Le Faisceau, dont le nom fait référence au fascisme italien, est un éphémère parti fasciste français. Fondé en 1925 par des personnalités très diverses (anciens combattants, un ancien syndicaliste et d'anciens monarchistes), il disparait en 1928.
Le Faisceau fut fondé au terme d'une réunion salle Wagram le 11 novembre 1925 par Georges Valois et Jacques Arthuys, à la suite d'une scission avec l'Action française dont ils jugeaient les positions archaïques. Sa direction rassemblait Georges Valois, Jacques Arthuys (vice-président), le lieutenant André d'Humières (délégué général et responsable de l'organisation paramilitaire), Philippe Barrès (délégué à la propagande, fils de Maurice Barrès) et Serge André (administrateur). Cette ligue, qui se revendiquait ouvertement d'un fascisme inspiré du modèle italien, entendait faire la synthèse du nationalisme et du socialisme, c'est-à-dire d'instaurer une dictature nationale au-dessus de toutes les classes sociales, avec un chef proclamé par les anciens combattants (supposés représenter une élite morale) et acclamé par la foule. Il s'agissait de combiner un modèle antiparlementaire, dominé par un exécutif fort, avec un syndicalisme totalement libre (d'où différence fondamentale avec le fascisme italien).
L'idée d'une forme politique dominée par un pouvoir exécutif puissant et personnifié par le chef de l'Etat (nécessairement un homme d'action) qui aurait pour base électorale les déçus du parlementarisme constituait déjà le projet des boulangistes en 1889. De telles idées ont permis au Faisceau de recruter des intellectuels attirés par l'aspect alors moderne, jeune, non-conformiste et révolutionnaire de ce fascisme à la française (Philippe Lamour, Philippe Barrès, Paul Nizan). Après l'éclatement du Faisceau en 1928, Georges Valois fonde le Parti républicain syndicaliste (PRS) le 10 juin 1928. Il voulait développer une nouvelle économie syndicaliste et coopérativiste. Parmi les membres on comptait notamment: Charles Albert (ex-anarchiste devenu néo-jacobin), Jacques Arthuys, Hubert Bourgin et René Capitant (futur gaulliste de gauche). Ce mouvement rejoindra la gauche. Le PRS avait pour organe principal la revue les Cahiers Bleus où écrivaient notamment Édouard Berth, Marcel Déat, Bertrand de Jouvenel et Pierre Mendès France.
Le parti était composé de quatre « faisceaux » :
- le « Faisceau des combattants » ou « légions », regroupant les anciens combattants de la Première Guerre mondiale et des guerres coloniales, organisés en compagnies, sections et groupes ;
- le « Faisceau des producteurs », composé de corporations ;
- le « Faisceau des jeunes » avec les « Jeunesses fascistes » et le « Faisceau universitaire » ;
- le « Faisceau civique ».
Le Faisceau disposait d'un journal (Le Nouveau Siècle, fondé le 26 février 1925), d'un uniforme et de rituels (défilés paramilitaires). Le Faisceau atteint son apogée en 1926 avec près de 25 000 « Chemises bleues ». Malgré ce nombre considérable d'adhérents, le parti va éclater en 1928 après de graves dissensions internes.
Deux principaux débats sont à l'origine de la dissolution du Faisceau :
- L'alignement ou non sur le fascisme italien, que Georges Valois (issu à la fois des milieux de l'Action française et du syndicalisme révolutionnaire) juge de plus en plus réactionnaire par rapport à ses propres idéaux révolutionnaires.
- L'écart considérable entre une volonté sociale révolutionnaire (sincère chez Valois qui s'est tourné ensuite vers la gauche) et le financement du Faisceau par le grand capital anticommuniste. Valois lui-même se dit alors déçu du fascisme italien qui se trouve effectivement dans une période de libéralisme économique.
Les membres du Faisceau restés fidèles à l’Italie fasciste, fondent le Parti fasciste révolutionnaire (PFR), groupuscule animé par le docteur Winter. Les principaux adhérents étaient : E. d’Eaubonne, Philippe Lamour, Maurice de Barral (haut fonctionnaire, militant des mouvements d’anciens combattants et mutuellistes, compagnon de route du PCF sous la IVe République, l’un des dirigeants de l'Union progressiste et de Démocratie combattante).Le journal du PFR s'intitulait la Révolution fasciste.
Personnalités liées au Faisceau :
- Georges Valois, ancien membre de l'Action française. Après le Faisceau, rejoindra la gauche. Il participa à la résistance; il est mort en déportation.
- Jacques Arthuys, ancien membre de l'Action française et économiste. Il se joindra à la Résistance et sera à la tête du mouvement OCM. Il est mort en déportation.
- André d'Humières, ancien combattant, pilote dans l'escadron "Jeanne d'Arc". Il se joindra à la Résistance.
- Philippe Barrès, fils de l'écrivain nationaliste Maurice Barrès. Sera plus tard partisan de la France libre. À partir de 1940 il est député gaulliste et (RPF) en 1951.
- Serge André, industriel du pétrole.
- Marcel Bucard, ancien membre de l'Action française, fasciste, militant d'extrême droite. Il sera fondateur du Francisme (1933); collaborateur notoire, il sera exécuté en 1946.
- Hubert Bourgin, intellectuel de droite, ancien membre de la Ligue des patriotes.
- Dr Thierry de Martel, fils de l’écrivain nationaliste Gyp. Se suicide lors de l’entrée des Allemands à Paris en 1940.
- Hubert Lagardelle, leader syndicaliste révolutionnaire au POF et à la CGT, au Faisceau (1926), ami de Mussolini. Il sera ministre du Travail sous le Régime de Vichy.
- Marcel Delagrange, ex-maire PCF de Périgueux, puis haut responsable du Faisceau.
- Jacques Debû-Bridel, ancien membre de l'Action française, il se joindra ensuite à la Fédération républicaine. Résistant, il sera membre du CNR, puis gaulliste de gauche.
- Paul Nizan, écrivain et philosophe communiste, membre du PCF et ami de Jean-Paul Sartre.
- Philippe Lamour, ancien membre du PCF. Président des "Faisceaux universitaires". Il deviendra résistant et sera un grand technocrate des Quatrième et Cinquième Républiques, notamment en ce qui concerne l'aménagement du territoire et la modernisation de l'agriculture.
- Bardy, responsable du CGT et du PCF; il adhère ensuite au Faisceau.
- Pierre Dumas, ex-SG de la Fédération de l’habillement (CGT), puis membre de l'Action française.