Belmondo Jean-Paul

Publié le par Mémoires de Guerre

Jean-Paul Belmondo est un acteur et cascadeur français, né le 9 avril 1933 à Neuilly-sur-Seine et mort le 6 septembre 2021 à Paris 7e. Il a été également producteur de cinéma et directeur de théâtre.  Alternant dans les premières années de sa carrière des films populaires et d'Art et Essai avant de pencher nettement pour la première catégorie, sa gouaille de titi parisien et ses cascades sans doublure contribuent à en faire rapidement l'une des plus grandes vedettes du cinéma français. Champion incontesté du box-office au même titre que Louis de Funès et Alain Delon à la même époque, Jean-Paul Belmondo a attiré dans les salles, en cinquante ans de carrière, près de 160 millions de spectateurs ; entre 1969 et 1982, il a joué à quatre reprises dans les films les plus vus de l'année en France : Le Cerveau (1969), Peur sur la ville (1975), L'Animal (1977), L'As des as (1982), égalant le record de Fernandel et n'étant dépassé sur ce point que par Louis de Funès.

Il a tourné sous la direction de grands réalisateurs français, tels Alain Resnais, Louis Malle, Philippe de Broca, Henri Verneuil, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol, François Truffaut, Claude Sautet, Jean-Pierre Melville, Claude Lelouch, Jean-Paul Rappeneau, Georges Lautner ou encore Gérard Oury, ainsi qu'avec quelques réalisateurs étrangers comme Vittorio De Sica, Mauro Bolognini ou Peter Brook. Un grand nombre de ses films sont devenus des classiques du cinéma français, comme À bout de souffle (1960), Léon Morin, prêtre (1961), Un singe en hiver (1962), L'Homme de Rio (1964), Cent mille dollars au soleil (1964), Borsalino (1970), Le Casse (1971), Le Magnifique (1973) ou Le Professionnel (1981).

À partir du milieu des années 1980, ses films marquent le pas et attirent de moins en moins de spectateurs, tandis que la critique ne l'épargne pas. Il est moins présent au cinéma et se produit surtout au théâtre. Il obtient cependant en 1989 le César du meilleur acteur pour son rôle dans Itinéraire d'un enfant gâté, distinction qu'il refuse. Depuis le début des années 2000, des problèmes de santé l'ont contraint à se retirer du cinéma et des planches, si l'on excepte un film sorti en 2009. Pour l'ensemble de sa carrière, il reçoit une Palme d'honneur au cours du festival de Cannes 2011 puis, lors de la cérémonie des Césars 2017, un hommage lui est rendu en sa présence et le public lui fait une longue ovation debout. 

Belmondo Jean-Paul
Carrière

Fils du sculpteur Paul Belmondo et d'une mère artiste peintre, Jean-Paul Belmondo connaît une scolarité turbulente (école de la rue Henri-Barbusse, École alsacienne, lycée Louis-le-Grand), marquée par la découverte de la boxe, qu'il pratiquera longtemps en amateur. Tenté par la carrière d'acteur, il passe une audition peu concluante devant André Brunot. Après avoir débuté sur scène dès 1950 avec une tournée dans les hôpitaux de Paris (rôle du Prince de la Belle au bois dormant), il prépare le Conservatoire chez Raymond Girard et passe le concours d'entrée en 1951. Il en sortira le 1er juillet 1956, plébiscité par ses camarades de promotion contre le jury, qui ne lui décernera qu'un premier accessit pour Amour et piano de Feydeau et un second accessit pour les Fourberies de Scapin. 

Son ascension sera rapide, puisqu'en 1960 il devient du jour au lendemain une star grâce à son interprétation de Michel Poicard dans À bout de souffle, qui révèle en même temps au public le critique et cinéaste Jean-Luc Godard. Parmi ses apparitions à l'écran avant cette date charnière, deux titres sont à retenir : À double tour (C. Chabrol, 1959) où, par sa présence, il vole la vedette aux têtes d'affiche, et Classe tous risques (C. Sautet, 1960). Né avec la nouvelle vague, dont il est l'une des mascottes, Belmondo modifie l'image traditionnelle du jeune premier. Par son physique et par sa technique de jeu, il permet le mélange des genres. Il aborde la tragédie comme la comédie avec une désinvolture où se mêlent indissociablement le cynisme et la sincérité, composantes d'un certain nouveau romantisme, rose ou noir, qu'annonçait un Laurent Terzieff, dans les Tricheurs (M. Carné, 1958), où figurait déjà Belmondo.

Il semble d'ailleurs pouvoir tout jouer et il est sollicité pour collaborer, en France, mais aussi en Italie, avec des cinéastes alors aussi prestigieux qu'Alberto Lattuada (la Novice, 1960), Peter Brook (Moderato cantabile, id.), Mauro Bolognini (La viaccia, id.), Vittorio De Sica (La ciociara, id.), Philippe de Broca (Cartouche, 1961), Jean-Pierre Melville (Léon Morin, prêtre, id. ; le Doulos, 1963 ; l'Aîné des Ferchaux, id.), Louis Malle (le Voleur, 1967), François Truffaut (la Sirène du Mississippi, 1969). L'étendue de son registre est telle qu'on le compare alors à Humphrey Bogart, James Dean, James Cagney, Jean Gabin, Michel Simon ! Un physique unique qui met en cause les canons du charme et de la beauté, des rôles qui soulignent une fragilité existentielle contrastant avec une vitalité anarchique font de Belmondo une étoile unique, un acteur charismatique.

Mais, peu à peu, cette spontanéité créatrice sera cultivée trop systématiquement par l'acteur, qui paraît de plus en plus soucieux de n'en conserver que l'extériorité et de la figer en image de marque. Sa cote lui permet d'intervenir de plus en plus aux divers niveaux de la production des films, dont les artisans (scénaristes, dialoguistes, réalisateurs) sont choisis par affinités, et plus pour pérenniser des modèles ayant fait leurs preuves sur le public que pour explorer des voies nouvelles ou élargir son registre. Pierrot le Fou (J.-L. Godard, 1965) constitue, de ce point de vue, la dernière audace de l'acteur. Dix ans plus tard, l'échec de Stavisky (A. Resnais, 1974) semblera le conforter dans sa volonté de se tenir à l'écart de toute nouvelle entreprise expérimentale.

Son attitude sera parfois critiquée à cet égard et ses activités de producteur (Cerito films) comparées négativement à celles de son rival Alain Delon. Belmondo se veut vedette populaire et travaille régulièrement depuis 1964 avec des cinéastes (Philippe de Broca, Henri Verneuil, Georges Lautner) et des comédiens (la « bande à Bébel ») qui l'aident à broder les variantes d'un stéréotype, résultante souriante mais aseptisée des quelques rôles majeurs qui auront fait son personnage dans les premières années de sa carrière (Classe tous risques, Cartouche, le Voleur) : alternativement policier ou gangster, simultanément voyou, séducteur, anarchiste, redresseur de torts. Faux marginal, il incarne en réalité certaines valeurs simplistes et conservatrices d'ordre, de virilité agressive, voire de muflerie bon enfant, dont l'efficacité cathartique sur son public paraît peu contestable si l'on en juge par le succès de Docteur Popaul (C. Chabrol, 1970), le Magnifique (de Broca, 1973), l'Héritier (P. Labro, id.), Peur sur la ville (H. Verneuil, 1975), l'Animal (C. Zidi, 1977), Flic ou Voyou (G. Lautner, 1979), le Guignolo (1980), le Professionnel, (1981), L'As des as (G. Oury, 1982), Le Marginal (J. Deray, 1983), les Morfalous (H. Verneuil, 1984), Itinéraire d'un enfant gâté (C. Lelouch, 1988) ou les Misérables (1995). Auteur d'une autobiographie, Trente Ans et vingt-cinq films, Belmondo a été de 1963 à 1966 président du Syndicat des acteurs français. Renouant avec sa vocation première, il remonte sur les planches dans Kean (1987), Cyrano de Bergerac (1990), la Puce à l'oreille (1996). Il n’abandonne pas pour autant le cinéma et tourne notamment dans Une chance sur deux (P. Leconte, 1998), Peut-être (C. Klapisch, 1999), Amazone (de Broca, 2000), les Acteurs (B. Blier, 2000). Victime d’un accident vasculaire cérébral en 2001, il revient sur le grand écran huit ans plus tard dans le film de Francis Huster Un homme et son chien. 

Belmondo Jean-Paul
Mort, hommage national et inhumation

Jean-Paul Belmondo meurt le 6 septembre 2021 à son domicile situé au 39, quai d'Orsay dans le 7e arrondissement de Paris, à l'âge de 88 ans. Dans les heures qui suivent cette annonce, plusieurs personnalités du monde politique et du spectacle lui rendent un hommage. Le président de la République, Emmanuel Macron, rend hommage à l'acteur à travers ces mots : « Il restera à jamais le Magnifique. Jean-Paul Belmondo était un trésor national, tout en panache et en éclats de rire, le verbe haut et le corps leste, héros sublime et figure familière, infatigable casse-cou et magicien des mots. En lui, nous nous retrouvions tous. ». Le soir même de sa mort, plusieurs chaînes de télévision bouleversent leur programme afin de diffuser des films dans lesquels Jean-Paul Belmondo a joué au cours de sa carrière. Le lendemain, la mort de Jean-Paul Belmondo fait la une de la presse européenne et internationale.

Un hommage national lui est rendu le 9 septembre dans la cour des Invalides en présence de personnalités politiques et du monde du spectacle, et du président de la République, Emmanuel Macron, qui prononce son éloge funèbre. Quand son cercueil est repris pour se diriger aux Invalides, l'orchestre militaire interprète La Marseillaise et Chi Mai (thème du film Le Professionnel dans lequel Jean-Paul Belmondo a joué). Le soir même, son cercueil est exposé aux Invalides pour que le public puisse venir lui rendre hommage. Plus de 1 000 Français défilent devant le catafalque. Le lendemain, ses obsèques se déroulent à l'église Saint-Germain-des-Prés en présence des proches et de la famille. Après une multitude d'hommages et une cérémonie religieuse, le cercueil de Jean-Paul Belmondo est crématisé au cimetière du Père-Lachaise. 

Vie privée et familiale

Le 17 janvier 1959, dans le 14e arrondissement de Paris, il épouse Renée Constant, dite Élodie Constantin, sa compagne depuis plusieurs années. Le couple a trois enfants :

  • Patricia, (1953-1993) : script girl, elle meurt le 31 octobre 1993, dans l'incendie de son appartement parisien. Le soir-même, Jean-Paul Belmondo joue au théâtre Tailleur pour dames.
  • Florence (1960) qui a trois enfants : Annabelle (1988), Christopher (1993) et Nicolas (1997).
  • Paul (1963) qui a trois enfants : Alessandro (1991), Victor (1993) et Giacomo (1998).

Le couple se sépare en 1965 puis divorce officiellement en 1968. L'acteur vit une histoire d'amour de 1965 à 1972 avec Ursula Andress chez qui il vit à Los Angeles puis avec l'actrice italienne Laura Antonelli les huit années suivantes. Dans les années 1980, il est en couple avec l'actrice brésilienne Carlos Sotto Mayor. Le 29 décembre 2002, il épouse à la mairie du 6e arrondissement de Paris sa compagne Natty, une ancienne coco-girl de Stéphane Collaro qu'il a rencontrée en 1989 et qui partageait sa vie depuis treize ans. Michel Drucker est l'un des témoins de ce mariage. Parmi les invités, on peut citer Claude Lelouch, Francis Huster, Bernard-Henri Lévy, Robert Hossein, Jean Rochefort, Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Marielle. Le 13 août 2003, à 70 ans, Jean-Paul Belmondo est père pour la quatrième fois d'une petite fille, Stella.

Il se sépare en 2008 de sa femme Natty. Il vit ensuite avec Barbara Gandolfi, femme d'affaires belge et ex-mannequin, ayant notamment à son actif une participation à la version flamande de L'Île de la tentation ainsi que les couvertures de Playboy et de P Magazine. La vie privée de l'acteur et les activités de sa nouvelle compagne suscitent l'intérêt de certains médias et entraînent des tensions au sein de sa famille. Fin juin 2010, Barbara Gandolfi est accusée dans la presse de profiter de Jean-Paul Belmondo par abus de faiblesse et escroquerie. Le 1er octobre 2012, Jean-Paul Belmondo annonce qu’il se sépare de sa compagne Barbara Gandolfi. 

Belmondo Jean-Paul
Filmographie

Longs métrages

Courts métrages

  • 1956 : Molière de Norbert Tildian : La Merluche
  • 1958 : Charlotte et son jules (court métrage sorti en 1961)35 de Jean-Luc Godard : Jean
  • 1961 : Chasse aux vedettes de Camille Chatelot : apparition
  • 1974 : T'es fou Marcel... de Jean Rochefort (court-métrage) : Lui-même
  • 1980 : Balles de débutants d'Adolphe Drey : Lui-même
  • 1986 : Les pros de Florence Moncorgé-Gabin : Lui-même
Théâtre
  • 1950 : La Belle au bois dormant de Charles Perrault
  • 1950 : La Petite Hutte d'André Roussin, mise en scène Jean-Paul Belmondo et Guy Bedos
  • 1951 : Mon ami le cambrioleur d'André Haguet, mise en scène Jean-Paul Belmondo et Guy Bedos, tournée d'été
  • 1952 : Gloriana sera vengée de Jean Toury d'après Cyril Tourneur, mise en scène Jean Vernier, Théâtre de la Huchette
  • 1953 : Zamore de Georges Neveux, mise en scène André Barsacq, Théâtre de l'Atelier
  • 1953 : Médée de Jean Anouilh, mise en scène André Barsacq, Théâtre de l'Atelier
  • 1953 : La Jalousie du barbouillé de Molière et Le Mariage forcé de Molière et Lully, mise en scène Georges Le Roy, Théâtre du Conservatoire
  • 1953 : La Reine blanche de Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy, mise en scène Jean Meyer, Théâtre Michel
  • 1953 : La locandiera de Carlo Goldoni
  • 1954 : Les Boulingrin de Georges Courteline
  • 1954 : Le Malade imaginaire de Molière
  • 1954 : L'Avare de Molière
  • 1954 : Le commissaire est bon enfant de Georges Courteline, mise en scène Michel Galabru
  • 1954 : George Dandin ou le Mari confondu de Molière, mise en scène Michel Galabru
  • 1954 : Crinolines et guillotine d'Henry Monnier, mise en scène Christine Tsingos, Théâtre de la Gaîté-Montparnasse
  • 1954 : Andalousie opérette d'Albert Willemetz et Raymond Vincy, musique Francis Lopez, Théâtre de la Gaîté-Lyrique
  • 1954 : Les Précieuses ridicules de Molière, mise en scène Michel Galabru
  • 1954 : Le Médecin malgré lui de Molière, mise en scène Michel Galabru
  • 1954 : Les Plaideurs de Racine, mise en scène Georges Le Roy, Théâtre du Petit Marigny
  • 1954 : Port-Royal d'Henry de Montherlant, mise en scène Jean Meyer, Comédie-Française (élève du Conservatoire)
  • 1955 : Fantasio d'Alfred de Musset, mise en scène Julien Bertheau, Comédie-Française, élève du conservatoire
  • 1955 : L'Annonce faite à Marie de Paul Claudel, mise en scène Julien Bertheau, Comédie-Française, élève du conservatoire
  • 1956 : L'Hôtel du libre échange de Georges Feydeau, mise en scène Jean-Pierre Grédy, avec la Compagnie Grenier-Hussenot, Théâtre Marigny
  • 1957 : César et Cléopâtre de George Bernard Shaw, mise en scène Jean Le Poulain, Théâtre Sarah-Bernhardt
  • 1957 : La Mégère apprivoisée de William Shakespeare, mise en scène Georges Vitaly, Théâtre de l'Athénée
  • 1958 : Oscar de Claude Magnier, mise en scène Jacques Mauclair, Théâtre de l'Athénée
  • 1959 : Trésor party de Bernard Régnier d'après un roman de Wodehouse, mise en scène Christian-Gérard, Théâtre La Bruyère
  • 1987 : Kean de Jean-Paul Sartre d'après Alexandre Dumas, mise en scène Robert Hossein, Théâtre Marigny
  • 1990 : Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand, mise en scène Robert Hossein, Théâtre Marigny
  • 1993 : Tailleur pour dames de Georges Feydeau, mise en scène Bernard Murat, Théâtre de Paris
  • 1996 : La Puce à l'oreille de Georges Feydeau, mise en scène Bernard Murat, Théâtre des Variétés
  • 1997 : La Puce à l'oreille de Georges Feydeau, mise en scène Bernard Murat, Théâtre des Variétés
  • 1998 : Frédérick ou le boulevard du crime d'Éric-Emmanuel Schmitt, mise en scène Bernard Murat, Théâtre Marigny
  • 1999 : Frédérick ou le boulevard du crime d'Éric-Emmanuel Schmitt, mise en scène Bernard Murat, tournée
Télévision
  • 1959 : Les Trois Mousquetaires de Claude Barma (Téléfilm) : D'Artagnan
  • 2001 : L'Aîné des Ferchaux de Bernard Stora (Téléfilm) : Paul Ferchaux.

Documentaires

  • 1965 : Jean-Paul Belmondo, court métrage documentaire de Claude Lelouch
  • 1966 : La Bande à Bebel, court métrage documentaire de Charles Gérard : lui-même
  • 1967 : Portrait de Belmondo, court métrage documentaire de Charles Gérard : témoignages
  • 1986 : Les Pros, documentaire de Florence Moncorgé-Gabin : témoignages
  • 1990 : Ne m'oubliez pas : Hommage à Bernard Blier, documentaire de Mathias Ledoux : témoignages
  • 1993 : Chambre 12, Hôtel de Suède, téléfilm documentaire de Claude Ventura et Xavier Villetard : lui-même
  • 1996 : Belmondo, le magnifique, documentaire de Patrick Chammings : apparition
  • 2001 : Gabin, gueule d'amour, documentaire de Michel Viotte : témoignages
  • 2011 : Belmondo, itinéraire..., documentaire de Vincent Perrot et Jean-François Domenech : témoignages

Publié dans Acteurs et Actrices

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