Armistice du 8 mai 1945
La victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe marquée par l'annonce de la capitulation de l'Allemagne.
Signature de la reddition le 7 mai 1945 à Reims, par Major Wilhelm Oxenius, General Alfred Jodl, General Admiral Hans-Georg von Friedeburg (officiers allemands, tous trois de dos, de droite à gauche), sir F E Morgan, François Sevez, Harold Burrough, Harry C. Butcher, Walter Bedell Smith, Ivan Cherniaev, Ivan Sousloparov, Carl Spaatz, Henri Bull (une très petite partie de sa tête est présente à l'angle de la table), John Robb, Ivan Zenkovitch (de face, de gauche à droite). K W D Strong est probablement debout à gauche, derrière les officiels allemands, et on ne voit de lui qu'un pan de veste.
Capitulation de l'Allemagne
L'amiral Dönitz, désigné par Hitler comme son successeur, ainsi que son état-major, ont compris que toute résistance est vaine. Dönitz consacre son énergie à ce que les troupes allemandes se rendent aux Alliés occidentaux et non aux Soviétiques, avant tout pour que les prisonniers allemands soient traités selon les conventions internationales, et non massacrés ou déportés en Sibérie. Aussi souhaite-t-il des capitulations partielles à l'ouest afin de soustraire autant de troupes que possible du front occidental et poursuivre les combats sur le front oriental, en rapatriant le maximum de population. C'est dans cette intention que Dönitz envoie une première fois, à Reims, au PC avancé du SHAEF d'Eisenhower, l'amiral Hans-Georg von Friedeburg pour tenter de convaincre les Occidentaux de conclure une paix séparée. Le général américain l'éconduit, tout en prévenant Staline des tentatives allemandes. Le Royaume-Uni, les États-Unis et l'Union soviétique se sont en effet mis d'accord sur une capitulation totale et inconditionnelle du gouvernement allemand et de l'OKW sur tous les fronts, n'acceptant des redditions ponctuelles que dans le cadre des engagements (unités déposant les armes et se constituant prisonnières) et non dans le cadre d'un traité. Dönitz réitère ses avances le 6 mai en désignant alors le général Jodl, son chef d'état-major, mais ce dernier essuie le même refus. L'intransigeance d'Eisenhower est en effet implacable depuis le 12 avril 1945, date à laquelle il découvre horrifié les charniers d'Ohrdruf, annexe du camp de concentration de Buchenwald qui vient d'être libéré.
C'est donc le 7 mai 1945, à 2 h 41, que la reddition de l'Armée allemande est signée à Reims dans une salle du Collège technique et moderne (actuel lycée Roosevelt) abritant le Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force, par le maréchal allemand Alfred Jodl, en présence des généraux américains Walter B. Smith et Eisenhower, du général français François Sevez et du général soviétique Sousloparov, les combats devant cesser le 8 mai à 23 h 1. L'acte signé est purement militaire. Ceci provoque la fureur de Staline qui veut que la capitulation de l'Allemagne soit signée dans sa capitale, à Berlin, où les soldats de l'Armée rouge règnent en maîtres. Les journalistes occidentaux répandent rapidement la nouvelle de la capitulation, précipitant ainsi les célébrations. Les combats continuent cependant sur le front de l'Est. L'exigence de Staline est honorée et une nouvelle signature a lieu le 8 mai, dans la nuit du 8 au 9 mai à 0 h 16 heure russe (23 h 16 heure de l'Ouest), dans une villa de Karlshorst, quartier général du maréchal Georgi Joukov dans la banlieue Est de Berlin (aujourd'hui le musée germano-russe Berlin-Karlshorst).
Les représentants de l'URSS, de la Grande-Bretagne, de la France et des États-Unis arrivent peu avant minuit. Après que le maréchal Georgi Joukov eut ouvert la cérémonie, les représentants du Haut commandement allemand, dont le maréchal Wilhelm Keitel, sont invités à signer l'acte de capitulation entrant en vigueur à 23 h 1, heure locale (heure d'Europe centrale), soit le 9 mai à 1 h 1, heure de Moscou. C'est l'amiral Hans-Georg von Friedeburg et le maréchal Keitel qui signèrent l'acte de capitulation. La reddition a donc lieu le 9 mai 1945 pour les Soviétiques et les pays est-européens alliés. De ce fait les Soviétiques, puis les Russes et leurs alliés est-européens, commémorent cette capitulation le 9 mai, sous le nom de Jour de la Victoire. Il faudra cependant attendre la capitulation officielle du Japon le 2 septembre 1945 (« V-J Day », pour « Victory over Japan Day », annoncé le 15 août 1945), lorsque le ministre des Affaires étrangères Mamoru Shigemitsu signe les articles de la reddition des forces japonaises sur le pont de l'USS Missouri dans la baie de Tokyo, pour que la Seconde Guerre mondiale prenne fin.
Signataires de l'acte de capitulation
La première capitulation allemande a été signée à Reims par le chef d'état-major de la Wehrmacht, Alfred Jodl. Du côté des Occidentaux, c'est le chef d'état-major du général Eisenhower, le général Bedell Smith, qui appose sa signature. Les Soviétiques sont, pour leur part, représentés par le général Ivan Sousloparov, commandant de la mission de liaison militaire. Ce point est important, car c'est l'une des raisons qui va pousser Joseph Staline à demander la signature d'une autre capitulation le lendemain même. Le dirigeant de l'Union soviétique estime en effet que cette capitulation ne peut pas être actée sans la présence d'un représentant du haut commandement des troupes de l'URSS.
La seconde capitulation va donc être signée le 8 mai à 23h01 (9 mai pour les Russes), mais cette fois à Berlin. Staline tenait en effet à ce que cet acte ne soit pas ratifié au cœur d'une zone occupée par les troupes occidentales alliées. C'est d'ailleurs au sein du quartier général des Soviétiques que la capitulation officielle va finalement être ratifiée. Cette fois, un haut responsable de l'Armée rouge est présent en la personne du maréchal Gueorgui Joukov. Le représentant en chef de l'armée allemande est le chef du haut commandement de la Wehrmacht, Wilhelm Keitel, accompagné du général Hans-Jürgen Stumpff et de l'amiral von Friedeburg. Du côté des Français, c'est le chef d'état-major du général de Gaulle, François Sevez, qui était présent lors de la première cérémonie du 7 mai. Changement de personnage le 8, puisque c'est le général Jean de Lattre de Tassigny qui appose sa signature au bas de ce document à l'immense portée historique, également paraphé par l'officier anglais Tedder et le général américain Spaatz.
Conséquences
La conséquence immédiate de la capitulation de l'Allemagne nazie du 8 mai 1945 est de mettre un terme au conflit sur le sol européen. C'est la fin de plusieurs années de guerre et la fin de l'holocauste, l'extermination systématique des personnes juives conduite par les nazis. Cela ne signifie pas pour autant la fin des souffrances. Des millions de personnes ont été jetées sur les routes pour fuir le conflit. Des pays entiers ont été dévastés, des villes ont été détruites lors de bombardements intensifs menés par les Allemands, puis les Alliés. La ville de Londres a été bombardée à de nombreuses reprises par l'aviation allemande. Du côté français, plusieurs villes portuaires ont également été la cible de bombardements alliés en prévision du débarquement de Normandie. La ville allemande de Dresde a été particulièrement touchée en février 1945.
L'Europe est exsangue sur le plan économique et va devoir se tourner vers les Etats-Unis pour sa reconstruction. Si la guerre en Europe est terminée le 8 mai 1945, elle se poursuit dans le Pacifique où les Etats-Unis mènent un féroce combat contre le Japon. Les Américains vont jusqu'à utiliser une toute nouvelle arme, la bombe atomique. C'est ainsi que deux bombes vont détruire les villes japonaises d'Hiroshima (6 août) et de Nagasaki (9 août), le Japon signant la capitulation le 2 septembre et mettant fin officiellement à la Seconde Guerre mondiale.
La France fait partie du clan des vainqueurs, malgré l'armistice signé avec l'Allemagne en 1940 et le régime de coopération qui a suivi et que l'on nomme régime de Vichy. La résistance et l'action du général de Gaulle ont en effet permis de ne pas figurer au rang des nations vaincues. L'Allemagne est divisée en plusieurs secteurs que se partagent Américains, Anglais, Français et Russes. De nombreux pays passent sous la coupe de l'URSS dirigée par Staline, et la guerre froide opposant l'Ouest à l'Est ne va pas tarder à débuter, les accords de la conférence de Postdam (17 juillet-2 août) n'étant pas respectés.
Commémoration de la Libération
La victoire de la capitulation allemande est fêtée différemment dans les différents pays d'Europe. Le 8 mai est un jour férié en France par exemple. Aux Pays-Bas, on célèbre le jour de la libération le 5 mai.
La loi du 7 mai 1946 prévoit que la commémoration du 8 mai 1945 soit fixée au 8 mai de chaque année si ce jour est un dimanche, sinon le dimanche suivant. Dès cette année et plus nettement dans les années suivantes, c'est-à-dire jusqu'en 1951, la commémoration perd de son importance alors que les associations d'anciens combattants réclament la reconnaissance du 8 mai comme jour férié et chômé. Ces associations organisent ainsi leur propre manifestation. L'adoption de la loi no 53-225 du 20 mars 1953 clarifie la situation : le 8 mai est déclaré jour férié (mais non chômé) de commémoration en France. Cela n'empêche pas les cérémonies de revêtir un réel éclat de 1953 à 1958. Dans une logique de réconciliation avec l'Allemagne, le président Charles de Gaulle supprime le caractère férié de ce jour par le décret du 11 avril 1959 qui fixe la date de la commémoration au deuxième dimanche du mois de mai.
Puis le décret du 17 janvier 1968 décide que le 8 mai sera commémoré chaque année, à sa date, en fin de journée. En 1975, dans cette même logique visant à souligner la volonté des Européens d'organiser en commun leur avenir pacifique, le président Giscard d'Estaing supprime également la commémoration de la victoire alliée de 1945. Cette décision suscite un tollé général de la part des associations d'anciens combattants. C'est à la demande du président François Mitterrand que cette commémoration et ce jour férié seront rétablis, par la loi no 81-893 du 2 octobre 1981 qui ajoute cette date à la liste des jours fériés désignés par le code du travail.
Le 8 mai a également été un jour férié en Belgique pendant plusieurs décennies, même s'il ne l'était que pour les écoles et les administrations. Mais en 1983, le gouvernement belge a décidé, pour des raisons économiques, de supprimer ce jour férié du calendrier. De nombreuses commémorations et des hommages restent néanmoins encore organisés. Et un large mouvement de personnalités et d'associations de la société civile appellent à refaire du 8 mai un jour férié officiel, pour faire face notamment à la montée des mouvements d'extrême droite.
En Hollande, la capitulation allemande est fêtée le 5 mai sous le nom du Jour de la Libération (en néerlandais : Bevrijdingsdag), sous la forme de congé optionnel. La date du 5 mai correspond au jour des pourparlers de capitulation. En 1946, le gouvernement a décidé que le jour de la libération devait être célébré le 5 mai, sauf s'il tombait un dimanche, car sinon la tradition du repos dominical chrétien serait perturbée. En 1968, il a été décidé que le jour de la libération, quel que soit le jour de la semaine, serait le 5 mai. Il s'agit d'un jour de congé optionnel qui est réglé par des conventions collectives de travail et varie donc selon le secteur de travail.