Giraud Henri
Le général Giraud, qui a écrit l'une des plus célèbres pages d'histoire de la libération française par son rôle à Alger (novembre 1942-été 1943), a aussi connu une courte expérience de représentant de la nation à la seconde Assemblée nationale constituante (juin-septembre 1946).
Henri Giraud est né le 18 janvier 1879 à Paris. D'origine modeste, il est fils d'un marchand de charbon. Il fait de brillantes études classiques aux lycées Stanislas, Bossuet et Louis le grand. De 1898 à 1900, il est élève officier à l'école militaire de Saint-Cyr. Le 10 octobre 1908, il épouse à Dijon Céline Lapérotte, qui lui donnera quatre garçons et quatre filles. Après plusieurs affectations en Afrique du Nord, il participe comme officier à la Première Guerre mondiale. Grièvement blessé le 30 août 1914 à Guise, il est fait prisonnier par les Allemands. Mais il parvient à s'évader, et regagne bientôt le front. Il prend part aux opérations du Chemin des Dames en avril 1917, puis se distingue en prenant, en juin, le fort de Malmaison. Après le guerre, le maréchal Lyautey le réclame au Maroc. C'est en tant que lieutenant-colonel qu'Henri Giraud fait la campagne du Rif. Il reçoit, le 27 mai 1926, la reddition d'Abd-el-Krim. Il achève en 1935 la pacification de l'Afrique du Nord. Promu général en 1936, il est placé en 1939 à la tête de la VIIe armée de réserve.
Lors du déclenchement des opérations le 10 mai 1940, il pénètre en Belgique, et s'enfonce jusqu'à Breda, en Hollande, mais doit finalement se replier. Il est fait prisonnier à Wassigny le 18 mai, et est enfermé dans la forteresse de Kônigstein en Saxe. Il réussit une nouvelle fois, dans des conditions rocambolesques, à s'évader (17 avril 1942) et parvient à regagner la France. Refusant de retourner volontairement en Allemagne comme le lui demande Pierre Laval, le général Giraud prend contact avec les Américains et s'embarque le 5 novembre 1942 pour Gibraltar où il rencontre Eisenhower. Il s'établit à Alger, contribuant à l'entrée en guerre des troupes françaises contre les troupes de l'Axe en Tunisie (19 novembre). Après l'assassinat de l'amiral Darlan (24 décembre), il est promu commandant en chef civil et militaire de l'Afrique française.
Il devient alors un allié précieux des Américains, ces derniers cherchant à affaiblir le gouvernement de la France Libre formé à Londres par le général de Gaulle C'est d'ailleurs grâce à l'appui américain que le général Giraud devient coprésident du Comité français de libération nationale aux côtés du général de Gaulle (30 mai 1943). Entre les deux militaires aux légitimités affrontées s'est déjà engagée la lutte d'influence pour le monopole de représentation de la France. Dans ce « duel Giraud-de Gaulle », pour reprendre le titre d'un ouvrage de Girard de Charbonnières, le second l'emportera sur toute la ligne. Le général Giraud obtient en juillet, à l'occasion d'un voyage aux Etats-Unis, d'importantes dotations en armes. Il conduit ensuite les opérations qui mènent à la libération de la Corse (septembre 1943). Malgré ces succès, il est évincé de la coprésidence du Comité français de libération nationale le 1er octobre. Il reste néanmoins commandant en chef des armées jusqu'au 4 avril 1944, et organise à ce titre la participation française à la campagne d'Italie.
Après avoir échappé à un attentat le 28 août 1944 à Mostaganem, il entre dans Metz libérée le 2 septembre 1944. En 1946, le général Giraud se présente en Moselle aux élections pour la seconde Assemblée nationale constituante. Il conduit la liste d'union lorraine, du Parti républicain de la liberté et des Indépendants agraires. Le 2 juin 1946, il est élu à la plus forte moyenne, sa liste obtenant 33 754 voix sur 256 736 suffrages exprimés. Son élection est validée le 14 juin 1946, et il s'inscrit au groupe des Républicains indépendants. Il est bien sûr nommé membre de la Commission de la défense nationale (26 juin 1946). Le 10 septembre 1946, le général Giraud dépose une proposition de loi à caractère local tendant à prévoir des règles spéciales pour les candidats huissiers des départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de la Moselle.
Surtout, il intervient régulièrement à la tribune. Il participe notamment aux discussions sur la situation des prisonniers de guerre français non rapatriés (25 juillet 1946) et sur la politique générale du Gouvernement en Algérie (22 août 1946). Il se montre très actif lors des débats relatifs aux propositions de loi sur l'élaboration de la future Constitution. A six reprises, il fait valoir son point de vue, plus particulièrement sur le fonctionnement du pouvoir exécutif et sur l'organisation de l'Union française. Il souhaite ainsi renforcer les pouvoirs de l'exécutif en matière de défense du territoire, en proposant de renforcer les attributions du Président du Conseil en la matière, et d'instituer « un vice-président du conseil qui, automatiquement, serait ministre de la défense nationale » (5 septembre 1946). Il dépose aussi un amendement tendant à considérer « toute action et toute propagande visant à proposer la séparation de l'Union française d'une partie quelconque des territoires comme un crime de haute trahison punissable comme tel » (20 septembre 1946). Il se prononcera finalement contre la nouvelle Constitution (28 septembre 1946).
Le général Giraud ne se représente pas aux élections du 10 novembre 1946. Il siège au Conseil supérieur de la Guerre jusqu'au 15 décembre 1948. Il est l'auteur de deux ouvrages : Mes évasions publié en 1946 ; Un seul but : la Victoire, Alger, 1942-1944 publié en 1949. Grand-croix de la Légion d'honneur depuis le 25 août 1940, le général Giraud reçoit la médaille militaire le 10 mars 1949. Il meurt le lendemain 11 mars 1949 à Dijon. Des obsèques nationales ont lieu le 17 mars en présence de M. Vincent Auriol, Président de la République.
Commandement
- 4e régiment de zouaves
- 17e régiment de tirailleurs algériens
- 7e armée
- 9e armée
- Armée d'Afrique
Distinctions
- Grand-croix de la Légion d'honneur
- Médaille militaire
- Croix de guerre 1914-1918
- Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs
- Médaille des évadés
- Médaille coloniale