Misraki Paul

Publié le par Mémoires de Guerre

Paul Misraki, de son vrai nom Paul Misrachi, est un compositeur, auteur et chanteur français né le 28 janvier 1908 à Constantinople et mort le 29 octobre 1998 à Paris. Compositeur et pianiste de Ray Ventura dans les années 1930, Paul Misraki a composé la musique de grands succès comme Tout va très bien madame la marquise, Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?, Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine, Comme tout l'monde... Il a été chanté par Ray Ventura et ses Collégiens, Édith Piaf, Georges Brassens, Henri Salvador, Yves Montand, Jacqueline François, Suzy Delair, Nicoletta, Jean Sablon, ainsi que de très nombreux chanteurs et groupes américains, argentins, brésiliens, etc. Il est aussi l'un des compositeurs français de musique de films les plus prolifiques : il en compose plus de 180 pour des longs-métrages, notamment celle de Et Dieu… créa la femme en 1956, mais aussi pour Jean Delannoy, Claude Chabrol, Henri-Georges Clouzot, Jean-Pierre Melville, Jacques Becker, Jean-Luc Godard, Luis Buñuel, Orson Welles ou Jean-Claude Brialy. Il est aussi un écrivain ayant publié dix livres sur des sujets liés à son itinéraire spirituel. 

Misraki Paul
Carrière

Né le 28 janvier 1908 dans une famille juive séfarades de Constantinople dans l'Empire ottoman, où son père travaillait pour une compagnie d'assurances, il passe une partie de sa petite enfance à Bucarest, puis arrive en France en 1917. Collégien au lycée Janson-de-Sailly, il prend des leçons particulières d'harmonie et de contrepoint auprès de Charles Koechlin. Il avait auparavant écrit des pièces musicales variées et été stagiaire dans un magasin de pianos sur les Champs-Élysées. Il intègre dès 1929 la troupe de son camarade de classe Ray Ventura, Ray Ventura et ses Collégiens, comme compositeur-arrangeur-pianiste. Il est également, avec Coco Aslan, l'un des deux principaux chanteurs solistes de l'orchestre : on l'entend dans Chez moi, Insensiblement, Sur deux notes, Le général dort debout, La petite île, Le petit bateau de pêche, Tching Kong, Les trois mandarins, Je ne sais pas si je l'aime, etc.

Les années 1930 sont pour lui à la fois les années Ventura, avec les succès phénoménaux de Tout va très bien madame la marquise, de Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?, les reprises américaines de Chez Moi et la découverte de la musique pour le cinéma, mais ce sont aussi des années de recherche de sens. Le père de Paul Misraki avait rêvé son fils reprenant la compagnie d'assurances familiale, et le voilà musicien ! Paul Misraki lui-même rêvait de musique symphonique, et le voilà auteur de la chanson comique la plus connue du moment ! À la recherche de sens, l’auteur-compositeur-interprète passe ses week-ends à lire, à faire tourner les tables, visite la cathédrale Notre-Dame de Chartres, songe à se retirer définitivement dans un monastère. Finalement, il se convertit au catholicisme et choisit de pratiquer sa religion dans la vraie vie.

La Seconde Guerre mondiale voit les Collégiens se lancer dans une tournée en Amérique du Sud au moment où l'armée allemande envahit la zone libre. Au Brésil puis en Argentine, Paul Misraki compose pour l'orchestre de Ray Ventura (auquel s'est joint Henri Salvador), mais aussi pour le cinéma, et même une comédie musicale, intitulée Si Eva se hubiese vestido, de laquelle sera tirée la chanson Una Mujer, devenue un standard en Argentine, mais aussi au Brésil. Il gardera toujours des liens étroits avec les anciens de l'orchestre Ray Ventura, notamment André Cauzard, avec lequel il partagera de nombreux échanges philosophiques, religieux et même scientifiques, notamment sur leur croyance réciproque dans l'existence des OVNIs. Il co-organisera avec lui un repas annuel des « anciens » de l'orchestre. En 1945, la RKO le contacte pour collaborer à Hollywood sur Heartbeat, Un cœur à prendre, remake d'un film français (Battement de cœur) auquel Paul Misraki avait déjà collaboré. Il s'exécute, composant pour Ginger Rogers une scène restée célèbre, mais le besoin de revenir auprès des siens, en France, est le plus fort. 

Il embarque de New York pour Le Havre où son frère l'accueille et lui apprend la mort en déportation de sa mère, de sa tante et de son oncle, à Auschwitz. Paul découvre tous ses biens saisis, son appartement occupé... Seul son piano, un Pleyel datant de 1932, a été sauvegardé par un de ses amis, qui croyait à son retour. À partir de 1946, les collaborations de Paul Misraki se font plus variées. Il retrouve Édith Piaf et Danielle Darrieux, mais l'étendue des interprétations augmente, en même temps que le succès de Ray Ventura décline. La musique de films prend de plus en plus le relais et Paul Misraki devient un compositeur incontournable de la Nouvelle Vague avec notamment la musique de Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim. Dans le même temps, Paul Misraki commence à publier des livres relatant sa trajectoire spirituelle : dialogues philosophiques, romans, essais sur des sujets ésotériques (OVNIs, la vie après la mort…), et enfin livres où il expose les raisons de sa foi catholique, et le catholicisme auquel il croit. 

Musiques de films

Paul Misraki est l'auteur de 185 musiques de films. Paul Misraki est l'un des cinq compositeurs les plus prolifiques du cinéma français. Son morceau de bravoure est la musique de Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim, qui mettait en scène Brigitte Bardot (1956). Le Mambo B.B. reste une scène culte, par l'érotisme dégagé par la danse de Brigitte Bardot sur la musique de Paul Misraki. Ses collaborations incluent Jean Renoir, Christian-Jacque, Henri Decoin, Jean-Pierre Melville, Jean Boyer, Henri-Georges Clouzot, Jean Delannoy, Yves Allégret, Bernard Borderie, Jacques Becker, Orson Welles, Robert Hossein, Luis Buñuel, Roger Vadim, Jack Pinoteau, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, Jean-Claude Brialy, Patrice Leconte, Étienne Périer, Marcel L'Herbier , et bien d'autres.

Vie privée et décès

Paul Misraki s'est marié en 1950 à Lille et a eu trois enfants. Paul Misraki est mort à Paris le 29 octobre 1998, et est enterré au cimetière du Montparnasse (12e division). 

Filmographie
Publications

Son parcours personnel a amené Paul Misraki à écrire de nombreux livres qui jalonnent sa recherche de spiritualité : phénomènes paranormaux, extra-terrestres, approfondissement de son catholicisme (il s'est converti en 1933). La liste ci-après n'est pas tout à fait complète :

  • La maison de mon père avec Jacqueline Chassang, 1941, Prix Montyon 1948 de l’Académie française
  • De la boue sur les yeux, Éditions Flammarion, 1955,
  • L'éclat du verre,
  • Les extraterrestres (sous le pseudonyme de Paul Thomas), Plon, 1962,
  • Pour comprendre Teilhard, essai qui fait encore autorité auprès de ceux qui étudient Teilhard de Chardin,
  • Les chemins de l'être, échange de lettres avec Vercors, Éditions Albin Michel, 1965,
  • Mort d'un PDG, Éditions MAME, 1972, réédité sous le titre Un PDG au paradis en 1992,
  • Des signes dans le ciel, Éditions Robert Laffont, 1968,
  • Plaidoyer pour l'extraordinaire, 1970, réédité sous le titre Les raisons de l'irrationnel, Éditions Robert Laffont, 1976, puis en 1985 sous le titre original,
  • L'expérience de l'après-vie, Éditions Robert Laffont, 1977,
  • Ouvre-moi ta porte, Éditions Robert Laffont, 1983,
  • Espérance, vous avez dit espérance ?, 1993

Il a traduit et préfacé le best-seller mondial La vie après la vie, de Raymond Moody, Éditions Robert Laffont, 1977, puis a préfacé Lumières nouvelles sur la vie après la vie de Raymond Moody aussi, Éditions Robert Laffont, 1978. 

Publié dans Métiers du Spectacle

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