe Snake eyes, nouvelle réflexion sur les faux-semblants. Se plaisant à revisiter les genres (citons aussi le film de guerre avec Outrages en 1990), il s'essaie en 2000 à la SF avec Mission to Mars, qui déconcerte public et critiques, tout comme Femme Fatale (2002), que ce francophile tourne entre Paris et Cannes. Ces revers n'entament en rien son amour du cinéma, qui transparaît dans le troublant Dahlia noir, adaptation du roman d'Ellroy au casting glamour, présentée à Venise en 2006. L'année suivante, le metteur en scène dirige Redacted. 

L'oeuvre est engagée et dénonce le pouvoir médiatique par rapport aux évènements historiques et les mensonges qui peuvent en découler, faussant l'Histoire en manipulant les images. Bien qu'ayant reçu le Lion d'Argent de la mise en scène lors de la 64e Mostra de Venise en 2007, le film est un échec cuisant et vivement critiqué aux USA pour sa façon de dépeindre l'armée américaine. Suite à cette déconvenue, De Palma reste 5 années sans réaliser. Le cinéaste est de retour en 2012 et trouve des financements franco-allemands pour tourner Passion à Berlin. Le film est un remake du dernier film d'Alain Corneau, Crime d'amour, et met en scène Rachel McAdams et Noomi Rapace se livrant à un jeu pervers érotico-sadique. 

Style

Brian De Palma, en 2013, déclare qu'il est « essentiellement un styliste visuel » : « Moi ce sont les idées visuelles qui m'intéressent. Je cherche une façon visuelle de raconter une histoire. » Travailler pour la une série télévisée ne l'intéresserait pas car il considère qu'une série se base essentiellement sur le dialogue. Il trouve par exemple « particulièrement cinématographique » de filmer une personne qui en suit une autre, comme dans Body Double

Musiques de film

Brian De Palma a travaillé avec plusieurs compositeurs de renom pour ses films : Bernard Herrmann, Pino Donaggio, John Williams, Giorgio Moroder, Ennio Morricone, Ryūichi Sakamoto... L'une des rencontres les plus importantes qu'il a faites est celle de Pino Donaggio avec qui il travaille sur huit films et qui a pour lui « la sensibilité musicale exacte pour [ses] thrillers sensuels. » Il a une grande admiration pour la musique de Georges Delerue avec qui il regrette de n'avoir jamais pu travailler. Il a déclaré en 2013 qu'il y a d'autres compositeurs avec qui il aimerait collaborer mais qu'il est difficile d'arriver à ce qu'ils soient disponibles au moment voulu. C'est De Palma qui choisit lui-même les compositeurs avec qui il travaille. Il fait attention à la bande originale des films qu'il voit dans les festivals afin de découvrir de nouveaux compositeurs. Il écoute aussi beaucoup de musique qu'il trouve dans le commerce pour s'en servir comme musique de film provisoire pendant le montage.

Brian De Palma travaille beaucoup avec ses compositeurs, se disant très exigeant lors de la composition. Il a « écouté toute [sa] vie de musique d'orchestre », il lui est donc naturel lors des séances d'enregistrement de demander des changements au compositeur si quelque chose ne lui plait pas. Lorsqu'il travaillait avec Bernard Herrmann il ne pouvait pas écouter la musique avant les enregistrements, le compositeur étant très sûr de ses choix et De Palma pouvant peu « négocier » avec lui. Avec les nouvelles techniques en musique, il est maintenant possible d'écouter des maquettes des compositions avant les enregistrements, ce qu'il fait par exemple couramment avec Sakamoto. Il est courant qu'il y ait beaucoup d'essais sur certains morceaux, même avec des grands compositeurs : cela a été le cas avec Morricone sur Les Incorruptibles où il a été difficile de trouver le thème principal. 

Vie privée

Brian De Palma a été le compagnon de l'actrice Margot Kidder après qu'il s'est installé à Hollywood en 1972. Il la fait jouer dans Sœurs de sang. Il a ensuite été marié de 1979 à 1983 à l'actrice Nancy Allen, qui a joué dans plusieurs de ses films (Carrie, Home Movies, Pulsions et Blow Out). Il estime qu'ils ont « fait trop de films ensemble », ce qui a rendu difficile leur vie de couple. Leur dernier film est Blow out, dont elle tient le rôle principal grâce à l'insistance de John Travolta qui souhaite rejouer avec elle. Si De Palma estime qu'elle « n'a jamais été aussi bonne » que dans ce film, le tournage est difficile pour le couple et ils divorceront peu après. Par la suite, il épouse, en 1991, la scénariste et productrice Gale Anne Hurd avec qui il a un enfant, Lolita De Palma, née en 1991, et dont il divorce moins de deux ans après leur mariage. Entamant alors sa « crise de la cinquantaine » il se demande pourquoi il est incapable de concilier carrière et vie privée.

Il est ensuite marié, de 1995 à 1997, à l'actrice Darnell Gregorio avec qui il a une autre fille, Piper De Palma, née en 1996. Au début des années 2000, il vit quatre ans avec la chanteuse Elli Medeiros rencontrée au Festival du film policier de Cognac en avril 2000. C'est en allant avec elle présenter Mission to Mars au Festival de Cannes 2000, alors qu'elle portait des bijoux de prix et était protégée par des gardes du corps, qu'il a eu l'idée du vol de bijou de son film suivant, Femme fatale. C'est Elli Medeiros qui a dessiné le bijou qu'on voit dans ce film. Il rencontre, dans un festival, le réalisateur français Régis Wargnier avec qui il devient ami. De Palma le fait tourner comme acteur dans son propre rôle pour Femme fatale, et Warnier lui présente Emmanuelle Béart, actrice dans son film Une femme française, qu'il engage pour Mission : Impossible.

Il est ami avec de jeunes cinéastes : Wes Anderson, Noah Baumbach et Jake Paltrow. Il a déclaré chercher à vivre sans « [s']isoler de la réalité ». Même s'il gagne beaucoup d'argent, il estime qu'en tant qu'artiste il doit avoir une vie normale et prendre notamment le métro comme la plupart des gens. À part une « parenthèse » à Hollywood, il habite Greenwich Village depuis plus de quarante ans. Brian De Palma a la réputation d'être systématiquement habillé d'un pantalon et d'un blouson long, tous deux marron-beige. Devant s'habiller en costume-cravate lorsqu'il était lycéen, il apprécie de porter ce blouson, ou veste de safari, qui lui permet d'affiner sa silhouette. C'est une veste de même type qu'il fait porter à John Travolta, dans son film Blow Out

Distinctions

Récompenses
  • Berlinale 1969 : Ours d'argent pour Greetings
  • Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1975 : Grand prix du jury pour Phantom of the Paradise
  • Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1977 : Grand prix du jury pour Carrie au bal du diable
  • Blue Ribbon Awards 1988 : Meilleur film en langue étrangère pour Les Incorruptibles
  • Mostra de Venise 2007 : Lion d'argent du meilleur réalisateur pour Redacted
  • Prix de la critique 2007 du meilleur DVD pour Phantom of the Paradise
  • Festival du film d'Amnesty International 2008 : Prix du jeune jury pour Redacted
Brian De Palma

Filmographie

Longs métrages
Courts métrages
  • 1960 : Icarus
  • 1961 : 660124: The Story of an IBM card
  • 1962 : Woton's wake
  • 1964 : Jennifer
Documentaires
  • 1964 : Mod (inachevé)
  • 1965 : Bridge that gap
  • 1966 : Show Me a Strong Town and I'll Show You a Strong Bank
  • 1966 : The Responsive Eye
Clip
  • Dancing in the Dark de Bruce Springsteen
Acteur ou intervenant

Brian De Palma a fait quelques apparitions dans des fictions ou documentaires.

  • 1968 : Greetings : l'homme qui fume face au bureau de l'armée (caméo)
  • 1970 : Dionysus in '69 : un des premiers spectateurs rentrant dans le hangar où se joue la pièce de théâtre (caméo)
  • 1987 : Les Incorruptibles : le journaliste qui interpelle Eliot Ness lors de la conférence de presse « Do you drink Mister Ness? » (voix)
  • 1994 : Rotwang muß weg! (de) de Hans-Christoph Blumenberg : un célèbre réalisateur américain
  • 1995 : Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain (documentaire) de Martin Scorsese : lui-même
  • 2006 : Le Dahlia noir : le réalisateur lors des essais d'Elisabeth Short (voix VO)
  • 2007 : Redacted : un ami (hors-écran) qui veut prendre le héros et sa petite amie en photo, puis lui demande de raconter une histoire de guerre : « How about a war story? » (voix VO)
  • 2015 : De Palma (documentaire qui retrace toute sa carrière) : lui-même

Publications

Scénarios, romans et novélisations
  • Blow Out / Neal Williams ; d'après un scénario de Brian De Palma ; trad. Gérard de Chergé. Paris : J'ai lu no 1244, 1982, 222 p. (ISBN 2-277-21244-X)
  • Pulsions (Dressed to kill) / Brian De Palma & Campbell Black ; trad. Herbert Draï. Paris : J'ai lu Policier no 1198, 1989, 250 p. (ISBN 2-277-21198-2)
  • Snake Eyes : 14.000 témoins, personne n'a rien vu / David Jacobs ; d'après le scénario de David Koepp et une histoire de Brian de Palma et David Koepp ; trad. Michelle Charrier. Paris : Pocket no 10525, 1998, 190 p. (ISBN 2-266-08526-3)
  • Femme fatale / Brian de Palma ; trad. Stephen Levine. Paris : Cahiers du cinéma, coll. "Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma" no 72, 05/2002, 173 p. (ISBN 2-86642-342-9)
  • Les Serpents sont-ils nécessaires ? / Brian De Palma & Susan Lehman ; trad. Jean Esch. Paris : Rivages, coll. "Rivages-Noir", 2018, 331 p. (ISBN 978-2-7436-4397-3)

Article Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Brian_De_Palma

Publié dans Réalisateur

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